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Audiovisuel extérieur de la France: présentation de mon rapport en commission

J’ai présenté, ce mercredi, le rapport pour avis sur les crédits de l’Audiovisuel extérieur de la France, en insistant sur le terrible gâchis que révèle son histoire récente.

Depuis 30 ans, la France a construit  une politique en matière d’audiovisuel extérieur visant à renforcer son influence dans le monde par le rayonnement de sa pensée, de sa culture et de sa langue. Mais la réforme mise en place depuis 2008, avec la création de la société de l’audiovisuel extérieur de la France (AEF), holding réunissant RFI, TV5 Monde et France 24, loin d’améliorer la cohérence de la politique audiovisuelle extérieure de la France et la lisibilité de ses orientations stratégiques a au contraire affaibli chacun de ses acteurs.

Bien plus, les déchirements,  luttes et  scandales à répétition ont au final très fortement hypothéqué l’avenir de notre diplomatie audiovisuelle : RFI n’a jamais connu autant de grèves et le fossé entre la direction et les équipes de la radio est béant, TV5 Monde, chaine multilatérale, s’est sentie délaissée, souvent à raison, et accepte mal cette union forcée avec l’AEF, et France 24, l’enfant préféré, semble quant à elle être au bord de l’implosion.

Trois constats accablants doivent ainsi être dressés: en premier lieu, la coexistence des trois médias dans une entité unique n’a pas réussi. Je considère en effet que l’AEF n’est pas parvenue à porter un projet commun clair et ambitieux, privilégiant de façon inconsidérée France 24 au détriment de RFI et de TV5 Monde.

Ensuite, le mode de gouvernance a échoué: depuis sa création, l’AEF n’est pas parvenue à se mettre d’accord avec l’Etat sur sa trajectoire financière et n’a donc pas conclu de contrat d’objectifs et de moyens, en toute illégalité, et au mépris des parlementaires. Pendant ce temps, la tutelle a été tout simplement fantomatique : elle a laissé se dégrader la situation consternante que l’on a connue au sein du groupe avec des démissions, des licenciements à répétition et une guerre des chefs.  Tant et si bien qu’une mission de l’inspection générale des finances a été diligentée afin de faire le jour sur la situation financière réelle de l’AEF. Et ses conclusions, rendues publiques la semaine dernière, sont préoccupantes : constats d’irrégularités dans la passation de certains contrats, stratégie de développement floue et peu convaincante, dérive financière du groupe…

Enfin, ce financement justement s’est clairement avéré insuffisant pour faire vivre harmonieusement les trois structures: L’Etat ne s’est pas donné les moyens de ses ambitions et un doute sérieux plane  même sur la capacité des différents acteurs à effectuer leur mission.

Et pour faire face à ces multiples difficulté,  la dotation globale diminue de 12,3 millions dans le budget 2012, soit une baisse des crédits de 3,8%! Et le gouvernement justifie cette diminution des crédits par les synergies liées au projet de fusion… Pourtant, le constat de l’Inspection générale des finances est formel : l’impact des synergies sera limité, surtout en 2012. Et cette fusion menée à marche forcée par la direction, crée de surcroit une tension très forte parmi les personnels.

La question fondamentale à formuler concerne en réalité  l’avenir même de l’AEF : le feuilleton à rebondissements peut-il finir par un « happy end » ou doit-il aboutir à une séparation de ses membres ?

Des pistes alternatives relatives à l’avenir de RFI, France 24 et TV5 existent pourtant: un rapprochement partenarial de RFI et France 24 avec respectivement Radio France et France Télévisions sont à explorer.

Alors qu’avec ce mariage forcé, et contre nature, entre les trois grands acteurs de notre audiovisuel extérieur  on risque de lâcher la proie, qui est notre rayonnement culturel international, pour l’ombre, à savoir des économies budgétaires improbables et très limitées.

C’est la raison pour laquelle, conformément à ma proposition,  la commission de la culture a donné un avis défavorable à l’adoption des crédits relatifs à l’audiovisuel extérieur. Il seront discutés en séance publique le vendredi 25 novembre.

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