François Hollande, au soir de son élection à la présidence de la République, a employé des mots forts, place de la Bastille, pour décrire notre soulagement, pour exprimer le sentiment de libération qui nous a envahis lors de l’annonce officielle des résultats : « Je sais ce que beaucoup ressentent : des années et des années de blessure, de rupture, de brûlure, et il nous faudra réparer, redresser, rassembler. C’est ce que nous allons faire ensemble pendant 5 ans ». Ce qu’était devenu notre pays, ce n’était pas nous, cela ne nous ressemblait plus.
Reconstruire, bien sûr, mais avant tout réconcilier le peuple de France avec lui-même, peuple que l’on a tant essayé de diviser. Ce mouvement François Hollande l’a initié puis relancé tout au long de sa campagne puisqu’il a rassemblé sur son nom la majorité des suffrages, bien au-delà du total de ceux de la gauche, tout comme François Mitterrand l’avait fait en son temps. Il a su créer une dynamique qui s’est rapidement transformée en force de changement à laquelle une majorité de Françaises et de Français ont adhéré.
Cette dynamique ne doit pas marquer le pas car au soulagement doit maintenant succéder l’espoir, l’espoir de changer sinon la vie tout au moins le quotidien de millions de personnes : la gauche redevient majoritaire dans les couches populaires, 58% des employés et 68% des ouvriers ayant voté François Hollande ainsi qu’une forte de majorité de jeunes. Nicolas Sarkozy, pour sa part, est majoritaire chez les plus de 60 ans et chez les personnes gagnant plus de 3500€ par mois …
Le contexte de l’arrivée au pouvoir de la gauche rend cet espoir moins évident tant les situations budgétaire, économique ou internationale semblent défavorables. Pourtant ce n’est qu’unis et rassemblés que nous pourrons faire face aux défis, tout en remettant le score du Front national à un seul chiffre. François Mitterrand au soir du 10 mai 1981 déclarait « Seule la communauté nationale entière doit répondre aux exigences du temps présent. J’agirai avec résolution pour que, dans la fidélité à mes engagements, elles trouvent le chemin des réconciliations nécessaires. Nous avons tant à faire ensemble et tant à dire aussi ». Qu’ajouter à cela ?
Responsable du pôle thématique des Français de l’étranger dans l’équipe de campagne de François Hollande, j’ai vu cette dynamique du changement et du rassemblement se créer aussi dans nos communautés expatriées. Des femmes et des hommes en colère de voir leur multinationalité remise en cause, découragés d’assister impuissants au démantèlement des services publics à l’étranger, furieux d’être encore caricaturés et assimilés à des exilés fiscaux ou simplement des femmes et des hommes pénétrés d’idéal républicain, toutes et tous se sont rassemblés et ont mené une formidable campagne dans leur pays d’accueil. Le résultat est en deçà de nos attentes mais cette élection a vu une nouvelle fois le score de la gauche à l’étranger augmenter, François Hollande obtenant 47% des suffrages. Si dans certaines régions du monde la progression est éclatante, François Hollande le disputant à Nicolas Sarkozy dans de nombreux pays, la gauche, bien que près de l’être, n’est toujours pas majoritaire à l’étranger.
Mais le mouvement est lancé, les thèmes concernant les Français de l’étranger ont été, grâce à notre travail collectif, très présents dans la campagne et dans le projet du candidat. Simplement, malgré 105 000 votants supplémentaires par rapport à 2007, le taux de participation reste encore très faible, 43%. C’est sur cela qu’il faut travailler.
Car pour que l’espoir se transforme en changement il faut donner à François Hollande les moyens d’agir. Rendre la gauche majoritaire à l’Assemblée nationale est indispensable et les Français de l’étranger comptent bien y contribuer : la dynamique créée lors de la présidentielle devrait nous permettre de faire élire plusieurs députés des Français de l’étranger de gauche. Pour cela restons mobilisés et vigilants jusqu’aux élections législatives, encourageons et soutenons partout nos candidats afin que le changement commence vraiment en juin !
Mais d’ici là, vous avez remarqué ?
Quelque chose a changé
L’air semble plus léger
C’est indéfinissable