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Pourquoi j’approuve le programme de responsabilité et de solidarité

Hier soir, les Sénateurs ont débattu du programme de responsabilité et de solidarité pour 2014-2017, autour d’une déclaration du Gouvernement, après que l’Assemblée a voté, plus tôt dans l’après-midi, cette déclaration.

J’étais bien sûr en séance et, même si aucun vote des sénateurs n’était prévu, j’approuve ce programme. Je l’approuve le cœur pas tout à fait léger, je le reconnais volontiers. Mais je l’approuve assurément conformément à mes engagements.

Depuis bientôt deux ans, le gouvernement et sa majorité parlementaire agissent pour mettre en œuvre le programme de François Hollande. Légitimement nous sommes jugés sur notre capacité à mener les réformes indispensables, à obtenir des résultats, sur l’emploi, sur le niveau de vie, conformément aux principales attentes des Français.

Ce sont ces deux objectifs que poursuit le pacte de responsabilité et de solidarité. Mais comment remplir ces objectifs si nous ne disposons pas des indispensables marges de manœuvre?

La titanesque dette de l’Etat, qui a atteint 90% de notre PIB en 2012, nous coûte chaque année quelques 45 milliards d’euros. Ce n’est rien de moins que presque le premier poste de dépense de l’Etat.

Bien sûr, nous pourrions « continuer comme avant », faire l’autruche, creuser la dette et, en réalité, aboutir à ce que tout effort consenti ne serve qu’à remplir le tonneau des Danaïdes. Je me refuse à faire payer à nos enfants l’addition, qui augmente de façon exponentielle. Et même à leur faire payer doublement, leurs efforts étant mécaniquement engloutis par le paiement des intérêts, qui seront toujours plus importants et que l’on nous fera payer toujours plus cher. La réduction de notre déficit public est absolument nécessaire. Elle est indispensable à la survie de notre modèle social, sans doute un des plus généreux au monde, à la survie de cet Etat providence dont nous sommes si fiers.

Elle est aussi indispensable à notre indépendance et à notre influence pour justement poursuivre notre œuvre de réorientation des politiques européennes et lutter contre les « vraies » politiques d’austérité, telles que pratiquées par nos voisins européens et telles que souhaite nous les imposer cette Europe majoritairement libérale que nous avons la possibilité de faire basculer dans quelques semaines.

Ce constat posé, et partagé par la plupart d’entre nous, que faire ?

Le redressement de nos comptes ne peut plus passer par une hausse des impôts. Nos électeurs nous l’ont fait comprendre, avec raison. L’alternative est donc de réduire la dépense. Mais pas à n’importe quel prix. Ces économies doivent être calibrées au plus juste, parce que ce redressement serait inacceptable s’il n’allait pas de pair avec la justice sociale.

Je me félicite donc du dialogue entretenu par le premier Ministre avec les parlementaires ces derniers jours. Les 50 milliards d’économies réparties entre l’Etat, les collectivités territoriales et l’Assurance maladie préservent les domaines sanctuarisés que sont l’éducation, l’innovation, la sécurité, la justice ou encore la réindustrialisation. Mais notre priorité est aussi, et surtout, de protéger les plus faibles. Manuel Valls a entendu la parole des parlementaires, quant aux petites retraites, à l’indexation sur les prix des minimas sociaux, à la revalorisation du RSA conformément au plan pauvreté, ou encore à la clause de revoyure appliquée au gel du point d’indice des fonctionnaires.

Bien sûr, peut-être le geste aurait-il pu être encore plus ample. Mais la ligne de crête où nous évoluons est étroite, le chemin périlleux et le faux-pas de l’un ou de l’autre côté peut être fatal.

Oui, le dialogue entre gouvernement et Parlement est essentiel, légitime et fructueux. Il doit se poursuivre, notamment lors de la déclinaison pratique de ces orientations au moment de la loi de finances rectificative de juin et des lois de finances de l’automne et aussi à l’occasion des réformes structurelles qui devront encore être précisées et amplifiées.

Mais non, nous ne pouvons faire l’économie de la cohésion de notre majorité et de la confiance partagée. Nos paroles doivent êtres celles de la vérité et nos actes ceux du courage assumé. Et il n’y a ni langage de vérité ni acte de courage à défier constamment l’exécutif tout en espérant, pourtant, que suffisamment de parlementaires de la majorité, « plus lâches ou plus traîtres » approuvent ce programme, afin de ne pas mettre en péril le gouvernement!

« Il ne suffit pas d’avoir raison, il faut aussi se le faire pardonner » – Proverbe Chinois

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