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Malgré des discours ambitieux, une francophonie fragilisée

A l’occasion de la semaine de la langue française et de la Francophonie, il convient de faire un point sur la politique francophone menée par le gouvernement. Force est de constater qu’un an après le discours ambitieux prononcé à l’Institut de France par Emmanuel Macron, peu d’avancées sont à noter.

J’estime même que la politique menée par le gouvernement a conduit à fragiliser l’espace francophone.  Je pense tout d’abord à la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers qui touche en premier lieu les étudiants francophones. Si les conséquences définitives de cette hausse ne sont pas encore connues, les premiers chiffres de Campus France témoignent d’une baisse notable du nombre d’étudiants préinscrits par rapport à l’an dernier, notamment en  Tunisie (-16 %).

Outre l’aspect purement mathématique, cette décision a provoqué un vaste émoi dans l’ensemble des pays francophones et a soulevé l’inquiétude des futurs étudiants et de leurs familles que ce soit en Afrique francophone, au Liban ou au Vietnam.

Malgré l’opposition de l’ensemble de la communauté universitaire et de nombreux partis politiques – le groupe socialiste du Sénat a demandé un moratoire sur cette question– la ministre de l’enseignement supérieur ne semble pas vouloir revenir sur cette hausse dont les conséquences risquent d’être à court et moyen terme dévastateur pour le monde francophone.

Ensuite, la fragilisation du réseau AEFE par les restrictions budgétaires, par la réduction du nombre des détachements des enseignants ou par la volonté de doubler le nombre d’élèves à coups constants contribue également à fragiliser la francophonie. En effet, ce réseau qui accueille également des élèves de nationalités étrangères (60 % des effectifs) est un formidable outil de rayonnement et participe à l’image, à la présence et à l’influence de la langue française dans le monde

Enfin, la nomination de l’ancienne ministre des affaires étrangères du Rwanda Madame Louise Mushikiwabo  à la tête de l’OIF avec le soutien de la France est également un mauvais signal envoyé au monde francophone. En effet, sa nomination  pose naturellement question puisque le Rwanda a rejoint le Commonwealth et a remplacé le français par l’anglais en tant que langue obligatoire à l’école.

Tous ces choix politiques, pris en l’espace d’un an, affaiblissent le monde francophone qui doit de plus faire face à la concurrence forte d’autres entités ou états comme la Chine. Si l’on souhaite atteindre le chiffre de 750 millions de locuteurs francophone en 2050, l’ambition francophone du Président de la République devra passer par des actes forts et en premier lieu par l’abandon de la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers.

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