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Table ronde de la délégation aux droits des femmes du Sénat sur les enjeux du prochain G7

Le jeudi 20 juin 2019 s’est tenue au Sénat une réunion organisée par la délégation aux droits des femmes accueillant différentes associations et ONG spécialisées telles que CareFrance, Mouvement du Nid, Equilibres et Populations, Regards de Femmes ainsi qu’Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France. Leurs interventions ont permis de partager leurs attentes en vue du G7 et de revenir sur les travaux effectués lors du W7 qui s’est tenu le 9 et le 10 mai 2019.

Les inégalités femmes/hommes dans le monde aujourd’hui peuvent être abordées sous plusieurs angles : les différences salariales, les violences faites aux femmes, la place des femmes dans les processus décisionnels… De nombreuses avancées restent à être engagées. Selon les statistiques de la Banque mondiale, plus d’un milliard de femmes dans le monde ne seraient pas déclarées et ne possèderaient donc pas de personnalité juridique. Comme l’a rappelé Michèle Vianès, présidente de l’ONG Regards de femmes, ces femmes sans identité juridique ne peuvent pas obtenir de passeport, de droits aux soins, d’accès à l’éducation, de compte en banque et jouir de nombreux autres droits et services. Elle a aussi abordé le fait que de nombreuses filles en Afrique tombent enceinte de plus en plus tôt et ne peuvent plus être scolarisées, au contraire des jeunes garçons qui peuvent poursuivre leur éducation. Ces problématiques ne sont pas anecdotiques dans les pays les plus défavorisés, comme le relèguent de nombreux pays africains, mais de vrais enjeux auxquels ils veulent apporter des solutions.

Mandat a été donné au Conseil consultatif d’identifier des mesures législatives œuvrant pour les droits des femmes.  Une cinquantaine de mesures législatives  seront proposées aux leaders des 7 pays les plus puissants du monde économiquement pour créer un dynamisme nécessaire dans la lutte des inégalités entre les femmes et les hommes. Afin de bien préparer ce sommet, le W7 s’est réuni les 9 et 10 mai afin de s’entendre sur les revendications à porter auprès des leaders respectifs. Créé il y a 2 ans, le W7 permet, au même titre que le Conseil consultatif (dont la deuxième édition a lieu cette année), d’inscrire dans un cadre officiel les problématiques d’inégalités de genre. Pour que le G7 soit vraiment féministe, il faudrait parvenir à ce que des allocations de ressources massives soient distribuées en direction des organismes féministes et que les politiques publiques soient construites en prenant en compte la divergence des intérêts des hommes et des femmes. Il est donc important que des femmes soient associées aux décisions politiques. Les perspectives féministes peuvent vraiment renouveler le regard politique à un moment où il est important de trouver des alternatives.  Le Women 7 plaide pour qu’un de ses représentants puisse échanger avec les chefs d’Etats afin de passer directement les messages importants sans l’intervention de multiples intermédiaires, qui risque d’atténuer la force du dit message.

L’organisation du G7 en France est une opportunité formidable d’agir concrètement financièrement et politiquement  dans un pays qui se veut précurseur de la lutte des inégalités femmes/hommes. Les ONG souhaitent d’autant plus se saisir de cette opportunité que l’organisation du G7 en 2020 incombera aux Etats-Unis et que l’Arabie Saoudite présidera le G20 la même année. On espère néanmoins que les discussions permettront de travailler dans la continuité des travaux entrepris jusqu’ici.

L’attente principale des ONG pour le futur G7 est donc clair : il est primordial d’inscrire l’égalité femmes/hommes dans l’agenda du G7 et de créer un dynamisme non pas seulement via des symboles mais par des actes majeurs.

Le G7 organisé par la France n’est pas vu comme un aboutissement pour les ONG et la délégation aux droits des femmes mais comme une étape supplémentaire au long processus d’implantation de l‘égalité de genre dans l’agenda international.  Les mots ne doivent pas restés vides de sens, au même titre que les lois. Comme je l’ai rappelé, l’élaboration de lois est fondamentale mais leur mise en œuvre est d’autant plus importante. Elaborer une loi sans y ajouter les moyens pour l’appliquer lui enlève toute efficacité. La loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel en est l’exemple. Elle n’est que trop faiblement suivie en matière de ressources ce qui ne permet pas une application idéale.

Suite au G7, de nouvelles manifestations seront organisées afin d’aborder les problématiques citées précédemment ; à l’occasion des 25 ans de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995 sera organisé Pékin+25, l’ONU organisera une réunion à Genève soutenu par le W7 et une nouvelle réunion de la délégation aux droits des femmes sera organisée pour aborder les viols de guerre et le rôle des femmes dans les zones de conflit conformément à l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité ».

Le G7 doit répondre aux ambitions annoncées par la France et les pays membres. Ils doivent, au-delà de leur volonté politique et des grands discours, mettre en place les ressources nécessaires pour inscrire la lutte contre les inégalités femmes/hommes définitivement à l’ordre du jour international.

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