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Le recul de l’influence française dans l’économie mondiale n’est pas une fatalité

Notre influence sur la scène internationale évolue. Beaucoup soulignent la perte de vitesse de notre économie à l’international, mesurée notamment par la réduction de la part de nos exportations dans le commerce mondial, ou encore par le déclin des échanges avec nos partenaires privilégiés, notamment l’Afrique, au profit des émergents, principalement la Chine.

Ne nous arrêtons pas à ce constat. La donne mondiale a changé : à nous de nous y adapter, en s’appuyant sur nos atouts. La France dispose du troisième réseau diplomatique, grâce à ses 163 ambassades, ses 16 représentations permanentes auprès des grandes organisations internationales et ses 92 consulats. Son rayonnement culturel est certain, grâce aux 488 établissements de notre réseau d’enseignement à l’étranger, aux 96 instituts français, aux 445 Alliances françaises. Le français est la 9e langue au monde en termes de locuteurs, et la France le 4e pays d’accueil d’étudiants étrangers. Elle est aussi le 4e contributeur mondial de l’aide publique au développement. Enfin je n’oublie pas les 2,5 millions de Français établis hors de France, qui sont nos meilleurs ambassadeurs ! Le poids de la France sur la scène internationale reste conséquent, et sa parole entendue : la base d’une relance de notre diplomatie est bel et bien là.

De plus, au-delà de nos atouts diplomatiques, nous disposons d’atouts économiques, telles nos grandes entreprises reconnues dans des secteurs aussi essentiels que le pétrole (Total), les assurances (AXA), ou encore la grande distribution (Carrefour). Il faut que ces entreprises servent de chefs de file pour dynamiser le développement à l’étranger des PME. C’est d’ailleurs la vocation de la nouvelle direction dédiée aux entreprises, créée par Laurent Fabius, que d’encourager ce développement. Le ministre des Affaires étrangères veut adopter une stratégie unifiée et offensive, et « faire savoir aux entreprises qui ont une stratégie précise à l’export qu’il y a au Quai d’Orsay une offre gratuite de services pour elles ». 200 entreprises s’étaient manifestées en 2012 ; elles étaient 800 fin 2013.

Notre diplomatie économique doit d’abord se tourner vers l’Afrique. L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine a remis en décembre dernier à Pierre Moscovici un rapport formulant « 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France ». Il suggère notamment de faciliter la circulation des acteurs économiques entre la France et l’Afrique en révisant la politique française de visas. Il propose un engagement humain (par la relance de la coopération universitaire et de recherche) et financier (par le développement des infrastructures et des capacités de financement de l’économie africaine) renforcé par une mobilisation accrue de l’Union européenne. Il estime nécessaire la mise en place d’alliances industrielles franco-africaines dans des secteurs clés tels que l’agriculture et l’énergie, veut promouvoir l’économie responsable et l’engagement sociétal des entreprises, développer les flux d’investissements entre les deux partenaires. Enfin, une fondation publique-privée franco-africaine, symbole fort du « renouveau de la relation économique entre la France et l’Afrique », pourrait être créée.

Si le retour du dynamisme dans les relations commerciales avec l’Afrique est une priorité, les grands émergents sont également un enjeu majeur de notre diplomatie économique. Ce sont eux qui transforment la donne mondiale : la France a compris cela, en témoignent les visites de Jean-Marc Ayrault en Chine et de François Hollande au Brésil, l’essor de partenariats économiques, ou encore la création d’une mission d’information sur la Chine. La politique menée par le Quai d’Orsay pour développer les relations commerciales de la France offre à notre pays la possibilité de retrouver son influence économique et de compter à l’international.

Il faut se saisir de cette occasion, développer nos entreprises hors du territoire, tisser des liens économiques dans le monde. Ce travail a déjà débuté, comme en attestent les chiffres de l’expatriation. Il faut qu’il se poursuive.

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