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Débat en séance publique sur « les violences sexuelles : aider les victimes à en parler ».

Vendredi dernier, Esther Benbassa, Sénatrice du Val-de-Marne, a organisé un débat en séance publique « violences sexuelles : aider les victimes à en parler ». Sur les bancs clairsemés de l’hémicycle, composé majoritairement de femmes, la Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, était présente.

Les échanges riches ont permis de pointer toutes les positions communes, transcendant les clivages politiques, et les différentes solutions qui pouvaient être envisagées.

Le premier constat unanime est qu’il existe dans notre pays une culture du viol. Afin de lutter contre cette tolérance collective face aux violences sexuelles, Madame la Ministre préconise en premier lieu de faire attention au choix de nos mots et notamment à l’expression « une femme s’est faite violée » empreinte de soumission et ne révélant pas la responsabilité d’un auteur. La place des mots est d’autant plus importante qu’ils sont vecteurs de fausses représentations auprès de tous mais surtout des victimes de violences.

C’est pourquoi, la lutte contre les violences sexuelles doit passer par la conscientisation du statut de victime par celles-ci afin de libérer leur parole.

Cet objectif était d’ailleurs au cœur du débat, les victimes étant encore trop nombreuses à rester dans le silence. Si l’on s’appuie sur les statistiques, 16% des femmes et 5% des hommes auraient été victimes de violences sexuelles quand le Conseil de l’Europe évalue à un enfant sur cinq. L’évaluation du conseil de l’Europe est prospective, les chiffres dont nous disposons sur  les victimes de violences sexuelles ne permettant pas de refléter la réalité.

En effet, une des conséquences de la culture du viol est le silence des victimes du fait d’un sentiment de culpabilité, sans compter sur le fait que dans la plupart des cas ces drames se passent dans un cadre familial. Bien que les statistiques soient inquiétantes, les dénonciations restent donc trop rares et ne permettent pas d’envisager l’ampleur réelle des violences sexuelles.

Une donnée certaine est que les agressions sexuelles entre mineurs sont en augmentation alors qu’aucune politique de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants n’a été encore mise en place. Les professionnels doivent donc agir par analogie avec les outils dont ils disposent pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Madame la Ministre, consciente de cet enjeu depuis longtemps, a donc annoncé le lancement du premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants à compter du 1er mars.

Par ailleurs, les échanges ont abouti sur des solutions notamment de développer le cadre de la loi du 4 mars 2016 qui a permis à des unités d’accueil médico pédiatrique de voir le jour, dans lesquels la police, la justice, les médecins et les travailleurs sociaux peuvent travailler de concert. La généralisation de tels centres de soins de prise en charge des victimes de violences sexuelles (même majeures) est d’ailleurs une des mesures à considérer pour les années à venir.

Ont encore été évoquées, la mise en place d’une obligation de signalement des professionnels de santé, la formation de tous les professionnels pouvant être en contact avec les victimes de violences afin de les accueillir, les accompagner et rendre audible les drames qu’elles ont vécus.

Bien que le budget alloué au droit des femmes ait augmenté de 50% depuis 2012 et qu’il soit encore en hausse de 8% par rapport à l’année dernière, les moyens alloués aux politiques de lutte contre les violences sont encore jugés insuffisants notamment pour mettre en œuvre une réelle campagne de prévention.

Enfin, Laurence Cohen, sénatrice du val-de-Marne, appelle à transposer dans notre droit, la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ratifiée par la France en juillet 2014.

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