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Mon intervention sur le projet de loi pour la refondation de l’Ecole de la République

Le Sénat poursuivait aujourd’hui  l’examen du  projet de loi  pour la refondation de l’École de la République en présence du ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon. A cette occasion, je suis intervenue en séance. Au menu de mon intervention (voir ci-dessous) : l’importance du plurilinguisme et  l’enseignement français à l’étranger.

Monsieur le président, Monsieur le ministre, chers collègues,

« L’école est la France de demain », c’est ce que, M. le Ministre, vous rappeliez encore récemment.

Et c’est bien cette vision d’espérance qu’a souhaité donner le Président de la République, en plaçant la jeunesse et l’éducation au cœur de son action et en affirmant sa volonté de redonner à l’école de la République sa place prioritaire, perdue depuis de nombreuses années.

Je ne reviendrai pas sur les objectifs et les enjeux du texte, déjà développés par mes collègues et parfaitement soulignés par la rapporteure, Françoise Cartron.

Je souhaite cependant évoquer un sujet qui me tient à cœur: l’enseignement obligatoire d’une langue vivante dès le CP.

On nous répète à l’envi que les Français sont mauvais en langues étrangères. Et les derniers résultats de l’European Survey on language Competences, le confirment… Nous sommes face, à un problème préoccupant, mais surtout face à un formidable défi.

L’apprentissage des langues étrangères est non seulement, aujourd’hui, essentiel pour l’insertion professionnelle de la jeunesse, mais c’est aussi un outil important pour l’ouverture à l’altérité par l’appréhension d’une culture différente, d’un système de pensée différent.

Ce n’est pas aux deux millions de nos concitoyens qui résident à l’étranger que nous l’apprendrons : la maîtrise d’une autre langue et même, le plurilinguisme, constituent un indéniable enrichissement personnel et collectif. A cet égard, je me félicite de l’adoption, en Commission, d’un amendement visant à la valorisation du plurilinguisme à l’école, favorisant ainsi la préservation de la diversité linguistique et donc, par ricochet, la francophonie.

Dans ce cadre, et concernant la disposition adoptée par l’Assemblée nationale, pour favoriser les langues des pays avec lesquels se déploie une coopération régionale, la clause de réciprocité imposée aux pays partenaires est également bienvenue.

Mais la mise en œuvre de cette politique nécessite des moyens conséquents, notamment en termes de ressources humaines. Comme le rappelle la rapporteure, la formation initiale et continue en langue des enseignants du premier degré doit être repensée.

Et, au-delà, les échanges d’enseignants seraient très profitables. Le programme de mobilité internationale, Jules Verne, est un outil privilégié pour satisfaire cette demande : il ouvre aux enseignants titulaires du premier et du second degré la possibilité d’exercer dans un établissement étranger pendant une année. C’est une durée que certains établissements, satisfaits du système, jugent d’ailleurs trop courte.

Cette mobilité est, de surcroit, encouragée par l’alinéa 218 du rapport annexé présentant les objectifs de la politique d’éducation.

Je souhaite, maintenant, aborder le sujet de l’enseignement français à l’étranger.

Monsieur le ministre, votre ministère n’assure pas de co-tutelle sur l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger. C’est pourtant bien elle qui assure les missions de service public relatives à l’éducation en faveur des enfants français résidant hors de nos frontières. Chacun des établissements du réseau a bien reçu une homologation du ministère de l’Education nationale. Et ce sont 10 000 enseignants titulaires français qui sont actuellement détachés pour des missions d’enseignement à l’étranger. Je suis certaine que nous aurions tous à gagner à développer un plus grand partenariat entre le réseau à l’étranger et l’Education nationale.

D’autant plus que ce réseau de 480 établissements constitue un véritable laboratoire d’idées et d’expériences à l’égard de l’apprentissage des langues, bien sûr, mais pas uniquement. Je rentre d’un déplacement aux Etats-Unis et je peux témoigner de l’usage fantastique que font les enseignants des nouvelles technologies dans nos établissements homologués. J’ai, notamment, en mémoire un exercice permettant, grâce à l’utilisation de Twitter et à son nombre limité de caractères, de synthétiser des règles grammaticales. Les riches expériences de ces professeurs français, qui se sont frottés à d’autres cultures, représentent un atout incontestable pour l’Education nationale qui doit davantage en tirer profit.

Au regard de  ces éléments, la refondation de l’école peut, et doit, trouver plus nettement sa déclinaison  au sein du réseau des établissements français à l’étranger.

En conséquence, je regrette vivement que la mission de concertation et de réflexion actuellement en cours sur l’avenir de notre réseau à l’étranger, n’ait pas été intégrée aux travaux de réflexion qui ont abouti à ce projet de loi d’orientation et de programmation. Un certain nombre de dispositions peuvent pourtant figurer dans ce texte ou, pour le moins, dans le rapport qui y est annexé. Je pense notamment à l’équilibre des différentes missions dévolues à l’AEFE, à ses relations avec le MEN, ou encore aux moyens de parvenir à une véritable réussite éducative pour tous au sein d’un réseau certes d’excellence mais qui doit se garder de tout élitisme. C’est l’objet des amendements que je vous proposerai dans la suite de la discussion.

 

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