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Tunisie/Egypte : Le balbutiement français


Il est des rendez-vous de l’Histoire qu’un grand pays comme la France ne devrait pas manquer. Pourtant, au lendemain d’un soulèvement qui a vu des milliers de jeunes Tunisiens et Tunisiennes descendre dans la rue pour réclamer une démocratie confisquée, à l’heure où les Egyptiens font trembler depuis la racine la dictature d’un Moubarak  installé au pouvoir depuis trente ans, la France est restée bien circonspecte…

Ni l’état de détresse réelle du peuple tunisien, ni la sanglante répression policière dont il a été victime n’ont permis de rompre cette réserve. Tandis qu’à deux heures d’avion seulement de Paris des jeunes Tunisiens payaient de leur vie leurs rêves de libertés, Nicolas Sarkozy perdait subitement l’usage d’une parole dont il n’est pourtant habituellement pas avare. Qu’à cela ne tienne, Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, a jugé bon de faire à sa place cette déclaration surréaliste dans laquelle elle proposait au régime policier de Ben Ali notre savoir-faire dans l’art de « régler les situations sécuritaires ». La France, pays « dit » des droits de l’Homme, n’a-t-elle aujourd’hui plus que cela à exporter ? Et que dire de notre diplomatie qui n’a su ni prévenir ni saisir l’ampleur des évènements qui secouent la rive Sud de la Méditerranée ? Le mea-culpa esquissé en conférence de presse par le Président de la République ne suffira pas à faire oublier le souvenir d’une France – sa France ! –  refusant d’accompagner le sursaut démocratique d’une nation avec laquelle nous entretenons pourtant des liens culturels et historiques très forts.

Aujourd’hui, le même vent de liberté souffle sur l’Egypte et la même langue de bois paralyse le discours du gouvernement lorsqu’il s’agit de condamner fermement la répression  que Hosni Moubarak fait subir à son peuple. François Fillon vient d’ailleurs de rappeler à l’ordre ceux qui, par une liberté de ton jugée inopportune, pourraient gêner les positions officielles françaises. Diplomatie rimerait-elle avec hypocrisie ? Quoiqu’il en soit, la France fait preuve d’une frilosité déconcertante au regard de la gravité de la situation en Egypte où, en l’espace de quelques jours, plus d’une centaine de citoyens a trouvé la mort. Usés par plusieurs décennies de régime autoritaire et de pratiques liberticides, les Egyptiens sont eux aussi en droit d’aspirer à une nouvelle ère et refusent d’avoir à choisir entre la « peste et le choléra », à savoir entre le totalitarisme du système Moubarak et le fondamentalisme religieux.

Le Parti Socialiste soutient donc pleinement les aspirations égyptiennes à plus de liberté et de droit. En Tunisie, en Egypte et partout ailleurs dans le monde, il soutient et soutiendra toujours ceux qui, pacifiquement, refusent l’oppression et se battent pour le respect de leur dignité. Parce que leur tourner le dos reviendrait à renier notre propre Histoire et les valeurs qu’elle nous a léguées, la France a un devoir de solidarité. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle retrouvera un jour, sur la scène internationale, la place et le rayonnement qui était le sien et qu’un mandat de Nicolas Sarkozy aura suffit à lui faire perdre.

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