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Le dialogue social et la concertation doivent rester au cœur de la méthode du gouvernement

La grande conférence sociale pour l'emploi 2014La Conférence sociale s’ouvre aujourd’hui, et pourtant, elle fait déjà l’actualité depuis la semaine dernière. La menace des organisations patronales de boycotter cette 3e édition (depuis le début du quinquennat) d’une Conférence réunissant plus 300 représentants des salariés, des employeurs et des collectivités territoriales, a en effet conduit le gouvernement à céder à certaines de leurs exigences.

La première de ces exigences est le report partiel de l’entrée en vigueur du compte pénibilité. Ce dispositif permet à un salarié du secteur privé effectuant un travail pénible d’accumuler des points qui lui permettent de partir plus tôt à la retraite, de travailler à temps partiel ou encore de se former. Alors que dix facteurs de risque avaient été établis pour le calcul du compte pénibilité, seuls quatre d’entre eux seront pris en compte dès le 1er juillet 2015. Pour les six autres, il faudra attendre 2016. Une seconde concession est l’ouverture de négociations en vue de réviser les seuils sociaux ouvrant aux entreprises certaines obligations en termes de représentation syndicale.

Le gouvernement a accepté d’entériner ces revendications en amont de la Conférence, où elles auraient pu être discutées, afin de prévenir tout blocage et tout ralentissement. Cette volonté d’avancer, certes louable, ne doit pas conduire à oublier que le dialogue social et la concertation sont indispensables à l’acceptation des réformes par tous les acteurs concernés, acceptation elle-même nécessaire à leur bonne mise en œuvre. Le gouvernement doit donc s’assurer du soutien des organisations salariales. Soutien qu’il n’obtiendra pas en revenant sur une mesure qu’elles avaient défendue, et qui, de surcroît, résultait d’un compromis : en échange du compte pénibilité, les organisations salariales ont permis que la réforme des retraites soit votée à l’automne 2013.

La politique dite « de l’offre », c’est-à-dire le CICE et le pacte de responsabilité, n’est pas condamnable en soi. Notre compétitivité est dégradée, notamment par rapport à nos voisins européens, qui sont nos premiers partenaires commerciaux. Le coût du travail élevé empêche les entreprises d’une part de proposer des prix concurrentiels, d’autre part d’investir pour produire mieux et innover. Si nous voulons lutter efficacement contre le chômage, il faut donner à nos entreprises les moyens de créer de l’emploi. Ne nous y trompons pas, il s’agit bien là de l’objectif du gouvernement lorsqu’il annonce des baisses de charge, malgré ce que l’on a pu dire sur un prétendu tournant « social-libéral ».

Seulement, le gouvernement doit apporter des preuves qu’il œuvre bien pour les salariés. Céder aux exigences des organisations patronales revient au contraire à leur donner la priorité. D’autant qu’elles ne sont pas les seules à disposer d’un pouvoir de blocage : certaines organisations syndicales, notamment la CGT et FO, ont réagi en conditionnant à leur tour leur participation aux ateliers de mardi à leurs propres exigences.

Alors que la Conférence, qui se tient aujourd’hui lundi 7 et demain mardi, est présentée comme un temps fort du dialogue social, de nombreuses organisations disent ne pas en attendre grand-chose, notamment du fait de ces tensions récentes. Il est pourtant indispensable à la bonne marche du pays et au redressement économique qu’organisations patronales et salariales parviennent à s’entendre dans ce dialogue à trois avec le gouvernement.

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