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Adoption définitive de la loi sur les restitutions des têtes maories

Les 16 têtes maories conservées par la France dans ses collections publiques vont être restituées à la Nouvelle Zélande. L’Assemblée nationale vient en effet d’adopter, après le Sénat en juin dernier, la proposition de loi dans ce sens.

Des remerciements officiels ont été adressés par le ministre de la Culture et de l'Héritage, Christopher Finlayson, et le ministre des Affaires maories, Pita Sharples, qui a précisé que « Les Maoris pensent que si les âmes de leurs ancêtres retournent dans leur pays d'origine, ils récupèrent leur dignité et peuvent veiller en paix sur leurs familles. »

Les sénateurs s'étaient prononcé à l'unanimité le 29 juin 2009 en faveur de la restitutions à la Nouvelle Zélande des têtes maories tatouées et momifiées conservées dans les musées français.

La France possède, en effet, 15 à 20 têtes maories dont sept à huit au Quai Branly. 300 ont déjà été restituées sur les 500 qui étaient réparties dans les musées de la planète,

La loi adoptée vise à apporter une solution suite au jugement du tribunal administratif annulant, sur saisine de la ministre de la Culture, la décision prise par la mairie de Rouen de remettre au musée national Te Papa Tongarewa une tête d'un chef maori.

La section Français du Monde-ADFE de Nouvelle Zélande, par la voix de sa présidente Nadine Plet, avait d’ailleurs à l’époque, alerté l’association et écrit à Madame Albanel.

La demande d’un Etat tendant à restituer une dignité postmortem à ses citoyens est légitime. Mais il s’agit également de concilier cette démarche éthique, fondée sur le respect de la dignité humaine, avec le principe d’inaliénabilité des collections publiques, inséparable de la mission de service public des musées. Des critères très précis doivent ainsi être posés aux possibilités de déclassement d’un bien d’une collection en France (même si personne, bien sûr, ne remet en cause l’intérêt de présenter au Louvre les momies égyptiennes).

Le texte comprend donc aussi, sur proposition de la commission des Affaires culturelles, une disposition permettant de réactiver la procédure de déclassement de biens appartenant aux collections. La composition de la commission scientifique compétente en la matière, créée en 2002, doit évoluer, en incluant, notamment, aux côtés des conservateurs de musée des personnalités qualifiées de différentes disciplines scientifiques ou artistiques (historiens de l’art, artistes, anthropologues et ethnologues, philosophes…)et ses missions précisées.

Il est maintenant souhaitable que cette loi adoptée nourrisse une réflexion générale sur la conservation des restes humains qui, si elle a déjà été bien initiée lors de la restitution à l’Afrique du Sud de la dépouille de la Vénus hottentote, met en lumière le retard pris par la France sur le sujet.


Publié le 01 juillet 2009
Mis à jour le 05 mai 2010