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Déplacement au Japon 17-24 avril 2015

J’arrive à Tokyo le vendredi 17 avril en début de soirée et suis accueillie à l’aéroport par M. Jean-Jacques Pothier, Consul. Une petite douzaine d’heures de vol, un reste de décalage horaire suite à mon  déplacement précédent au Québec et  je suis ravie de rejoindre ma chambre d’hôtel située  dans le quartier de Ginza !

Samedi 18 avril :

De bon matin, j’explore le quartier avant de retrouver pour une réunion M. Bruno Leroy président de l’association des Français du Japon (AFJ) et les membres de son bureau : M. Eric Laurens, et Mmes Catherine Salducci, Gaela Lemoine-Dalgliesh et Miyuki Awano. L’AFJ,  fondée en 1951, est l’association française la plus ancienne du Japon. Elle a pour objet d’aider les résidents français au Japon en cas de difficulté. La question de la scolarité  et de son coût est évoquée avec les membres du Bureau. Une comparaison des systèmes japonais et français est également faite. De même,  l’évolution de la situation des enfants franco-japonais en cas de divorce des parents est discutée. Le parent qui n’a pas la garde de l’enfant, souvent le père, voit le contact couper avec son fils ou sa fille. Le Japon a désormais signé la Convention de la Haye, ce qui permet de résoudre quelques cas douloureux lorsque l‘un des parents réside à l’étranger. Cependant, le problème reste entier lorsque les deux parents résident au Japon. La législation japonaise ne prévoit pas le droit de visite systématique et encore moins la garde partagée. La difficulté pour les femmes au Japon de concilier vie familiale et vie professionnelle est également évoquée.

photoLa soirée du samedi sera consacrée au gala de l’Association des Français du Japon que j’ai l’honneur de présider en présence du  Ministre Conseiller, M. Paul Bertrand Barets, du Consul, M. Jean-Jacques Pothier, des Conseillers consulaires, MM. Matthieu Séguéla, Thierry Consigny et Mme Evelyne Inuzuka, le président de l’OLES Japon, M. Yves Alemany et de nombreux invités dont Mme Hiroe Makiyama, députée. Dans mon intervention je saluerai le travail de l’AFJ et remercierai son président, M. Bruno Leroy de son invitation.  Je saluerai également la mise en place de l’OLES Japon par le conseil consulaire grâce notamment au soutien de M. Pothier et avec l’aide d’une quinzaine d’associations, co-présidée par l’UFE et Fdm-Adfe. L’OLES a également pour objet d’aider les Français en difficulté, résidents ou de passage en fonction de leurs besoins et je me félicite d’avoir amorcé son financement par une partie de ma réserve parlementaire. J’évoquerai également la question douloureuse des enfants franco-japonais de couples divorcés en insistant sur le droit de l’enfant. Dîner, beau spectacle de l’école de ballet Tachibana de Sendai,  concert lyrique et quelques discours en fin de programme.

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Avec Madame Hiroe Makiyama, députée de Kanagawa

Dimanche 19 avril :

Le dimanche 19, François ROUSSEL, président de Français du monde-ADFE Tokyo-Japon de l’Est  a organisé une rencontre,  dans un restaurant avec les membres de Français du monde-adfe. Matthieu Séguéla, Janick Magne sont présents ainsi qu’Alain Warcziag que j’avais connu au CSFE dans les années 90 et beaucoup de nouveaux visages. Divers problèmes sont abordés. Le repas est suivi d’une promenade découverte dans des rues et ruelles bordées de maisons traditionnelles.

Lundi 20 avril :

Cette journée est consacrée aux visites à Tokyo. Accompagnée de M. Jean-Jacques Pothier et de Mme Mme Claire Thuaudet, conseillère culturelle, directrice de l’Institut français du Japon, je me rends au lycée français international de Tokyo. Nous sommes attendus par le proviseur M. Michel Sauzet et son équipe pour une visite du lycée qui a emménagé dans ces locaux  en 2012. Le lycée compte plus de 1000 élèves et pourrait en accueillir encore davantage. Les frais de scolarité tournent autour de 7000 euros par an et une augmentation de 5% est prévue à la rentrée prochaine. L’établissement dénombre 185 boursiers. Une section bilingue français-anglais côtoie une option internationale du bac en japonais mais l’enseignement du japonais n’est pas obligatoire dans l’établissement. Je rencontre des représentants des parents d’élèves, Mme  Marie-Luce Bourguet et M. Jean-François Guillemoles, qui représentent la FAPEE, seule association aujourd’hui présente dans le lycée. Je vois ensuite des représentants des personnels Mme Michelle Akahori, M. Farid El Khalki, M. François Gagnaire et M. Gilles Mastalski. Au cours de la séance de débriefing avec l’équipe dirigeante, il me sera possible d’évoquer au moins un des points qui émeut actuellement la communauté scolaire.

Matthieu Séguéla nous rejoint et nous nous rendons à la Maison franco-japonaise située dans le quartier d’Ebisu où nous sommes accueillis par le Directeur M. Christophe Marquet. La maison franco-japonaise, fondée en 1924 à l’époque où Paul Claudel était ambassadeur de France au Japon, est le fruit de la collaboration entre une fondation japonaise d’utilité publique, le Ministère des Affaires étrangères et le CNRS. Elle a une mission de recherche en sciences humaines et sociales sur le Japon moderne et contemporain avec trois axes prioritaires : populations japonaises (migrations, vieillissement, natalité, famille, parité etc), protection humaine (jeunesse, fracture sociale, société nucléaire) et enfin patrimoine, histoire et identité face à la mondialisation. Elle organise également colloques, conférences et rencontres, encadre  des doctorants francophones et enfin gère la plus importante bibliothèque publique française en Asie orientale.

L’Ambassadeur de France M. Thierry Dana  en poste au japon depuis juin 2014 nous attend à la Résidence pour un déjeuner avec Matthieu Séguéla et Thierry Consigny, conseillers consulaires, des représentants d’associations, le consul et la conseillère culturelle. Parmi les invités, M. Patrick Hochster organisateur de la Caravane Bon appétit qui distribue des repas cuisinés par des chefs français aux réfugiés dans les régions sinistrées.

Le déjeuner sera suivi d’une visite des services consulaires qui gèrent une communauté française d’environ 10 000 Français inscrits. Après la visite des services, je m’entretiens avec les personnels et j’espère que leurs demandes, que j’ai relayées, seront entendues !

Nous nous rendons ensuite à l’Institut français du Japon pour une visite des locaux, un entretien avec le Directeur de l’antenne de Tokyo, M. Jean- Jacques Garnier puis avec les personnels. L’IFJ a de beaux projets de construction. L’agrandissement des locaux à l’horizon 2019-2020 permettra notamment d’accueillir la chambre de Commerce franco-japonaise, ce qui ouvre la perspective d’un élargissement de  l’offre des cours aux entreprises. L’Institut français du Japon connaît une crise de rentabilité à laquelle il faut faire face et les mesures prises entraînent une crise de confiance des personnels.

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La journée se termine par une rencontre publique à l’Institut, organisée par Fdm-Adfe et son président François ROUSSEL, au cours de laquelle je présente les grandes lignes de mon rapport concernant les frais de scolarité, l’enseignement français à l’étranger et les offres complémentaires, ce qui offrira l’occasion d’un échange avec les personnes présentes.

Mardi 21 avril :

 IMG_1159Janick Magne et moi-même nous nous rendons à Koryiama située dans le département de Fukushima  à une soixantaine de kilomètres des  centrales nucléaires. Koryiama subit encore les effets de la catastrophe nucléaire. Le 30 avril 2011 une contamination anormale par le  césium 137 (334 000 Bq/kg) est détectée dans une usine de traitement des eaux usées de la ville. Le 14 juin 2012 la ville fait partie des 104 municipalités situées dans les zones de contrôle intensif de contamination : le débit prévisionnel de dose dans l’air y est supérieur à 0,23 μSv/h (équivalent à 1 mSv/an). Des plans de décontamination municipaux doivent être établies et la décontamination est mise en œuvre par chacune des municipalités.  Mais  certains habitants ont perdu confiance.

Notre objectif, avec Janick Magne, est de rencontrer une association de mères japonaises « 3a ». Nous sommes accueillies par Mme Tokiko Nogushi  à qui nous posons de nombreuses questions sur  la vie après la catastrophe nucléaire. Cette association de femmes  ne fait pas confiance aux affirmations du gouvernement selon lesquelles tout est rentré dans l’ordre. Elles  essaient  donc de prendre la situation en main en mesurant, par exemple, elles-mêmes le degré de radioactivité auquel sont confrontés les enfants sur le chemin de l’école, dans la cour de récréation, dans les parcs et terrains de jeux. L’association fait également venir des légumes frais une fois par semaine de la région de Kyoto et les vend au prix coûtant.  Les cantines scolaires servent des produits de la région et la quasi-totalité des enfants y déjeunent car, même si elle n’est pas obligatoire, la pression sociale est forte et un enfant qui ne mange pas à la cantine  risque de se retrouver isolé.

117 cas de cancers de la thyroïde ont été détectés sur 380 000 enfants examinés dans toute la région.  On constate une recrudescence des avortements. L’association « 3a » propose des examens sanguins et de la thyroïde avec le soutien d’un médecin qui se rend disponible deux fois par mois. L’examen médical officiel est d’une fois tous les deux ans. Si elles avaient le choix la plupart de ces femmes quitteraient la région mais leur mari ayant un emploi dans la ville, elles doivent rester. Mme Nogushi a pu éloigner sa fille qui vit près de Kyoto et a obtenu une bourse pour venir passer la prochaine année scolaire en France. Mais tous n’ont pas cette opportunité.

Nous rencontrons également Mme Ruiko Muto, présidente du groupe des plaignants de la catastrophe nucléaire de Fukushima et Mme Yayoi Hitomi avec qui nous déjeunons. Elles nous montrent des photos de la zone contaminée et nous parlent des plaintes qui ont été déposées contre la société Tepco, l’opérateur de la centrale de Fukushima qu’elles jugent responsable des conséquences de la catastrophe naturelle sur la centrale nucléaire. Deux plaintes ont déjà été rejetées. Elles espèrent que la troisième tentative sera la bonne.

Nous reprenons le train pour Sendai, ville d’un million d’habitants située à environ 300 km au nord-est de Tokyo, sur l’île de Honshu. La ville se trouve à 130 kms de l’épicentre du tsunami et a subi de nombreux dégâts. L’aéroport a été détruit. Janick Magne et moi-même sommes accueillies à la gare par M.  Grégory Dumaine, directeur de l’Alliance française et nous nous rendons à l’Hôtel de ville pour une visite de courtoisie  à la maire  de la Ville Mme Emiko Okuyama. Sendai est jumelée avec Rennes et il y a des échanges d’étudiants et de chercheurs entre les deux universités notamment sur la question du nucléaire. Sendai a accueilli de nombreux réfugiés suite à la catastrophe et si les pathologies sont peu nombreuses selon Mme Okuyama, les séquelles psychologiques sont importantes.

Nous nous rendons ensuite dans l’Alliance française de Sendai qui accueille environ 150 élèves, le double si l’on ajoute ceux qui sont dispensés dans les écoles et universités. Nous avons un entretien avec le directeur sur les activités culturelles de l’Alliance en coopération avec l’Institut français du Japon et sur les quelques 70 Français qui vivent à Sendai et dans les environs.

Retour ensuite sur Tokyo en un éclair ou presque grâce au Shikansen.

 Mercredi 22 avril :

Départ avec Matthieu Séguéla pour Kyoto toujours en Shikansen. Le trajet entre Tokyo et Kyoto dure un peu plus de 2 heures qui passent très agréablement. Nous voyons au loin le mont Fuji dont le sommet se cache dans les nuages.

Arrivés à Kyoto nous nous rendons sur les hauteurs de la ville à la Villa Kujôyama inspirée par la Villa Médicis à Rome. C’est une résidence d’artistes associée à l’Institut français du Kansai. Elle accueille chaque année une douzaine de créateurs et de chercheurs confirmés qui souhaitent y développer un projet et qui sont déjà engagés dans une démarche professionnelle. Sont privilégiés les projets construits tendant à nouer des liens professionnels durables avec des partenaires japonais. La Villa Kujôyama vient de rouvrir ses portes après des travaux de rénovation importants. Nous rencontrons deux des artistes résidents : un écrivain, Jean-Baptiste Del Amo, qui profite de son séjour pour travailler sur les masques du théâtre Nô avec des artisans de Kyoto et un musicien Mathieu Metzger. Les résidents sont sélectionnés par l’Institut français et bénéficient d’une bourse pour la durée de leur séjour de 4 à 6 mois. Un colloque se déroule à la Villa : Héritage et transmission – Vers une intelligence générative du futur.

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Nous retrouvons le Consul général M. Charles–Henri Brosseau dans un lieu superbe que je n’ose appeler restaurant, sur une colline, entouré d’un jardin où nous sommes accueillies par des femmes en kimono qui nous prient de retirer nos chaussures. Le repas est un enchantement pour l’œil mais je ne parviens cependant pas à identifier tout ce qui m’est proposé ! Le repas réunit outre le consul général et son adjoint M. David Briant, Matthieu Séguéla, Mme Julie Brock, présidente de Fdm-Adfe  au Japon de l’Ouest, M. Jean-Jacques Truchot, délégué pour le Kansai de l’UFE et M. Benoît Jacquet, directeur de l’Ecole française d’Extrême Orient. Je n’aurai malheureusement pas le temps de visiter cette école et c’est dommage car selon le Monde  « le bâtiment est exemplaire, par son dessin fier et discret, des techniques performantes d’isolation ou d’ouverture (la façade s’assombrit pour protéger du soleil), sa construction douce et durable ». Il  a d’ailleurs reçu un prix récompensant ce type de construction innovante et durable.

Avec M. Brosseau et Matthieu Séguéla nous nous rendons ensuite à l’Institut français du Kansai qui abrite également le Consulat général. M. Jean-Michel Guillon, Secrétaire général nous accueille. L’institut est également un  très beau bâtiment, classé héritage culturel. Le bâtiment de l’Institut a été dessiné par Raymond Mestrallet, architecte français de l’agence d’Auguste Perret, et a été construit en 1936. Les travaux de restauration ont commencé en octobre 2002 et ont été achevés en 2003.  Nous comprenons au cours de la visite et de l’entretien  qui suivra  que la Villa Kujôyama et l’Institut se font parfois une concurrence inutile alors qu’ils devraient être complémentaires.

2015-04-22Visite du lycée français de Kyoto où nous sommes accueillis par M. Florian Tinant, directeur, Mme Elisabeth Etienne, responsable des services administratifs et financiers M. Matthieu Lecacheur, président de l’association de parents d’élèves. Le lycée  compte à peine cent élèves de la maternelle à la Terminale hébergés dans les locaux d’une ancienne école japonaise. Les classes de maternelle et élémentaire (jusqu’à la classe de 6 ème) sont homologuées, les autres classes fonctionnent grâce au CNED, ce qui augmente les frais de scolarité.  L’AEFE devrait négocier un tarif pour les écoles de son réseau qui doivent recourir au CNED. Six des enseignants sont certifiés, un seul détaché, les autres sont des titulaires non résidents, c’est à dire que leur carrière est en suspens pour la durée de leur séjour, ce qui explique sans doute la forte fluctuation malgré l’attrait de Kyoto.

Un déménagement est prévu dans un bâtiment modulable mais qui entraînerait des frais supplémentaires. La mairie de Kyoto prendrait en charge les travaux de réfection de l’extérieur du bâtiment, notamment la mise aux normes sismiques mais les parents devront rénover l’intérieur du bâtiment à leurs frais. La décision semble prise mais ce n’est pas une décision facile pour les familles. Il faudrait que le nombre d’élèves augmente au delà de cent élèves pour garantir la pérennité de l’école. Un vivier de Français est présent à Osaka et Kobé  à moins d’une heure de train mais c’est trop contraignant pour les familles.

En fin d’après-midi, je me rends avec Isabelle Olivier de l’Institut, visiter deux des expositions du festival international Kyotographie. Nous sommes accueillies par Mme Lucille Reyboz, cofondatrice et directrice du festival pour l’exposition des œuvres de Kimiko Yoshida, une artiste japonaise vivant à Paris, dans la maison Noguchi, une maison traditionnelle que nous aurons le droit de visiter, y compris la  pièce réservée à la cérémonie du thé, ce qui est un honneur particulier!  La deuxième exposition se trouve dans un pavillon construit à cette occasion sur la place de la mairie et sont exposées les œuvres de Martin Gusinde.

La journée se termine par une soirée conviviale, chaleureuse et sympathique avec les amis de Fdm-Adfe. Merci à tous !photo3

Jeudi 23 avril :  

M. Brosseau et moi même partons pour  Fukuoka situé sur l’île de Kiûshû tandis que Matthieu  Séguéla retourne à Tokyo. Nous nous rendons à Fukuoka pour  le forum économique de la Chambre de Commerce et d’Industrie France–Japon qui sera clôturé par un gala auquel je suis invitée. Entre forum et gala je me rends avec M. Brosseau à l’Institut français du Kiûshû où nous rencontrons M. Jean-Charles Schenker, le secrétaire général qui nous expose les activités de l’Institut.

Le gala auquel assistent le maire adjoint de Fukuoka, le vice gouverneur de la région, le Ministre Conseiller et le Consul général  ainsi que de nombreux hommes d’affaires français et japonais sera de nouveau l’occasion de prononcer quelques mots pour célébrer le dynamisme de Fukuoka, du Japon  et « la  relation d’exception [1]» qui existe entre la France et le Japon qui se préparent l’un comme l’autre à accueillir les JO d’été. Enfin pour Paris, il faut  encore croiser les doigts !

Vendredi 24 avril : retour sur Paris


[1] Expression utilisée par François Hollande lors de sa visite d’Etat au Japon en juin 2013

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