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ADOPTION - Une belle aventure mais aussi une problématique complexe

Le séisme en Haïti et ses conséquences humaines tragiques a, de nouveau, mis en exergue la problématique de l’adoption internationale. Par-delà ce contexte dramatique particulier, le sujet est toujours difficile parce qu’intense en émotions, parfois aussi en passions.

L’adoption, c’est d’abord la rencontre d’un profond désir d’enfants et du besoin de famille chez des enfants, le plus souvent orphelins. Mais des règles, une éthique sont nécessaires pour éviter toute dérive.

 La convention de La Haye de 1993, ratifiée aujourd’hui par 82 pays, énonce les quatre principes directeurs de l’adoption internationale :

- l’intérêt supérieur de l’enfant qui doit primer toute autre considération

- le principe de subsidiarité selon lequel l’adoption internationale ne doit être envisagée qu’à défaut d’une solution nationale dans l’Etat d’origine de l’enfant

- le recours obligatoire à des organismes agréés, c'est-à-dire à des organismes ayant démontré leur aptitude et ayant satisfait à un certain nombre d’exigences minimales (but non lucratif, qualifications morales et professionnelles, etc.).

- la prohibition de profits indus afin d’éviter et de prévenir l’enlèvement, la vente ou la traite d’enfants.

Tout d’abord l’intérêt de l’enfant doit donc être au cœur du processus. C’est une évidence. Mais ne nous y trompons pas, c’est bien au nom de l’intérêt de l’enfant que des aventures semblables à celle de l’Arche de Zoé sont possibles. Des personnes, a priori bien intentionnées mais irresponsables, vont confondre en définitive leur intérêt, même empreint de compassion, et celui de l’enfant. La prudence doit alors toujours être de mise.

Ensuite l’adoption internationale constitue une mesure subsidiaire de placement : elle ne doit par conséquent être envisagée qu’à défaut d’une solution de maintien de l’enfant dans son milieu familial, dans sa communauté ou dans son pays. N’oublions pas que de nombreuses femmes sont contraintes à l’abandon de leur enfant faute de pouvoir subvenir aux besoins de celui-ci. C’est donc vers elles que doivent être dirigés, en priorité, les programmes de protection de l’enfance. Donner aux femmes une formation tout en prenant en charge leurs enfants dans la journée, c’est donner une perspective à la fois aux femmes mais avant tout à leurs enfants. Des ONG travaillent avec succès dans cette perspective, j’en ai rencontré deux beaux exemples en Ethiopie.

Enfin, concernant Haïti, l’audition, la semaine dernière, dans le cadre de l’Assemblée des Français de l’étranger, de M. Jean-Paul MONCHAU, ambassadeur chargé de l’adoption internationale, nous a révélé que 80 à 90% des enfants susceptibles d’être adoptés dans ce pays n’étaient pas orphelins. Leurs parents biologiques les placent dans des crèches pour être adoptés par des familles occidentales dans l’espoir d’un avenir meilleur mais aussi, parfois, pour sortir d’une situation économique et sociale inextricable . Cette situation témoigne nettement de l’effort qui doit être fait, en amont, vers ces familles (planning familial, formation, etc.).

Car si les enfants adoptés vivent dans un environnement social et affectif favorable à leur développement, on sait aussi qu’ils sont davantage susceptibles de développer des pathologies particulières, notamment à l’adolescence, même s’ils connaissent leur origine.

Il s’agit donc de ne pas perdre de vue que la problématique de l’adoption est sans doute plus complexe qu’il n’y paraît.

 


Publié le 08 mars 2010