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Interview sur la place des femmes en politique

A l’occasion de mon déplacement au Cambodge, j’ai été interviewé par  Thibault Bourru de Lepetitjournal. A la veille du 8 mars, l’interview a porté sur la place des femmes et plus particulièrement dans la vie politique.

Vous pouvez retrouver cet article en ligne ici.

Claudine Lepage, présidente de Français du Monde (ADFE) et sénatrice des Français de l’étranger, était de passage à Siem Reap pour rencontrer les membres du bureau ADFE au Cambodge. L’occasion pour nous de l’interroger sur sa vie de femme politique, en cette semaine de la femme. 

lepetitjournal.com/Cambodge : Au vu de votre expérience, qu’est-ce qu’implique le fait d’être une femme en politique ? Il y a une évolution certaine depuis plusieurs années, comment la caractériseriez-vous, comment l’évaluez-vous ? Est-ce suffisant ?

Claudine Lepage : Une femme qui se lance en politique doit être très disponible, c’est une activité 7 jours sur 7 avec des horaires qui ne sont pas toujours compatibles avec une vie de famille classique. C’est encore plus vrai lorsque nous représentons les Français établis hors de France puisqu’en plus du travail à Paris, il faut aller voir les communautés françaises, visiter les lycées, les Alliances françaises, les Instituts français, les Chambres de Commerce, etc. Parfois à l’autre bout du monde. C’est certes extrêmement enrichissant sur un plan personnel, mais chronophage.

On peut constater une évolution positive, d’abord il y a davantage de femmes élues grâce notamment à la loi sur la parité. Ensuite, des femmes plus jeunes se lancent en politique, ce qui présuppose un soutien et une organisation familiale efficaces dès lors que l’on a des enfants. Mais cela correspond mieux à la société.

Ce sera suffisant, lorsqu’on aura atteint le même nombre de femmes élues que d’hommes.

Vous avez fait plusieurs déplacements au Cambodge, quelle est votre vision sur la place de la femme au Royaume ? Voyez-vous des évolutions depuis, par exemple, la première fois que vous êtes venue ici ? Aussi bien dans vos contacts quotidiens, que dans les instances dirigeantes que vous pouvez côtoyer ?

Je suis venue au Cambodge pour la première fois il y a deux ans seulement, il me sera difficile de voir une évolution. J’ai rencontré par le biais de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie des femmes parlementaires, extrêmement intéressantes, j’ai rencontré des femmes fascinantes, membres de la famille royale.

Mais je sais aussi que les usines textiles autour de Phnom Penh tournent avec 80% de femmes ouvrières et que le Cambodge est une société rurale, traditionnelle où le travail domestique pour des familles nombreuses, est entièrement effectué par les femmes. J’aimerais mentionner le travail d’ONG qui œuvrent pour l’amélioration de la condition féminine telle Sipar qui en installant des bibliothèques notamment dans les usines textiles, promeut l’information et la formation des femmes. Un autre exemple est Sala Bai qui lutte pour la formation des jeunes filles dans le secteur hôtelier. La promotion des femmes dans la société passe au Cambodge comme dans tous les pays du monde par l’éducation des petites filles et des femmes.

Quelles sont les recommandations que vous pourriez faire aux femmes qui veulent se lancer dans une carrière politique ? 

Il est toujours difficile de donner des conseils ! Mais si on s’intéresse à la vie publique, il faut suivre son intuition, ne pas se laisser décourager par les conseils « bien intentionnés » des uns ou des autres. Il faut se disperser le moins possible et aujourd’hui il me semble indispensable de se spécialiser en s’appuyant notamment sur l’expérience acquise au cours de sa vie professionnelle, nous n’en seront que plus crédibles. Et il faut bien s’entourer !

Avez-vous, lors de vos déplacements au Cambodge, été marquée par certaines femmes cambodgiennes ? Des têtes d’affiches qui vous auraient peut-être inspirée ?

Spontanément me viennent à l’esprit deux exemples très différents.

Lors de ma première visite à Siem Reap avec le Bureau de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, nous avons visité avec une guide quelques temples du site d’Angkor. Cette femme nous a bien sûr expliqué, très bien, ce que nous voyions mais sur le chemin du retour, elle nous a parlé de la vie quotidienne, de son histoire et j’ai ressenti beaucoup de respect pour le courage et la ténacité de cette femme et de cette génération qui a connu l’occupation des Khmers rouges, beaucoup d’instabilité dans le pays, une vie très pauvre et qui malgré tout se montrait relativement optimiste.

Ensuite j’ai rencontré lors de ma dernière visite la princesse Norodom Buppha Devi qui fut danseuse étoile du Ballet Royal jusqu’au coup d’état de 1970. Elle connut l’exil, d’abord à Pékin puis en France après l’arrivée des Khmers rouges. Depuis son retour au Cambodge en 1991, elle a contribué à sauver la tradition du Ballet Royal. Après avoir été ministre de la Culture et des Beaux Arts jusqu’en 2004, elle est aujourd’hui encore chorégraphe et directrice du Ballet Royal et prépare une tournée en France. Habitée par une passion, celle du Ballet et de la tradition khmère, elle déploie toujours une grande énergie !

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