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Danger sur le réseau AEFE à Madagascar

Richard Yung et moi-même avons rencontré la directrice de l’AEFE, Mme Descôtes, au sujet du réseau AEFE à Madagascar. L’Agence annonce la fermeture du lycée de Fianarantsoa et le déconventionnement des écoles de Manakara et d’Antalaha.

Nous dénonçons ces décisions brutales, annoncées sans aucune concertation préalable et qui révèlent une absence totale de considération pour les enseignants, les familles et les élèves. L’incompréhension est d’autant plus vive que ces décisions sont en totale contradiction avec les propos de l’Agence tenus il y a à peine quelques mois, qui conseillait des investissements immobiliers au lycée de Fianarantsoa.

La communauté française à Madagascar est d’autant plus désemparée que déjà des rumeurs persistantes circulent quant à la fermeture des consulats de Tamatave, Majunga et Diego Suarez. Un légitime sentiment d’abandon commence bien à poindre chez nos
compatriotes.

La directrice de l’AEFE nous a exposé les motivations de l’Agence pour démanteler de la sorte son réseau à Madagascar. Elle a d’abord justifié ces décisions par le contexte de crise dans le pays, tant politique qu’économique, qui a pour conséquence une baisse certaine des effectifs. Ainsi, nous a-t-elle affirmé que Madagascar avait vu le nombre d’élèves scolarisés dans le réseau AEFE baisser de près de
600 depuis deux années. En conséquence, la carte scolaire pour 2012 prévoit la suppression de quatre enseignants résidents du second degré et de un personnel résident gestionnaire.

A propos particulièrement du lycée de Fianarantsoa, Mme Descôtes a insisté sur le nombre insuffisant d’élèves. Elle a relevé aussi qu’il y a relativement peu de migrations d’élèves de la côte susceptibles d’intégrer l’internat de Fianarantsoa. Cet effectif réduit empêchant même la mise en place de la réforme du lycée (seuls trois enseignements d’exploration pourraient être introduits sur les sept prévus).

Elle a donc clairement confirmé la fermeture du lycée sur trois ans, dès la rentrée 2011 pour les classes de seconde. Puis elle nous a exposé les mesures censées « pallier » cette situation: les futurs élèves de seconde seront orientés à Tananarive où un nouvel internat d’une capacité de 200 places va être construit sur le site même du lycée. Il est prévu que les élèves de Fionarantsoa aient une priorité absolue. Par ailleurs, au vue de ces conditions exceptionnelles, les demandes de bourses seront examinées hors délai et les élèves étrangers recevront une aide spécifique.

Concernant les deux petites écoles de Manakara et d’Antalaha, la directrice nous a précisé qu’un accompagnement financier sur trois ans était prévu pour aider à financer le recrutement d’enseignants détachés (détachement direct).

Seulement ne soyons pas dupes, un déconventionnement de ces écoles signifie bien leur disparition à terme, puisqu’il est illusoire d’imaginer qu’elles auront la capacité de financer, de manière pérenne des détachements directs !

Certes, Mme Descôtes nous a rappelé le projet de labellisation des filières francophones, dont le décret est en attente. Ce nouveau procédé devant permettre un contrôle et un soutien effectués par un référent titulaire sur place… Mais devra-t-il aussi permettre à l’Agence de disposer d’un nouvel outil pour déconventionner à tour de bras ?

Pour ce qui est du lycée de Diego Suarez, on nous a bien confirmé que sa fermeture « pourrait se poser à moyen terme ». Quant au collège de Majunga, dont les effectifs sont également en baisse, il a d’ores et déjà vu son poste de directeur supprimé, au profit d’un poste bivalent.

Le sort de ces établissements à Madagascar est donc scellé aux yeux de l’AEFE. Nous ne pouvons accepter la manière dont ces opérations ont été menées ni celle dont les principaux concernés (professeurs, parents, enfants) ont été traités !

Sans compter que cette « expérience malgache » n’est peut-être qu’un galop d’essai, d’autres établissements à travers le monde pourraient être bientôt concernés…

Certes, Mme Descôtes nous a rappelé la situation financière de l’Agence : si ses moyens financiers ont été confirmés, un plafond d’emplois a été instauré. Il est désormais impossible de créer des emplois de résidents, même rémunérés en totalité par l’école (c’est-à-dire donc par les parents)! La directrice a donc insisté sur le fait qu’aujourd’hui le réseau ne peut plus s’accroitre que par un mécanisme de redéploiement, puisque aucune création de poste n’est plus envisageable.

Certes, elle a aussi évoqué le problème du «vivier» de professeurs qui se tarit inexorablement, puisque les recteurs d’académie accordent de moins en moins de détachements du fait des suppressions de poste en France. La directrice remarquant, au passage, que la Mission Laïque rencontre des problèmes similaires alors même qu’elle n’est pas soumise à un plafond d’emploi.

Mais nous refusons de nous résigner face à ce désengagement général de l’Etat et la « désintégration » du service public en général et de celui de l’éducation en particulier.

Quant à la déliquescence du service public à l’étranger, elle n’a d’égal que la morgue avec laquelle le gouvernement considèrent en réalité les Français établis hors de France : « Expatriez-vous toujours plus, pour renforcer l’influence de la France à l’étranger, mais n’espérez rien de l’Etat en retour !».

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