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Accompagner la mobilité des Français à l’étranger, assurer l’avenir de la France

J’ai signé cette tribune publiée dans le journal Libération jeudi 16 octobre et initiée par mes collègues députés Pouria Amirshahi, Philip Cordery et Christophe Premat. Cette tribune fait suite à la publication du rapport de la Commission d’enquête sur « l’exil des forces vives de France ».

Alors que la commission d’enquête sur l’exil des forces vives publie ses conclusions, nous refusons de considérer la mobilité internationale des Français comme un signe du déclin français. Parlementaires élus des Français de l’étranger, nous sommes les témoins privilégiés de l’énorme potentiel que représente la mobilité des Français au-delà de nos frontières.

Il est loin le temps où Victor Hugo était contraint de fuir l’autoritarisme sévissant dans l’hexagone pour rejoindre des contrées insulaires plus propices à ses projets humanistes.  Nous observons quotidiennement l’extraordinaire diversité de parcours et de trajectoires des Français ayant choisi de s’établir en dehors de nos frontières.  Loin des clichés sur les exilés fiscaux et la fuite des cerveaux, les 2,5 millions de Français résidant à l’étranger sont le symbole du dynamisme de notre pays et de sa capacité à s’exporter.

C’est pourquoi la stratégie de l’UMP de créer une commission d’enquête pour montrer que notre pays fait fuir ses talents s’avère être  un échec.  Au lieu de considérer ce mouvement comme un « exil des forces vives », il nous semble plus judicieux de l’aborder comme une opportunité pour renforcer le rayonnement et l’attractivité de la France. C’est tout le sens des propositions formulées par le rapporteur.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La mobilité internationale dans les pays du Nord a augmenté de 65 % ces dix dernières années et s’est accélérée. Comparé aux citoyens de nos voisins européens, le nombre d’expatriés français est moindre. 2,9% de Français sont partis à l’étranger contre  5,2 % de la population allemande, 7,6 % des Britanniques et 6 % d’Italiens. Ce phénomène constaté d’accélération du nombre de Français qui partent n’est en réalité qu’une dynamique de rattrapage.

 Le plus grand défi que la France doit relever vis-à-vis des Français à l’étranger n’est pas leur nombre mais leur accompagnement. Quotidiennement confrontés aux difficultés que rencontrent nos concitoyens établis hors de France, nous travaillons tous ensemble pour trouver des solutions. C’est en permettant à nos concitoyens de mieux vivre leur mobilité que l’économie française bénéficiera des expériences acquises par ces Français.

Chacun de nos compatriotes expatriés est un ambassadeur en puissance de notre culture et de nos intérêts économiques à l’étranger. Plusieurs études montrent qu’il existe une corrélation flagrante entre le volume d’émigration et le flux de commerce. Les investissements français à l’étranger peuvent ainsi se déployer sur de nouveaux territoires de même que les investissements étrangers en France peuvent être nourris par ces mouvements migratoires.

L’implantation des Français hors de l’hexagone génère un engouement pour l’apprentissage du français comme langue étrangère auprès des populations locales et un relais pour le développement de la Francophonie dans le monde. Il s’agit là d’un puissant vecteur de promotion de notre culture et de nos valeurs à l’extérieur de nos frontières.

L’initiative européenne lancée par François Hollande lors du Sommet européen sur l’emploi des jeunes, nous paraît essentielle pour soutenir le développement de l’Europe de la formation tout au long de la vie, de l’apprentissage et de l’alternance. Cela suppose de faciliter la validation des périodes d’apprentissage, de favoriser l’accès à des formations diplômantes à distance ainsi que de promouvoir le bilinguisme à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières. La démocratisation de la mobilité internationale ne pourra être mise en œuvre que par  l’augmentation du nombre des bénéficiaires des bourses de mobilitéLes moyens financiers importants mis à disposition par l’initiative garantie jeunesse et le dispositif ERASMUS+ seront en mesure d’y parvenir.

A l’instar d’un pays comme le Portugal, la France doit s’équiper d’un nouvel outil pour appréhender les flux migratoires des Français. Il contribuerait à faire émerger une cartographie de ces flux migratoires et permettrait de mieux connaître ces Français de l’étranger afin de les accompagner dans leurs démarches.

L’impatriation ou le retour des Français dans notre pays doit être facilité, quand cela correspond à leur souhait. La mobilité internationale doit être valorisée que ce soit dans les études, l’entreprise ou l’administration. Ce retour facilité en France passe aussi  par la simplification des procédures administratives que ce soit pour les inscriptions à l’école, à la sécurité sociale ou à la mairie. Les droits sociaux acquis dans d’autres pays devraient pouvoir être transférables que ce soit en matière de formation, de chômage et de retraite.

La mobilité est un atout dans le monde globalisé que nous connaissons. Au lieu de la craindre, il nous faut la préparer, l’accompagner et faciliter le retour de nos concitoyens en France qui le désirent.

Signataires :Pouria Amirshahi Député des Français de l’étranger, Philip Cordery Député des Français de l’étranger, Christophe Premat Député des Français de l’étranger, Arnaud Leroy Député des Français de l’étranger, Pierre Yves Le Borgn’ Député des Français de l’étranger, Hélène Conway Mouret, Sénatrice et ancienne ministre des Français de l’étranger, Claudine Lepage Sénatrice des Français de l’étranger, Richard Yung Sénateur des Français de l’étranger, Jean Yves Leconte Sénateur des Français de l’étranger, Corinne Narassiguin Ancienne députée des Français de l’étranger.

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