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RFI, enquête IGF : l’intersyndicale demande démission Pouzilhac et va devant le tribunal de commerce

Par Marie-Dominique FOLLAIN et Guillaume KLEIN

PARIS, 8 mars 2011 (AFP) – Minée depuis plusieurs mois par une « guerre des chefs » et confrontée à des difficultés financières, l’Audiovisuel extérieur de la France, qui chapeaute notamment France 24 et RFI, va désormais faire l’objet d’une enquête sur ses comptes, à la demande de Matignon.

Le directeur du cabinet de François Fillon, Jean-Paul Faugère, a informé mardi le Pdg de l’AEF, Alain de Pouzilhac, que l’Inspection générale des finances (IGF) allait procéder à l’analyse de la situation financière du groupe, à la suite d’une demande de rallonge budgétaire auprès de l’Etat.

Dans un courrier adressé au patron de l’AEF, M. Faugère évoque l’existence d’une lettre de M. de Pouzilhac, dans laquelle celui-ci exprime son souhait de présenter « un plan d’affaires révisé 2010-13 » afin notamment « de résorber l’impasse budgétaire dans laquelle se trouve l’AEF ». Or, ce nouveau plan -qui sollicite une hausse de la contribution de l’Etat à hauteur de « 2,3 millions d’euros en 2012 et 3,5 M EUR en 2013 »- « ne respecte pas la trajectoire de ressources publiques » notifiée en août dernier, répond M. Faugère, selon qui il est donc « nécessaire de disposer d’un diagnostic commun de la situation ».

Interrogée sur l’ouverture de cette enquête, la direction de l’AEF n’avait fait aucun commentaire mardi en fin d’après-midi.

La requête de Matignon intervient sur fond de guerre des chefs entre Alain de Pouzilhac, et sa numéro deux, Christine Ockrent.

Ces querelles de personnes empoisonnent depuis plusieurs mois le climat dans l’entreprise, jusqu’à une rocambolesque affaire d’espionnage informatique mettant en cause une proche de Christine Ockrent. Fin novembre, des experts mandatés par la direction de l’AEF ont découvert dans l’ordinateur de cette collaboratrice 2,5 millions de fichiers provenant de cinq serveurs du groupe, et une plainte en justice a été déposée. L’employée a été mise à pied.

Le « tandem » Pouzilhac-Ockrent avait été choisi par Nicolas Sarkozy au moment de la création, en 2007, de l’AEF. Leur nomination avait fait des remous, la journaliste étant aussi la compagne du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner. L’animosité entre les deux dirigeants avait franchi un cap l’été dernier lorsque M. de Pouzilhac avait rétrogradé Mme Ockrent au poste de directrice générale déléguée, elle qui était jusqu’en juillet directrice générale.

Preuve supplémentaire du malaise au sein des rédactions, l’intersyndicale de RFI (FO, SNJ, SNJ-CGT, SNRT-CGT) a annoncé mardi que le Comité d’entreprise, dénonçant une « gestion déséquilibrée » de l’AEF et un « projet de fusion totalement incohérent », avait « solennellement » demandé la démission de M. de Pouzilhac.

Le CE « va saisir le Tribunal de Commerce afin de demander la désignation d’un expert chargé de présenter un rapport sur les modalités économiques et juridiques de la gestion de la trésorerie de RFI par l’AEF », précisait le communiqué de l’intersyndicale.

Selon les députés, la France consacre 300 millions d’euros par an à l’AEF.

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