Tout au long de de ces deux dernières années, je me suis particulièrement investie dans la défense des intérêts de l’audiovisuel extérieur. Formidable vitrine de la culture et de la langue française à travers le monde, l'AEFqui réunit France 24, Monte Carlo Doualya, RFI, et TV5Monde (chaîne partenaire) sort tout juste d’une crise qui aurait pu lui être fatale. Créée par Nicolas Sarkozy, qui a aussitôt nommé à sa tête, Alain de Pouzilhac, la nouvelle société AEF était censée porter haut « ce regard français sur le monde » auquel nous sommes attachés. Mais d’emblée, elle a accumulé les maladresses d’abord diplomatiques, puis stratégiques et économiques : déchirements, scandales à répétition, mépris des salariés, ont failli avoir raison de notre diplomatie audiovisuelle. Outre une guerre des chefs, l’AEF a également été victime de la volonté de son président de fusionner, en dépit du bon sens, les rédactions de France 24 et de RFI. Aussi la troisième radio internationale, écoutée par 40,5 millions de personnes dans le monde au moins une fois par semaine, a-t-elle été victime d’une véritable entreprise de démolition que je n’ai eu de cesse de dénoncer, notamment en ma qualité de rapporteure pour avis des crédits de l’audiovisuel extérieur.

Ce n’est qu’avec le changement de majorité que les errements dans la gestion de l'AEF ont pris fin. Dès juillet 2012, Alain de Pouzilhac démissionnait et la fusion entre France 24 et RFI était suspendue. Depuis, Marie-Christine Saragosse, ancienne directrice de TV5Monde, a été nommée à la présidence de la holding AEF et y mène une entreprise de reconstruction.

Dans les deux prochaines années de mon mandat je continuerai à suivre avec attention la situation à AEF, notamment en ma qualité de membre du conseil d’administration de la société, et en particulier à RFI où les stigmates de la gestion du précédent président sont encore très présents. A cet égard, je présente au sein de mon dernier rapport pour avis sur les crédits de l’action audiovisuel extérieur les 12 chantiers, que je considère comme prioritaires, pour que l’AEF tourne définitivement la page de l’ère Pouzilhac.

Aujourd’hui, l’audiovisuel extérieur de la France doit être pansé et repensé, une nouvelle politique doit émerger tant il est vital que la France conserve un outil médiatique pour renforcer son influence dans le monde par le rayonnement de sa pensée, de sa culture et de sa langue.

Ce rayonnement de la France à travers le monde s’exerce aussi grâce à son réseau culturel. Je veux parler ici des Alliances Françaises, associations de droit local, qui existent depuis plus d’un siècle pour certaines d’entre elles, et auxquelles je suis très attachée ainsi que des centres culturels et instituts français. L’Institut français, dont je suis membre du Conseil d’orientation stratégique, créé par la loi de juillet 2010, devait bouleverser notre réseau culturel avec la création d’un établissement public chargé de l’action culturelle extérieure. On peut regretter qu’il ait pris le statut d’EPIC consacrant par la même la libéralisation de la politique d’Etat et la marchandisation de la culture de « l’ère Sarkozy ». La fusion des services de coopération et d’action culturelle (SCAC) et des établissements à autonomie financière avait, elle, débuté dès janvier 2009 pour aboutir à la création d’une structure unique par pays, sous l’autorité d’un conseiller culturel qui est donc aussi le directeur de l’institut français du pays. Par ailleurs, et conformément à la loi de 2010, l’expérimentation sur trois ans du rattachement à l’institut Français de douze postes culturels à l’étranger a été mise en œuvre depuis le 1er janvier 2012. Elle vise à évaluer la plus-value d’une telle démarche, notamment en terme de cohérence de la stratégie culturelle et de facilité de pilotage. Un bilan sera tiré à l’occasion d’un rapport d’étape en mars 2013, le rapport final devant intervenir à l’automne de la même année.

Le droit de regard de l’Institut français sur la nomination et la carrière des personnels du réseau pourrait permettre une meilleure harmonie dans la gestion des ressources humaines. En effet, il est souvent reproché au réseau culturel de ne pas donner à tous les cadres de l’action culturelle qui s’orientent vers cette filière de perspectives de carrière suffisamment attrayantes. Plus généralement, il importe de veiller à ce que les agents ne pâtissent pas de ces évolutions. Notons que malheureusement, le problème des recrutés locaux reste entier. En tout état de cause, le ministre des Affaires étrangères a chargé le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères d’animer un groupe de travail destiné, notamment, à évaluer le coût du rattachement global des postes culturels à l’Institut français, dans un contexte de réduction des dépenses publiques.

Quel que soit l’avenir réservé à l’Institut français version 2010, je resterai vigilante quant à la qualité du réseau culturel de la France, comme de son audiovisuel extérieur, tous deux essentiels, non seulement pour renforcer son poids politique et économique, mais aussi pour promouvoir sa langue et faire partager les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de justice et de démocratie, dans un monde qui en a plus que jamais besoin.

Les articles relatifs à cette partie sont consultables ici