Il m’aura fallu plusieurs heures pour « digérer » les émotions suscitées par la commémoration, à Berlin, du 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée tant au Bundesrat qu’au Bundestag et, pour la partie plus festive, à la Philarmonie de Berlin où les participants aux festivités et les invités ont pu assister à un très beau concert. Les esprits chagrins auront beau jeu de dénoncer les discours qui ont succédé aux discours. Mais n’oublions pas l’Histoire et le caractère presque miraculeux de cette réconciliation entre la France et l’Allemagne, rendue possible par la clairvoyance et la volonté politique de Konrad Adenauer et Charles de Gaulle. Songeons qu’à la fin des années 60 l’on parlait encore des Allemands comme de nos ennemis héréditaires!
Plus tard mes fils, produits de la réconciliation entre nos deux peuples, ont vu, dans leur petite enfance, leur imagination abondamment nourrie par l’image de leurs « Opa » et « Papy » qui se faisaient la guerre, sans envisager les horreurs que cela recouvrait. L’image était à la fois réelle, puisque leurs deux grands-pères appartenaient à des armées ennemies, et fausse puisque tous les deux faisaient partie du corps de santé! Pour ma propre génération, dont l’enfance a été bercée par les récits d’héroïsme de la Résistance avant de découvrir, à l’adolescence, une réalité du quotidien en France entre 1939 et 1945 plus nuancée, beaucoup plus nuancée, la réconciliation franco- allemande fut un acte fondateur.
S’il n’a pas été question hier de la renégociation du traité de l’Elysée évoquée pendant la campagne, François Hollande a lancé des pistes pour redonner corps à la relation franco-allemande: politique commune dans le secteur de l’énergie, des transports, du numérique et priorité donnée à la jeunesse et à l’enseignement, notamment des langues partenaires dès la maternelle. Au-delà des discours, pour certains d’entre eux certes convenus, j’ai la conviction d’avoir vécu un grand moment et tant pis je ne bouderai pas le plaisir que j’ai éprouvé ni ne tairai l’émotion que j’ai ressentie!