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« L’égalité femmes-hommes serait-elle un non-sujet pour le nouveau Conseil économique, social et environnemental ? »

J’ai signé cette tribune, publiée dans Le Monde,  suite à la publication de la nouvelle composition du Conseil économique, social et environnemental qui ignore  la plupart des associations de droits des femmes. En effet, parmi  les huit représentantes et représentants de la vie associative, il n’y a aucune membre du mouvement féministe associatif!

Tribune.La troisième assemblée constitutionnelle de la République après l’Assemblée nationale et le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) est désormais, selon les vœux du président de la République,la chambre de la participation citoyenne. La réforme de 2021, peut-on lire sur le site du Conseil,« accroît en effet la place de la société civile dans l’élaboration des politiques publiques, et fait du CESE le carrefour des consultations publiques et l’institution de référence en matière de participation citoyenne. »

On comprend l’importance de la désignation de ses membres qui auront donc la mission de représenter la diversité de la société, mais aussi d’entendre et de transmettre les vœux et préconisations de la société tout entière qui pourra les interpeller par voie de pétition.

 

Or, que constatons-nous ? Parmi les huit représentantes et représentants de la vie associative, il n’y a aucune membre du mouvement féministe associatif, alors que, par comparaison, l’on dénombre deux personnes désignées par la Fédération nationale des chasseurs (FNC), deux par la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF), et deux par la Ligue française pour la protection des oiseaux (LPO).

Une seule organisation féministe

Au titre de la « cohésion sociale et territoriale » (29 sièges), une seule organisation féministe a été retenue : la Fédération nationale Solidarités Femmes (FNSF). Il n’est pas question de remettre en cause la désignation de la FNSF, partenaire dont nous reconnaissons le travail remarquable. Cependant, la personne qui la représentera, quelle que soit sa grande expérience, pourra-t-elle à la fois porter l’ensemble des problématiques intriquées qui font que la vie et le parcours des femmes de notre pays restent encore très inégalitaires, et aussi peser sur les décisions du CESE ?

Et quant à toutes les autres questions, quant à tous les autres domaines d’inégalités qui font l’objet des revendications actuelles des femmes, qu’en sera-t-il ? La santé, la sexualité, l’éducation et la formation, le domestique, la sphère professionnelle ? Que dire, par exemple, de l’absence totale ou presque des femmes dans le domaine de l’intelligence artificielle qui, à court terme, gérera l’ensemble de nos sociétés ?

Toutes les associations de droits des femmes qui depuis des dizaines d’années maillent le territoire de notre pays jusque dans les plus petites communes sont ignorées. Plus qu’un recul évident de la composition du CESE qui, précédemment, par le jeu de la désignation des personnalités qualifiées, comptait dans ses rangs des membres du mouvement féministe notablement engagées pour les droits des femmes, c’est une éviction.

Une grande inquiétude sur la place des femmes

Qui alors a procédé à la sélection des associations féministes ? La mission principale du CESE est de permettre au gouvernement de mieux prendre en compte la parole de la société civile, des citoyennes et des citoyens. Peut-on imaginer, au vu de sa composition, qu’il soit à la hauteur de ses responsabilités ? L’égalité entre les femmes et les hommes serait-elle un non-sujet pour le nouveau CESE ?

Voilà pourquoi, nous qui, à des titres divers, défendons les droits des femmes et luttons contre les inégalités, nous exprimons notre profonde déception face à ce non-respect de l’engagement du président de la République, le 25 novembre 2017, de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la « grande cause nationale » de son quinquennat.

Nous exprimons aussi nos vives inquiétudes sur la capacité du CESE, privé des expertises nécessaires, à apporter des éléments de compréhension des phénomènes de société et des préconisations de politiques publiques pour rendre notre société plus égalitaire.

Signataires :Danielle Bousquet, présidente de la Fédération nationale des centres d’Information sur les droits des femmes et des familles, ancienne députée des Côtes-d’Armor, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ; Geneviève Couraud, professeure de lettres retraitée, ancienne conseillère d’arrondissement de Marseille, ancienne présidente de la commission « Droits sexuels et reproductifs-Santé des femmes » du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ; Françoise Vouillot,enseignante-chercheuse spécialisée sur les questions du genre et de l’orientation scolaire et professionnelle, ancienne présidente de la commission « Lutte contre les stéréotypes et rôles sociaux » du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

La liste complète des signataires est accessible en cliquant sur ce lien

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