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Conférence nationale contre la pauvreté : vers un nouveau modèle français fondé sur la redistribution et la solidarité publique

8,6 millions de personnes pauvres en 2010 : ce chiffre est inacceptable ! La pauvreté est en effet passée de 12,9% de la population en 2002 à 14,1% en 2010 et les chiffres de 2011 et 2012 seront assurément pires encore.

Face à ce fléau qui gagne du terrain, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a tenu, mardi 11 décembre, lors de la Conférence nationale contre la pauvreté pour l’inclusion sociale, un discours très volontariste. Empreintes de solidarité et de justice sociale les mesures annoncées témoignent de la volonté gouvernementale de combattre la pauvreté en instituant des politiques publiques plus solidaires. Le climat de suspicion qui régnait à l’égard des chômeurs et des bénéficiaires d’aides sociales sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy est bel et bien révolu.

Nous devons reconnaitre que la société est moins solidaire aujourd’hui. Aussi importe-t-il de rappeler que tout citoyen a droit à sa place dans la société et qu’il est donc de notre devoir de lutter avec tout moyen contre la précarité et donc de tout mettre en œuvre pour enrayer les processus économiques et sociaux qui y conduisent.

Parmi les mesures annoncées par le chef du gouvernement, l’augmentation de 10 % du RSA sur cinq ans est une vraie bonne nouvelle pour les 3 millions de personnes qui en bénéficient. Cette mesure équitable n’est qu’un juste retour des choses car si le RSA ne représente plus aujourd’hui que 43 % du SMIC, le RMI atteignait lui près de 50 % du SMIC.  Dès septembre 2013, le RSA connaîtra une revalorisation de 2 %. Concrètement, à terme, en 2017, le bénéficiaire du RSA gagnera 50 euros de plus qu’aujourd’hui.

Le gouvernement s’est également engagé à faire œuvre de pédagogie à destination des 2/3 des allocataires potentiels du RSA-activité qui n’en font pas la demande, afin de mieux les informer d’abord et de les convaincre d’entamer les démarches administratives nécessaires au versement des allocations. A cette fin, en 2013, des campagnes de promotion des droits sociaux seront menées. Les démarches administratives souvent contraignantes et lourdes seront également simplifiées.

Je salue aussi la création du contrat d’insertion qui permettra à 100 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans, non qualifiés, d’entrer sur le marché du travail. Déjà concernés par les emplois d’avenir, ces jeunes sortant du système scolaire sans diplôme et souvent sans qualifications sont durement touchés par la crise économique.  La priorité donnée à la jeunesse par le président doit naturellement passer par une aide appuyée à cette catégorie de la population qui se trouve « en marge » de la société. Ce contrat d’insertion ou « garantie jeune » sera d’abord testé à la rentrée 2013 dans 10 zones expérimentales et se concrétisera par la signature d’un «  contrat d’un an renouvelable entre le jeune (…) et le service public de l’emploi ».

Conscient que beaucoup de nos concitoyens en situation de précarité éprouvent des difficultés à se soigner, Jean-Marc Ayrault a annoncé que 500 000 personnes supplémentaires pourront bénéficier de la CMU complémentaire et auront donc un accès aux soins sans avoir à avancer le moindre centime. Le plafond de ressource pour bénéficier de ce dispositif, passera en effet de 7934 à 8489 euros annuels.

Signalons encore la poursuite des efforts en faveur de l’hébergement d’urgence, avec la création de 4 000 nouvelles places de CADA (centre d’accueil de demandeurs d’asile) et de 4 000 places d’hébergement.

Je suis également heureuse de constater que les demandes des familles monoparentales, qui je le rappelle sont souvent en première ligne face à la crise (lire ici), ont été considérées par le gouvernement. A l’avenir et après la réflexion générale sur la politique familiale qui sera engagée début 2013 les aides aux familles monoparentales et nombreuses devraient connaitre une augmentation sensible. La promesse faite de faciliter l’accès aux crèches et aux cantines scolaires pour les familles les plus modestes va aussi dans le bon sens.

La lutte contre la pauvreté, notamment héritée du sarkozysme et de sa politique sociale désastreuse est une priorité du gouvernement, comme en témoignent les initiatives prises en ce sens depuis son entrée en fonction. Citons, par exemple, les contrats de génération ; mesure qui vient d’être présentée en conseil des ministres et permettra à la jeunesse de passer la barre difficile du premier emploi et aux seniors de rester dans la vie active.

Pour finir, je tiens à saluer la tenue même de cette conférence sur la pauvreté qui manifeste clairement le changement de vision de l’Etat. Cette conférence  inaugure une nouvelle étape de responsabilité partagée qui doit fonder le « nouveau modèle français ».

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