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RFI – 31/05/2012 Claudine Lepage : «Les Français de l’étranger vont avoir une représentation parlementaire complète»

Claudine Lepage : «Les Français de l’étranger vont avoir une représentation parlementaire complète»

Claudine Lepage passe en moyenne trois semaines à Paris et une semaine à l’étranger tous les mois. Daily motion

Elue sénatrice (PS) des Français établis hors de France en 2008, Claudine Lepage suit de près la campagne législative qui va permettre aux Français expatriés d’avoir, pour la première fois, des députés à l’Assemblée nationale. Il s’agit selon elle d’une évolution très positive, notamment parce qu’elle fera gagner du temps dans l’avancée des textes de loi.

RFI : Comment organisez-vous votre travail concrètement, en tant que sénatrice des Français de l’étranger ?

Claudine Lepage : Mon travail consiste à siéger au Sénat comme tous les sénateurs et à voyager pour aller voir les communautés françaises établies à l’étranger. Je n’ai pas de circonscription, pas plus que les autres sénateurs des Français de l’étranger puisque notre circonscription, c’est le monde entier. Et donc ça veut dire, concrètement : environ une semaine de voyage par mois, et puis trois semaines au Sénat pour faire le travail législatif comme mes collègues sénateurs.

RFI : La tâche des députés sera-t-elle plus facile, du fait qu’ils auront des circonscriptions, certes très larges, mais définies géographiquement ?

C.L. : Je pense que ça dépendra des circonscriptions. Il y a des circonscriptions qui, tout en étant vastes, ont quand même une certaine cohérence culturelle et géographique. Je pense par exemple à la 1e circonscription qui comprend les Etats-Unis et le Canada – vous me direz c’est très très vaste, oui – mais il y a quand même une certaine cohérence culturelle. Par contre, la 11e circonscription, qui va de Moscou à la Nouvelle-Zélande et couvre tous les pays entre, cela me semble beaucoup plus difficile à y trouver une cohérence quelconque.

RFI : De quelle façon peut-on être le plus efficace ? En passant du temps à Paris ou en passant du temps sur le terrain ?

C.L. : C’est évidemment un équilibre subtil, que chacun des députés devra trouver. Et je crois qu’ils devront aussi s’appuyer sur des relais locaux. Par exemple, les conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, les associations… Sans relais locaux, cela me semble très difficile de pouvoir faire ce travail, tout au moins localement. A l’Assemblée nationale, ils feront comme nous au Sénat : il faut être là pour pouvoir débattre.

RFI : Est-ce que, parmi les candidats de votre parti à cette élection, il y en a qui vous ont contactée. Et, si c’est le cas, quels conseils leur avez-vous donnés ?

C.L. : Je suis en contact avec quasiment tous les candidats PS. J’en connais certains un peu mieux car ils sont conseillers, ou ont été conseillers, à l’Assemblée des Français de l’étranger. Nous avons justement discuté avec certains d’entre eux de la nécessité d’être à la fois présent sur le terrain personnellement – ou par des relais – ou tout simplement par internet, mais aussi du fait qu’il faut aussi être présent à l’Assemblée. Donc oui, on a essayé de discuter ensemble de cette organisation. Il y a quand même des modèles : les parlementaires qui représentent les DOM-TOM doivent aussi assurer cet équilibre entre leur circonscription et leur présence à Paris.

RFI : A cette différence près que les DOM-TOM représentent des superficies beaucoup moins étendues que les onze circonscriptions qui seront représentées à l’Assemblée…

C.L. : Oui, c’est exact. Mais je pensais surtout à la distance par rapport à Paris. Et puis il ne faut pas oublier par ailleurs qu’internet peut servir de media. C’est très important pour faire des webinars (conférences en ligne), informer de ce que l’on fait, cela peut faciliter quand même le contact.

RFI : L’internet est-il devenu un outil indispensable pour rester en contact avec ses administrés ?

C.L. : C’est un outil important mais je dirais que ce n’est quand même pas le seul. Je crois que les administrés, les Français de l’étranger, sont très sensibles à la rencontre avec leur sénateur ou avec leur député. Parler à quelqu’un en direct, c’est quand même autre chose que de ne le voir que par le biais d’un blog ou d’un webinar.

RFI : Quelles sont les principales attentes exprimées par les expatriés ?

C.L. : Il y a des questions qui reviennent très souvent mais les réponses ne sont évidemment pas les mêmes. Sur l’enseignement par exemple, les réponses ne seront pas les mêmes selon que l’on est en Afrique ou aux Etats-Unis, c’est évident. L’autre souci, c’est le réseau consulaire, la proximité d’un consulat, la disponibilité des agents du consulat, la protection sociale… Ce sont des questions que l’on trouve un peu sur tous les continents même si, je le répète, la réponse n’est pas la même partout.

RFI : Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les Français expatriés d’avoir des députés à l’Assemblée nationale ?

C.L. : Je pense que cela va être très important au niveau du travail législatif. Jusqu’à présent, quand on discutait d’un texte – ou d’une partie d’un texte – qui concernait les Français de l’étranger au Sénat, il y avait les sénateurs qui étaient bien au courant de ces questions. Mais ensuite, il fallait trouver des relais à l’Assemblée nationale qui veuillent bien se pencher sur la question. Cela n’était pas toujours naturel, ni évident. Donc, là, je crois qu’il y aura une représentation parlementaire complète qui permettra de mieux défendre les textes législatifs qui concernent les Français de l’étranger.

RFI : Vous avez un peu suivi le début de la campagne et le début du vote, quelle impression en retirez-vous ?

C.L. : Le vote par internet, même si c’est un moyen de rapprocher l’électeur de l’urne, ne me semble pas tout à fait au point. Il y a eu des difficultés techniques. Lors de mon dernier voyage au Portugal, au moment où les gens commençaient à voter, il y avait un petit peu de panique chez les électeurs qui n’arrivaient pas à voter. Je pense qu’il y a eu des numéros de téléphone ouverts pour permettre de donner des explications ainsi que des sites internet où l’on a pu (en) donner. Moi-même, sur mon blog, j’ai donné des petits conseils techniques. Je pense que les choses se sont un petit peu arrangées. Là, on n’a vu que la participation par internet. Ce n’est qu’un début puisqu’il y a encore la possibilité de voter par correspondance et directement à l’urne.

Par Christophe Carmarans
France / Legislatives 2012 – Article publié le : jeudi 31 mai 2012

 

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