J’avais, il y a plusieurs mois, saisi la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique au sujet de la réforme du concours d’entrée de l’ENA qui n’autorisera, à compter de 2018, plus que l’anglais comme épreuve de langue. Voici la réponse de la ministre suivie, pour mémoire, du texte de ma question.
Réponse de Mme la ministre de la décentralisation et de la fonction publique
À publier le : 12/11/2015, page 2653
Texte de la réponse : La nature, la durée et le programme des épreuves des concours d’entrée à l’École nationale d’administration ont été modifiés par l’arrêté du 16 avril 2014. Celui-ci introduit notamment une épreuve d’anglais obligatoire aux trois concours de l’École nationale d’administration. La maîtrise de l’anglais, devenue la langue de travail européenne et internationale, est en effet nécessaire à la pratique professionnelle des cadres supérieurs de la fonction publique de l’État et ne peut être atteinte que s’ils disposent d’un niveau initial minimal. L’entrée en vigueur de cette épreuve est toutefois différée à 2018, alors que les concours réformés sont mis en œuvre dès 2015, afin de laisser aux futurs candidats, qui conserveront durant cette période et sans aucune restriction le choix d’une autre langue vivante parmi celles proposées, le temps nécessaire pour s’adapter. A contrario, la création d’une deuxième épreuve de langue vivante ne semble pas pertinente au regard, d’une part, de l’égalité de traitement entre les candidats, d’autre part, des difficultés d’organisation et des coûts supplémentaires qu’elle engendre. En effet, nombre de candidats externes provenant de l’université ne maîtrisent pas de deuxième langue vivante, tandis que nombre de candidats des concours internes et troisièmes concours ont cessé de maintenir leurs compétences dans leur seconde langue vivante. Au demeurant, les langues étrangères constituent un enjeu essentiel dans le cadre européen. Ainsi, les élèves de l’ENA bénéficient, au cours de leur formation d’une durée de deux ans, d’un apprentissage soutenu et de qualité avec l’obligation de choisir deux langues vivantes, pour un total de 180 heures de cours. Les langues enseignées à l’École sont multiples : anglais, allemand, espagnol, italien, russe, portugais, arabe et chinois. En marge des cours obligatoires, l’ENA offre aussi la possibilité aux élèves de travailler en auto-formation grâce à quatre laboratoires multimédia, de disposer de nombreuses ressources documentaires et pédagogiques et de participer à des activités extra-scolaires variées : débats, clubs et conférences sont ainsi proposés par les professeurs. La richesse internationale de la population strasbourgeoise vient également compléter ces opportunités d’apprentissage de langues étrangères. Le Gouvernement veillera à ce que cette politique d’apprentissage des langues étrangères à l’ENA soit maintenue.
Question n° 15717 adressée à Mme la ministre de la décentralisation et de la fonction publique
Publiée le : 09/04/2015
Texte de la question : Mme Claudine Lepage appelle l’attention de Mme la ministre de la décentralisation et de la fonction publique sur les conséquence du choix de l’épreuve d’anglais comme seule épreuve de langue au concours d’entrée à l’école nationale d’administration, à partir de la session de 2018. Les douze autres langues, autorisées jusqu’à présent par l’arrêté du 13 octobre 1999, ne pourront plus être choisies au concours d’entrée et seront, au cours de la scolarité, reléguées dans des formations facultatives non prises en compte dans le classement final. Ce choix de la langue unique représente une régression incompréhensible, contraire à toute vision prospective et aux intérêts de la France tels qu’ils sont généralement affirmés par le gouvernement français. Le monde d’aujourd’hui est un monde plurilingue qui ne devrait admettre aucune hégémonie linguistique et priver les futurs hauts fonctionnaires de l’ouverture au monde que permet la diversité linguistique et culturelle lui semble très inopportun, alors même que les anglophones s’interrogent sur les limites de leur propre monolinguisme. De surcroît, elle estime que la France donnerait un très mauvais signal à l’ensemble des pays dont les langues sont éliminées du concours, avec un impact logiquement négatif sur l’enseignement du français dans le monde. Elle souhaite donc l’alerter sur les conséquences d’une telle décision.