Face à la pression, Woerth annonce un maintien de la situation actuelle pour deux catégories de population.
Au début de la séance, après un communiqué de l’Elysée, le ministre Woerth annonce qu’il va déposer deux amendements sur demande du Président de La République. C’est une curieuse conception du débat parlementaire que de se réserver les modifications d’un texte en pleine discussion, et un camouflet pour la majorité sénatoriale et le Président du Sénat qui sont privés du dépôt d’amendements qu’ils avaient annoncés. Les sénateurs du groupe socialiste ont dénoncé avec force cette manière outrancière de bafouer les droits du Parlement.
Il s’agit clairement d’une tentative de faire baisser la pression sociale et parlementaire. Mais les salariés ne peuvent être dupes ; les deux amendements entrainent un simple maintien de la situation actuelle pour deux catégories de population, les parents nés entre 1951 et 1955 ayant élevés trois enfants et les parents d’enfants handicapés. Par un tour de passe-passe, le gouvernement veut faire croire qu’il introduit de la justice dans son texte, alors qu’il ne fait que rétablir une injustice pour certaines personnes. Et pour la grande majorité, le recul des droits est maintenu. Les sénateurs socialistes sont largement intervenus pour dénoncer cette théâtralisation, ce déni du travail parlementaire et ce leurre pour les parents.
Par crainte de la mobilisation sociale du 12 octobre, le gouvernement cherche à accélérer le débat par des jeux de procédure.
La Présidente de la commission des lois, après avoir fait reporter la discussion de nombreux amendements de l’opposition en fin de débat, *fait avancer l’examen des articles 5 et 6 (les mesures d’âge) au jeudi soir*. Ainsi, le cœur de la réforme sera voté dans la nuit de vendredi à samedi. Curieuse conception de l’exercice démocratique que de tenter de faire voter des points fondamentaux en catimini. Les sénateurs socialistes et la gauche dans son ensemble ont répondu à ce jeu de procédure par de nombreuses interventions sur l’article 5, rappelant l’injustice et l’inefficacité du recul de l’âge légal de départ à la retraite, ainsi que les propositions alternatives qui ont été présentées.