0

La Cour des Comptes analyse la réforme de l’Audiovisuel extérieur de la France

La Cour des Comptes vient de remettre son rapport annuel. Elle y évoque largement l’audiovisuel extérieur de la France.

Sans réelle surprise, son analyse est sévère. En effet, déjà dans son rapport de 2009, la Cour avait mis en garde contre l’absence de pilotage stratégique de l’AEF. Nous savons que les choses ne se sont pas arrangées, loin de là, au cours de l’ère Sarkozy – de Pouzilhac.

Comme je le rappelais dans mon avis budgétaire « l’histoire récente de l’audiovisuel extérieur de la France est celle d’un gâchis » : les trente années au cours desquelles la France s’est dotée de formidables outils médiatiques pour faire rayonner sa pensée, sa culture et sa langue, et ainsi développer son influence internationale, se sont trouvées, dans une très large mesure, ruinées par les deux mandats concomitants de M. Sarkozy et de M.de Pouzilhac, qu’il a nommé à la tête de la nouvelle holding AEF.

La réforme initiée en 2008 avec la création de la holding AEF a, en effet, d’emblée engendré de profonds déchirements et des scandales à répétition : une crise diplomatique a d’abord été évitée de justesse après que les partenaires francophones de TV5 Monde s’opposent à la réforme. Puis, AEF a connu le plus long conflit social de l’audiovisuel, à RFI qui a supporté deux plans sociaux coûteux et dévastateurs, avec le départ d’un tiers de ses salariés depuis 2009. La Cour des Comptes relève, à cet égard, les surcoûts importants de ces plans sociaux. Dès 2010, les dissensions entre président et directrice générale déléguée d’AEF ont encore contribué à ternir l’image de l’entreprise. Le déménagement de RFI auprès de France 24, mené à la hâte, a été réalisé en dépit du bon sens et a induit, comme le souligne encore la Cour, un surcoût de 43% (10.6M€). Et enfin, la fusion juridique de France 24 et de RFI a entrainé une profonde désorganisation des services et n’a bénéficié d’aucune visibilité de la trajectoire financière réelle pour 2013 ni même de projet d’entreprise commun…

En définitive, la Cour des Comptes estime que contrairement aux objectifs visés, la réforme de l’AFE a abouti à un surcoût d’environ 100 M€. Elle en impute la responsabilité à l’entreprise elle-même, mais relève aussi que les autorités de tutelle n’ont pas su tenir leur rôle.

Tutelle dont, rappelons-le, l’exercice est déjà pleinement interministériel, avec la présence conjointe du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l’Economie et des Finances et du ministère de la Culture.

En octobre dernier, Marie-Christine Saragosse a pris les rênes d’une société « en état de choc », comme elle la définit elle-même. Dès juillet, le gouvernement avait décidé un changement complet de stratégie, réorientée autour de la réaffirmation de l’identité et de la spécificité des médias et de la décision de ne pas fusionner les rédactions. C’est bien sur cette base, que la nouvelle PDG de AEF a initié déjà plusieurs actions, dont la première a consisté à restaurer un climat de confiance durement sapée par la précédente direction.

L’Audiovisuel extérieur de la France est au seuil d’un nouveau départ. Le président de la République et le gouvernement ont clairement manifesté leur souhait de renforcer le rayonnement culturel de la France. Et nous savons que  le dispositif audiovisuel extérieur en est, bien évidemment, un outil essentiel.

Lire la partie du rapport de la Cour des Comptes consacrée à l’audiovisuel extérieur de la France ici.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*