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Solidaires des élus kurdes poursuivis, arrêtés, détenus en Turquie, nous les parrainons

J’ai signé cette tribune, parue dans le journal Libération, en soutien aux élus kurdes poursuivis, arrêtés et détenus en Turquie. Si notre pays considère la Turquie comme un partenaire, ce lien créé également des devoirs. Le devoir de lui dire qu’en jetant en prison des journalistes, des magistrats, des avocats, des intellectuels, des syndicalistes, des élus, la Turquie s’éloigne des valeurs européennes de l’Union européenne, à savoir le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. C’est pour ses valeurs, pour ses principes que nous demandons leur libération et exprimons notre solidarité, en parrainant avec beaucoup de fierté, les députés et les maires membres du HDP, menacés, arrêtés, détenus injustement en Turquie.

« Lorsque la Turquie a fait face à un coup d’Etat militaire, nous avons tous dénoncé avec force, condamné avec clarté, cette tentative contre l’expression de la souveraineté populaire.

Mais aujourd’hui, nous sommes extrêmement préoccupés et alarmés par les récentes arrestations à la faveur de l’état d’urgence décrété le 20 juillet dans le pays.

Le 30 octobre, deux maires de Diyarbakir (1,8 million d’habitants), Mme Gultan Kisanak et M. Firat Anli, ont été arrêtés et placés en détention. Plus de 30 maires démocratiquement élus sont aujourd’hui détenus.

Le 4 novembre, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, les coprésidents du parti HDP [parti de gauche issu du mouvement politique kurde, ndlr], de même que 9 autres députés ont été arrêtés. Dix parlementaires sont aujourd’hui placés en détention en Turquie.

Ils sont tous membres du parti démocratique des peuples (HDP), parti qui a réussi par deux fois à franchir le seuil national de 10 % permettant d’envoyer, le 1er novembre, 59 députés au Parlement.

Troisième force politique du Parlement turc avec 6 millions de voix aux dernières élections législatives, le HDP, dont le parti Vert est un des constituants, est membre de l’Internationale socialiste et également membre associé du Parti socialiste européen. Il milite pour une Turquie ouverte, pro-européenne, représente la société turque dans sa diversité.

Avec l’instauration de l’état d’urgence qui a permis l’interdiction de 102 médias, la suspension jusqu’à une chaîne de télé pour enfants, un régime qui porte la durée maximum de garde à vue à trente jours, dont l’organisation Human Rights Watch expose dans un rapport récent les tortures et les sévices en détention, nous devons réagir.

Ce n’est pas la première fois que des députés sont jetés en prison en Turquie pour leurs idées. En 1994, Leyla Zana et trois autres députés kurdes avaient été arrêtés après la levée de leur immunité. Ils ont passé dix ans en prison, et Leyla Zana s’est vue attribuer le prix Sakharov du Parlement européen en 1995.

Si notre pays considère la Turquie comme un partenaire, ce lien créé également des devoirs. Le devoir de lui dire qu’en jetant en prison des journalistes, des magistrats, des avocats, des intellectuels, des syndicalistes, des élus, la Turquie s’éloigne des valeurs européennes de l’Union européenne, à savoir le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. C’est pour ses valeurs, pour ses principes que nous demandons leur libération et exprimons notre solidarité, en parrainant avec beaucoup de fierté, les députés et les maires membres du HDP, menacés, arrêtés, détenus injustement en Turquie. »

Premiers signataires : Laurence ABEILLE, députée du Val-de-Marne, Éric ALAUZET, député du Doubs, Brigitte ALLAIN, députée de la Dordogne, Pouria AMIRSHAHI, député des Français établis hors de France, Alain ANZIANI, sénateur de la Gironde, François ASENSI, député de Seine-Saint-Denis, Isabelle ATTARD, députée du Calvados, Danielle AUROI, députée du Puy-de-Dôme, Esther BENBASSA, sénatrice EELV du Val-de-Marne, Michèle BONNETON, députée de l’Isère, Corinne BOUCHOUX, sénatrice de Maine-et-Loire, Isabelle BRUNEAU, députée de l’Indre, Henri CABANEL, sénateur de l’Hérault, Pierre CAMANI, sénateur de Lot-et-Garonne, Bernard CAZEAU, sénateur de la Dordogne, Pierre-Yves COLLOMBAT, sénateur du Var, Sergio CORONADO, député des Français établis hors de France, Karine DANIEL, députée de la Loire-Atlantique, Guy DELCOURT, député du Pas-de-Calais, Félix DESPLAN, sénateur de la Guadeloupe, Cécile DUFLOT, députée de Paris, Christian FAVIER, sénateur du Val-de-Marne, André GATTOLIN, sénateur des Hauts-de-Seine, Catherine GENISSON, sénatrice du Pas-de-Calais, Eric JEANSANNETAS, sénateur de la Creuse, Jean-Yves LECONTE, sénateur des Français établis hors de France, Claudine LEPAGE, sénatrice des Français établis hors de France, Roger MADEC, sénateur de Paris, Noël Mamère, député de Gironde, Didier MARIE, sénateur de la Seine-Maritime, Michel MENARD, député de la Loire-Atlantique, Paul MOLAC, député du Morbihan, Philippe NOGUES, député du Morbihan, François PUPPONI, député du Val-d’Oise, Jean-Luc REITZER, député du Haut-Rhin, Stéphane SAINT-ANDRE, député du Pas-de-Calais, Eva SAS, députée de l’Essonne, Catherine TASCA, sénatrice des Yvelines, Jean-Louis TOURENNE, sénateur d’Ile-et-Vilaine, Richard YUNG, sénateur des Français établis hors de France

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