Qui diable ose accuser l’UMP de vouloir profiter du prochain débat sur l’islam pour séduire l’électorat d’extrême droite en vue des présidentielles de 2012 ? Jean François Copé – de retour de sa croisade contre les femmes en burqua – nous a pourtant assurés, avec la bonne foi qui le caractérise, que le débat à venir ne déraperait pas. N’en déplaise aux nostalgiques des « Auvergnats » de Brice Hortefeux ou encore des « jeunes musulmans qui parlent verlan et portent leur casquette à l’envers » de Nadine Morano, l’UMP est aujourd’hui pleine de bonnes intentions et ne veut qu’une chose : répondre aux préoccupations des Français qui, dans leur immense majorité, souhaitent parler d’islam.
En effet, quel est l’inconscient qui s’aventurerait à affirmer qu’à l’heure où une crise économique sans précédent emporte sur son passage les emplois de milliers de Français, qu’à l’heure où le monde de la justice descend dans la rue hurler sa colère face aux tentatives de déstabilisation d’un Président censé être le garant de son indépendance, qu’à l’heure où l’école de la République agonise sous les coups portés par le pouvoir contre son corps enseignant, qu’à l’heure où la diplomatie française refuse d’être ridiculisée plus longtemps par l’amateurisme de N. Sarkozy et publie contre lui une tribune au vitriol sur le site internet d’un journal national, le pays France aspire à autre chose qu’à un débat sur l’islam ? Quel est le fou qui oserait affirmer que les Français s’intéressent plus à la montée du chômage, au coût de la vie qui augmente, aux difficultés qu’ils rencontrent pour se loger, à la formation de leurs enfants qu’à un débat aux relents xénophobes sur la religion musulmane? Un affreux gauchiste certainement. En tout cas, pas un membre de l’UMP. Ces gens là sont bien trop responsables pour distraire l’opinion avec des sujets de moindre importance.
Alors, puisque la droite a le sens des priorités et qu’elle a décrété qu’il fallait désormais parler d’islam, en France, dans les prochains mois, on parlera d’islam. La « préférence nationale » ira naturellement vers l’islam des faits divers, celui des drames, celui des barbus polygames et violents, celui des femmes voilées soumises et silencieuses, celui qui rejette la laïcité, qui rejette nos valeurs, celui qui, finalement, rejette la France. En effet, n’est-ce pas de cet islam là qu’il s’agira, de ces musulmans que l’on ne rencontre quasiment jamais mais dont on est sûrs qu’ils existent et qu’ils sont nombreux tant la droite française et les médias en parlent ? « Les musulmans sont »… « Les musulmans font » … « Les musulmans pensent »… Il est quand même amusant de constater que le parti qui se fait depuis plusieurs années le chantre de la lutte contre le communautarisme en France est entre temps devenu une véritable machine à en fabriquer. Le nombre de postulats et de conclusions que l’UMP est capable de tirer sur plus de cinq millions de personnes en France n’ayant, à priori, rien d’autre en commun qu’une confession, est à cet égard édifiant. Véritable schizophrénie d’un pouvoir capable de s’adresser au « jeune musulman de France » et jurer ne jamais chercher à le stigmatiser.
S’il faut dénoncer l’instrumentalisation politique du débat sur l’islam, prenons le temps également de souligner son absurdité ! C’est au nom même de l’idéal républicain que l’UMP est en train de détruire les fondements de la laïcité française en enfermant, à travers des discours nauséabonds, des millions de personnes dans une catégorie religieuse définie arbitrairement, faisant au passage le jeu d’une Marine le Pen certainement reconnaissante puisqu’elle n’a jamais été aussi haut dans les sondages. Rien n’est donc trop beau pour reconquérir l’Elysée en 2012 ! L’aile droite de l’UMP et les électeurs du Front national sont des soutiens précieux qu’un Nicolas Sarkozy de plus en plus impopulaire ne peut pas se permettre de perdre.
Finalement, si l’islam n’existait pas, soyez-en certains , l’UMP l’inventerait !
Voir à ce sujet la saine colère de Robert Badinter sur France Inter.
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