Dimanche 30 novembre, à Dakar, la canadienne d’origine haïtienne, Michaëlle Jean a été nommée, après de longues discussions, secrétaire générale de l’organisation internationale de la Francophonie. Il s’agit d’une double révolution : Michaëlle Jean est, en effet, la première femme mais également la première personnalité non africaine à être désignée au poste de secrétaire générale de l’OIF.
Pour succéder à Abdou Diouf, secrétaire général de l’organisation internationale de la Francophonie de 2003 à 2014, cette double révolution était nécessaire, tant l’ancien président du Sénégal aura apporté à la Francophonie et contribué à faire de l’OIF un « Petit ONU » comme l’a indiqué récemment François Hollande lors de son allocution devant la communauté française du Sénégal. Il est vrai que l’OIF rassemble plus du tiers des membres des Nations Unies, ce qui est significatif.
Le premier entretien donné par Michaëlle Jean a, en revanche, déjà suscité la polémique car la nouvelle secrétaire générale de l’organisation internationale de la Francophonie a eu le tort de répondre à une question d’un journaliste en français puis en anglais…Si la promotion de la langue française doit être l’une sinon la priorité de l’OIF, je me refuse à tomber dans une « défense de la francophonie par la peur » comme c’est malheureusement encore trop souvent le cas. Il faudra s’y faire, Michaëlle Jean est bilingue, a grandi en Haïti, vécu au Canada et est mariée avec un célèbre cinéaste québécois d’origine française. Son multiculturalisme est une force pour la Francophonie.
Au cours de son mandat, Michaëlle Jean devra répondre à différents enjeux. La démocratie, tout d’abord, car les récents événements survenus au Burkina Faso montrent que la jeunesse des pays francophones sait se faire entendre et qu’à l’avenir elle n’acceptera plus, par exemple, que des chefs d’État modifient la constitution pour rester au pouvoir. L’économie, aussi, car l’espace francophone est un formidable atout qui doit donner naissance à une véritable communauté économique. L’éducation, bien entendu, car la jeunesse de la population des pays francophones notamment en Afrique rend l’éducation et l’éducation des jeunes filles en particulier encore plus indispensable.
Je suis convaincue que Michaëlle Jean saura répondre à tous ces enjeux et que, par son enthousiasme et sa personnalité, elle redonnera un nouvel élan à la Francophonie.