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« Nous, médecins, voulons partout dans le monde que l’avortement soit libre » – le manifeste des 420

17521-Stylist-39-Page-055Il y a 43 ans, était publié par le Nouvel observateur le « manifeste des 343 salopes », ces 343 Françaises qui ont eu le courage de dire haut et fort, qu’elles avaient avorté. Deux ans plus tard, 330 médecins reconnaissaient avoir pratiqué des avortement dans les colonnes du même journal. Le 17 janvier 1975, la loi Veil légalisait, en France, l’interdiction volontaire de grossesse. Depuis le 5 août dernier, les femmes n’ont plus à justifier d’une situation de détresse pour avorter, bien que plus de 60 sénateurs UMP aient saisi le Conseil Constitutionnel pour faire annuler cette disposition de la loi sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Rappelons aussi qu’en moins de dix ans, 5 % des établissements publics et 48 % des établissements privés pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ont fermé. En France, près de 40 ans après sa légalisation, beaucoup pensent donc encore, que l’IVG est davantage une concession faite aux femmes qu’un droit à part entière!

En Europe, ce droit n’est d’ailleurs pas davantage garanti. Bien plus, plusieurs pays, comme l’Irlande, la Pologne, Malte ou Chypre ne l’admettent pas ou le restreignent vivement. Et même nos voisins espagnols ont dû, sans relâche, descendre dans la rue pendant de longs mois pour que le gouvernement de droite renonce à son projet de loi limitant de façon drastique le recours à l’IVG.

Que dire de la situation dans la plupart des pays du monde: leurs législations nationales demeurent extrêmement restrictives: la majorité des gouvernants s’opposent idéologiquement à tout droit à l’avortement et ferment les yeux sur les problèmes de santé publique que posent les avortements clandestins.

Pourtant, 50 000 femmes meurent chaque année à la suite d’avortements clandestins, 5 millions souffrent d’invalidités à la suite de complications intervenues lors de ces avortements, une fille sur quatre, dans certains pays d’Afrique , quittent l’école à cause d’une grossesse précoce

A quelques jours de l’ouverture de la session spéciale organisée lors de l’Assemblée générale des Nations unies en vue de célébrer les 20 ans de la conférence du Caire (Conférence internationale sur la population et le Développement de 1994 soulignant l’importance de la santé et des droits sexuels et reproductifs pour l’autonomie des femmes et des filles) Médecins du monde et à leurs côtés d’autres associations, comme le planning Familial, ont décidé de mener une campagne de plaidoyer sur la nécessité d’un meilleur accès à la contraception et à l’avortement sûr et légal dans le monde.

Un nouveau manifeste est publié dans le Nouvel observateur afin de rappeler à la France et aux autres pays, face à la montée en puissance de groupes conservateurs, qu’ils doivent réaffirmer avec force leur engagement à défendre le droit des femmes à décider librement d’avoir ou non des enfants et d’adopter une position ferme en faveur de l’accès à la contraception et à l’avortement sûr et légal.

Je salue cette initiative et souhaite que la France assure, à l’international, ce rôle moteur de promotion des droits et de la santé en matière de sexualité et de reproduction en portant le débat sur l’avortement à l’ONU.

Lire le manifeste des 420 médecins à travers le monde pour que « chaque femme, chaque jeune fille ait le droit d’avoir ou non des enfants » ci-dessous et retrouver la liste des signataires ici.
Regarder la vidéo  « Names not Numbers »  – « des noms, pas des chiffres » et envoyer ici une carte-pétition  au secrétaire général des Nations Unis Ban Ki-moon.

Le manifeste des 420

  • Toutes les dix minutes, une femme meurt des suites d’un avortement à risque.
  • Chaque année à travers le monde, plus de 20 millions de femmes interrompent leur grossesse dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées. Ces avortements à risque entraînent le décès de près de 50.000 femmes, tandis que 8 millions d’autres souffrent d’invalidités temporaires ou permanentes.
  • Interdire l’avortement ne produit aucun effet dissuasif sur le recours à l’IVG, comme le rappelle régulièrement l’Organisation mondiale de la Santé.
  • Parce qu’en tant que médecins nous connaissons, pour y être directement confrontés, les dangers et complications graves auxquels sont exposées ces millions de femmes, nous demandons un accès universel à la contraception et à l’avortement sûr et légal.
  • Nous nous mobilisons aujourd’hui pour que chaque femme, chaque jeune fille ait le droit d’avoir ou non des enfants, sans risquer sa propre vie.
  • Le 22 septembre prochain, à New York, lors de l’assemblée générale des Nations unies, une session extraordinaire est organisée sur le suivi du programme d’action décidé il y a vingt ans au Caire, tournant décisif dans la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs.
  • A cette occasion, nous demandons à tous les Etats de prendre les mesures nécessaires pour éliminer les barrières qui empêchent les femmes de décider librement d’avoir ou non un enfant. Il faut améliorer l’accès aux méthodes modernes de contraception afin de prévenir les grossesses non désirées et légaliser l’accès à l’interruption volontaire de grossesse médicalisée.
  • Nous, médecins, comme nos 330 confrères français en 1973, voulons partout dans le monde que la contraception soit à la portée de tous et que l’avortement soit libre, la décision appartenant entièrement à la femme. »

 

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