photo-edito.JPGJ’ai donc fait mon « apprentissage » de parlementaire dans l’opposition, à marche forcée même tant l’inflation législative était importante et la plupart des projets de loi présentés en urgence par le gouvernement de l’époque …

De l’opposition à la majorité


Depuis, en quelques mois, la droite est devenue minoritaire au Sénat, François Hollande a été élu Président de la République et l’Assemblée nationale a basculé à gauche, le Parti socialiste y détenant désormais la majorité absolue, y compris chez les Français de l’étranger.

Si tous ces évènements nous semblent évidents aujourd’hui, qui aurait parié à l’été 2011 qu’en quelques mois nous en serions là ?

Pourtant rien n’est dû au hasard. Certes le rejet des choix politiques de l’UMP et de la « méthode » brutale de Nicolas Sarkozy a fait se détourner d’eux bon nombre d’électeurs mais, depuis plusieurs années, était mise en place par la gauche une stratégie de reconquête qui a porté ses fruits.

Preuve que le système UMP était à bout de souffle, en septembre 2011 le Sénat bascula à gauche pour la première fois sous la Vème République, les Français de l’étranger ayant apporté leur pierre à l’édifice en élisant sénateurs Hélène Conway-Mouret, qui succédait à Monique Cerisier ben Guiga, et Jean-Yves Leconte qui donnait un siège supplémentaire à notre groupe d’élus socialistes. Avec Richard Yung nous étions donc désormais 4 sénateurs socialistes représentants les Français de l’étranger.

Juste après, en octobre, eurent lieu les primaires citoyennes organisées par le Parti socialiste, primaires d’abord moquées puis rapidement enviées qui connurent un succès populaire, au-delà de nos espérances. François Hollande, dont j’avais soutenu la candidature, a été désigné candidat du Parti socialiste et nous a menés à la belle victoire du mois de mai dernier. Pour la première fois, les Français de l’étranger ont été directement intégrés dans l’équipe de la campagne présidentielle : j’ai en effet été désignée responsable du pôle « Français de l’étranger » et j’ai, à ce titre, participé aux principales réunions organisées au siège de campagne. Parallèlement j’ai coordonné l’élaboration à plusieurs mains des propositions thématiques nous concernant, propositions dont il fallait s’assurer de la cohérence avant de les faire remonter au candidat. Mes collaborateurs parlementaires, très mobilisés et totalement investis, ont alors joué un rôle déterminant dans la réussite de ce projet.

Avec François Hollande et les Conseillers FdM lors de la campagne présidentielleC’était un moment exaltant durant lequel bon nombre de militants de la Fédération des Français de l'étranger du Parti socialiste, et aussi de Français du Monde-ADFE, se sont investis dans ce travail collectif : j’ai ainsi vu, lors de mes voyages, cette dynamique du changement et du rassemblement se créer dans nos communautés expatriées. Des femmes et des hommes en colère de voir leur multinationalité remise en cause, découragés d’assister impuissants au démantèlement des services publics à l’étranger, furieux d’être encore caricaturés et assimilés à des exilés fiscaux ou simplement des femmes et des hommes pénétrés d'idéal républicain, toutes et tous se sont rassemblés et ont mené une formidable campagne dans leur pays d'accueil.

Nos candidats aux élections législatives de juin ont tout naturellement trouvé leur place dans ce dispositif puisque leur campagne coïncidait avec celle de la présidentielle et nous n’avons pas ménagé nos efforts pour les soutenir. Le résultat, là aussi, a dépassé toutes les prévisions puisque 8 des 11 sièges en jeu pour les Français de l’étranger ont été gagnés par la gauche, dont 7 par le Parti socialiste. Au lendemain de ces élections, la gauche des Français de l’étranger n’a jamais été aussi bien représentée au parlement, le projet de la Fédération des Français de l’étranger du Parti socialiste ayant servi de colonne vertébrale aux propositions de campagne du candidat Hollande.

Enfin, non seulement les Français de l’étranger ont tenu toute leur place dans la campagne présidentielle, mais ils sont en plus entrés au gouvernement en la personne d’Hélène Conway-Mouret, Ministre déléguée aux Français de l’étranger.

A l'épreuve du pouvoir


« Je sais ce que beaucoup ressentent : des années et des années de blessure, de rupture, de brûlure, et il nous faudra réparer, redresser, rassembler. C'est ce que nous allons faire ensemble pendant 5 ans » déclarait François Hollande au soir de son élection, à la Bastille. Après 10 ans d’absence de la gauche au pouvoir les attentes sont à la hauteur des souffrances accumulées. Chacun pense alors que tout va changer, tout de suite. Dans tous les domaines, y compris dans le nôtre …

Passer de l’opposition à la majorité nous place face à nos responsabilités. C’est parfois compliqué pour nous, parlementaires, car notre logique de représentation se heurte à certains moments au principe de réalité du pouvoir, notamment celle des ajustements budgétaires en temps de crise.

A la tribuneNous l’avons bien ressenti dans les thématiques qui sont les nôtres : la question de la disparition brutale de la Prise En Charge (PEC) de la scolarité des enfants français, celle de la réforme des bourses scolaires à l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE), celle de la réforme de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE), pour ne citer que celles-ci, ont mis en évidence cette confrontation entre logique de pouvoir et logique de représentation : nous, élus et militants de gauche, ne sommes pas toujours dans le même temps politique que nos amis de l’exécutif et cela entraîne parfois de l’incompréhension voire de la frustration de part et d’autre.

Est-ce une raison pour remettre en cause notre solidarité avec le gouvernement ? Je ne le crois pas.

François Hollande a expliqué son projet politique pour la France, projet dont la cohérence s’inscrit dans la durée du quinquennat et non pas sur quelques mois. C’est cela le sens du changement qu’il souhaite établir d’une manière durable. Mais l’état dans lequel l’UMP a laissé notre pays, ajouté à un contexte international compliqué, nous oblige à être patients et à accepter parfois quelques sacrifices.

Un seul mandat : vous représenter


Solidarité avec l’exécutif, certes, mais sans mettre la mission que vous m’avez confiée dans ma poche. Ce compte rendu du second tiers de mon mandat en témoigne, notamment par toutes les actions que j’ai menées alors que l’inquiétude grandissait face aux récentes évolutions des dossiers sensibles (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger, Assemblée des Français de l’Etranger, Audiovisuel Extérieur de la France, entre autres).

Je n’oublie pas que vous, Français établis hors de France, êtes à la fois l’origine et le but de mon mandat : c’est pour cela que je me suis toujours efforcée de trouver un juste équilibre entre engagement politique et travail législatif d’un côté et travail d’interventions et de terrain de l’autre.

Avec Jean-Marc Ayrault, le député Pierre-Yves Le Borgn' et les Conseillers FdM d'AllemagneJ’ai relayé vos inquiétudes et vos attentes durant la campagne présidentielle et, depuis, je suis de près leur prise en compte, n’hésitant à rappeler à l’exécutif nos engagements et notre projet. Proposer, argumenter, convaincre, négocier des arbitrages, sans cesse revenir à la charge pour porter votre parole au plus haut niveau de l’Etat, voilà une part importante de mon quotidien à Paris afin que nos revendications spécifiques ne fassent pas les frais d’enjeux nationaux jugés plus importants.

C’est ainsi que vous trouverez présenté sur ce site l’ensemble de mon travail des années 2011 et 2012, regroupé par grands thèmes (Enseignement, Francophonie, Sujets sociétaux - Droits des femmes et des personnes LGBT, Français de l’étranger). Y figurent aussi l’intégralité de mes déplacements dans les communautés françaises à l’étranger ces deux dernières années, ainsi que l’ensemble de mon travail parlementaire et l’historique de mes activités lors des élections 2012.

Une chose est sûre : beaucoup reste à faire, à refaire même. Nous ne sommes qu’à l’aube du changement et toutes les énergies, toutes les volontés doivent être mobilisées pour que ce changement aille sereinement à son terme.

Mais je veillerai dans les années à venir à ce que les Français de l’étranger soient systématiquement associés à l’élaboration des projets de réforme les concernant et à ce que leur parole soit entendue, conformément au mandat pour lequel vous m’avez élue.

Vous pouvez compter sur moi : ma volonté politique et mon énergie restent intactes.