3

Voyage en Équateur et au Pérou du 20 au 25 octobre 2012

Au lycée La Condamine à Quito.

Samedi 20 octobre

Arrivée à Quito en fin d’après midi,  je retrouve Brigitte Saiz, conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger de la circonscription de Caracas qui comprend également les pays andins. Nous sommes accueillies par M. Pierre Pédico, premier conseiller à l’ambassade. Je me rends à la résidence  qui se trouve actuellement à quelques vingt cinq kilomètres du centre de Quito suite à l’incendie de la résidence historique au centre ville. Après avoir salué l’Ambassadeur M. Jean-Baptiste Main de Boissière, je retrouve  Brigitte et quelques amis dont  Florence Baillon, conseillère de la Ministre de la Culture du gouvernement Correa mais également présidente de Fdm-adfe et son époux Patricio Zambrano député et vice président du parlement andin.

 

Dimanche 21 octobre

Brigitte, Florence et moi visitons, guidées par M. Pablo Guyasamin,  fils du peintre Oswaldo Guyasamin, la Chapelle de l’Homme, qu’il a créée et abritant un certain nombre de ses œuvres. Guyasamin a connu et fréquenté tous les grands peintres de son époque dont Pablo Picasso et a reçu le soutien notamment de Danielle Mitterrand.

Œuvre de Oswaldo Guyasamin

Nous nous rendons ensuite sur le chantier de réhabilitation de la propriété du peintre attenant à la Capilla del Hombre. La maison de Guyasamin doit être ouverte au public et

l’inauguration doit avoir lieu le 29 novembre. La présence d’un ministre français serait souhaitée…

Nous visitons le centre historique de Quito,  un marché d’artisanat, petit plaisir que j’apprécie de m’accorder au cours de mes voyages!

L’après midi est consacré à une rencontre avec la section locale de Fdm-adfe et nous faisons un tour  d’horizon sur les conditions de vie en Équateur, l’insécurité et les questions scolaires. Les problèmes concernant les recrutés locaux sont notamment évoqués. S’ils disposent d’une assurance maladie qui leur permet de consulter dans un dispensaire, la plupart n’ont pas d’assurance vieillesse.  A également été évoquée la question de la validation des acquis, processus toujours difficile et ceci d’autant plus lorsqu’on est à l’autre bout du monde! La question des rythmes scolaires inquiète les personnes présentes mais j’obtiendrai des autorités équatoriennes l’assurance que le lycée La Condamine ne sera pas concerné par la division de l’année scolaire en deux périodes de 5 mois, ce qui ne serait pas compatible avec les rythmes scolaires français notamment pour ce qui concerne les dates d’examen.

Dîner offert par l’ambassadeur et son épouse à la Résidence qui réunit Brigitte Saiz, Conseillère à l’AFE, le Premier Conseiller, M. Pierre Pédico, le proviseur du lycée La Condamine, M. Thierry Greco, M.François Andres,  président de l’UFE, Mme Nathalie Marin, l’une des rares chefs d’orchestre femme en France, qui dirige l’Orchestre national de l’Équateur et deux autres musiciens en résidence à Quito.

Lundi 22 octobre

Petit-déjeuner de travail avec des représentants du monde économique. Je suis accompagnée par Brigitte Saiz et Pierre Pédico. M. Jean-Christophe Lievain, le Directeur de la Chambre de commerce franco-équatorienne, des représentants de Veritas, de la Coface, d’Alcatel Lucent, d’Oléo, de Schneider…etc, sont présents. Les secteurs économiques les plus dynamiques sont l’agro-alimentaire avec la culture du cacao, l’Équateur se  revendique comme étant le producteur du meilleur cacao et  le pétrole. La Chambre de commerce comprend 80 membres, participe aux journées pays de l’UCIFFE, au salon du chocolat. Une convention fiscale entre la France et l’Équateur est en place depuis 1992 et la négociation d’un accord de libre échange entre l’Union européenne et l’Équateur est malheureusement en panne pour le moment. Mes interlocuteurs déplorent tous le manque d’intérêt de la France pour un pays au fort potentiel et ils souhaiteraient la visite notamment de Mme Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur.

Visite ensuite de l’ambassade et du consulat et rencontre avec les agents. La situation des recrutés locaux est ici dramatique: ils touchent en moyenne 20% de moins que dans les autres ambassades, certains ne gagnent pas même de quoi vivre, leurs salaires est bien en dessous du marché local. Une « réparation » serait en cours. C’est une affaire à suivre de très près!

Côté enseignement, à Quito 137 élèves bénéficient de bourses scolaires, 25 dossiers ont été ajournés. La suppression de la PEC n’a pas entraîné plus de deux dossiers de bourses supplémentaires. Le CCPAS a en charge 25 dossiers, un peu plus de 10% de la population française enregistrée et 34 personnes bénéficient de la 3ème catégorie aidée de la CFE.

La question de la sécurité est évoquée par toutes les personnes rencontrées. Depuis ces cinq dernières années les vols et agressions se sont multipliés de même que les enlèvements et séquestrations rapides. L’insécurité est liée également aux risques naturels car l’Équateur est situé dans une zone à forte activité volcanique et sismique. La communauté française est régulièrement tenue informée via le site internet ou par SMS.

Déjeuner offert par l’ambassadeur au Club de l’Union avec quelques universitaires francophones.

Avec Florence Baillon, présidente de Fdm-adfe

Brigitte Saiz et moi- même retrouvons Mme Florence Baillon, conseillère auprès de la Ministre de la Culture, Mme Erika Sylva Charvet, pour une rencontre avec le ministre délégué, en même temps chef du parti, Mme la ministre étant empêchée. Le ministère de la Culture est un tout jeune ministère dans le gouvernement de Rafael Correa et tout ou presque est à créer. Le ministre délégué dit avoir besoin d’experts et de soutien  pour les projets qu’ils souhaitent réaliser, notamment dans la gestion patrimoniale. Le palais présidentiel devrait être ouvert à la population et transformé en musée.  Il souhaiterait qu’un membre du gouvernement français vienne pour l’inauguration de la maison de Guyasamin le 29 novembre. Je m’engage à relayer sa demande. Des élections se dérouleront en 2013, et cette fois c’est le chef de parti qui parle, il souhaiterait que des observateurs étrangers soient présents.

Visite ensuite du lycée La Condamine où nous sommes accueillies par M. Thierry Greco, proviseur et M. Medjarad,  proviseur adjoint et l’équipe administrative. L’établissement existe depuis 1966 et compte environ 1300 élèves. Le lycée compte 3 enseignants expatriés, 4 personnels administratifs expatriés, 30% de résidents au primaire et 40% au secondaire. Les élèves peuvent passer deux diplômes: le bac équatorien et le bac français. Quatre lycéens très sympathiques et bien préparés à la visite nous font visiter l’établissement. 75% des élèves sont équatoriens mais une grande partie dont nos 4 guides souhaiteraient poursuivre leurs études en France.

Comme le nombre d’élèves est estimé à 2000 à l’horizon 2017, un projet immobilier s’impose. Les travaux organisés en deux ou trois phases prévoient à court terme  la relocalisation du premier degré dans deux bâtiments neufs et de libérer des espaces verts et des espaces d’activité. L’association des anciens élèves est très active au sein de l’établissement…

Rencontre avec les parents :

Les parents rencontrés séparément  témoignent que le climat s’est apaisé depuis la nomination de M. Greco, nouvellement arrivé de Lima. De vives tensions existaient en effet depuis plusieurs mois, sans d’ailleurs que l’ancien proviseur ne soit en cause. Il est cependant constaté que le niveau de français est assez faible en maternelle et au primaire, ce qui rend l’intégration des enfants arrivés de France problématique dans les petites classes.

Rencontre avec les enseignants :

Une à deux classes ouvrent en moyenne par an et de plus en plus de personnel local est recruté. Les enseignants évoquent la question de la rémunération des recrutés locaux, particulièrement basse, qu’ils soient titulaires ou non, et celle du remplacement des congés de maternité. Le « vivier » est quasiment inexistant sur le plan local. Le problème des faux résidents est également évoqué, des personnels qui doivent finalement vivre de leurs économies surtout s’ils ont des enfants car leur salaire d’un côté, les frais d’installation et les frais d’inscription pour leurs enfants à l’école de l’autre ne sont pas équilibrés.

La journée se poursuit par la visite de l’Alliance française dirigée par Mme Hélène Bekker, également déléguée générale, que j’ai déjà eu le plaisir de rencontrer à Nairobi. L’alliance française est présente en Équateur depuis 1953. Le réseau est aujourd’hui constitué de cinq Alliances: Quito, Guayaquil, Cuenca, Loja et Portoviejo. Ces deux dernières sont dirigées par des recrutés locaux. Le recrutement d’enseignants est très contraignant en Équateur et les Alliances françaises font venir de France de jeunes enseignants de FLE en résidence d’un an correspondant à des stages de longue durée.  Cela est loin d’être  satisfaisant …. Par le biais de la Red de Excelencia l’Alliance s’est investie dans le suivi et la formation didactique des enseignants de FLE équatoriens des collèges membres du réseau.

La journée se termine par un vin d’honneur offert par la section de Fdm-adfe et Brigitte Saiz pour la communauté française, une nouvelle occasion d’échanger avec les Français établis à Quito.

Mardi 23 octobre

Levée à 4 heures du matin pour pouvoir attraper le premier avion pour Lima où Brigitte Saiz et moi arrivons vers 9 heures. J’ouvre un œil juste avant l’atterrissage pour entrevoir des masures sur une montagne désertique, pelée, le tout enveloppé d’une brume peu accueillante … Cette première impression est compensée  par l’accueil chaleureux de Mme Catherine Mac Lorin, Conseillère de Coopération et d’Action culturelle qui nous accompagnera tout au long de la journée.

La première visite sera pour le lycée franco-péruvien où nous sommes accueillies par M. Dominique Aimon, proviseur,  l’équipe administrative, M. Fitoussi, Mme Briançon, M. Dallier et Mme Vilchez, la directrice péruvienne. L’établissement, qui a fêté ses 60 ans d’existence en 2010, compte un millier d’élèves dont 52% d’élèves péruviens, 12% d’élèves de nationalités tiers  et 36% d’élèves français et franco-péruviens dont certains parlent très peu français. On retrouvera donc la même problématique qu’à Quito concernant l’intégration des jeunes enfants français et du niveau de français dans les petites classes. Malgré cela plus de la moitié des bacheliers vont poursuivre des études en France (62% en 2010).

Le lycée comprend, outre l’équipe administrative, 3 enseignants expatriés dans le secondaire et 26 résidents seulement pour 46 recrutés locaux dont un petit nombre est titulaire.

Avec Francisco Belaunde, président de l’association civile « Colegio Franco-Peruano » et Dominique Aimon, Proviseur du Lycée.

Rencontre avec les parents :

La question du projet immobilier est évoquée et, en filigrane mais bien présente, celle des frais de scolarité qui, de facto, élimine de plus en plus une partie de la population française.

Rencontre avec les enseignants :

Le problème du  recrutement est mentionné, celui du statut de faux résident qui est une aberration, certains des enseignants présents sont directement concernés, installation, frais d’inscription des enfants à l’école, ils en sont de leur poche … Les résidents plaident, comme je l’ai déjà entendu dans d’autres pays loin de la France, pour le financement d’un billet d’avion tous les trois ans pour la France, durée de leur contrat et je ne peux que soutenir cette demande. Les contrats locaux sont très nombreux et même si un effort de formation est fait, les différences de statuts sont source de tension potentielle.

Le déjeuner se déroule au lycée avec l’équipe administrative, des représentants des parents et des enseignants et nous dégustons de délicieuses spécialités péruviennes.

Aux côtés de Paul-Élie Lévy, Directeur général de l’Alliance française, de Catherine Mac Lorin et Corinne Pignard

Nous nous rendons ensuite à l’Alliance française, une des plus anciennes et des plus fréquentées au monde où nous sommes accueillies par le Directeur général, M. Paul-Élie Lévy et par Mme Corinne Pignard,  Directrice des cours. Nous visitons les magnifiques locaux de l’Alliance qui offre un large éventail de manifestations culturelles, théâtre, cinéma, expositions.

Aujourd’hui le réseau des Alliances Françaises au Pérou se déploie dans les principales villes du pays (Lima, Arequipa, Trujillo, Cusco, Piura, Chiclayo, Iquitos et Huancayo).

Pressées par le temps nous nous rendons dans les locaux de l’IFEA (Institut français d’études andines), situés dans un bâtiment annexe de l’Alliance en attendant un proche déménagement où le Directeur, M. Gérard Borreas nous présente son équipe, les chercheurs en résidence, nous expose leurs thèmes de recherche et nous donne un catalogue des récentes publications de l’Institut.

Accueil de M. Jean-Jacques Beaussou l’ambassadeur qui nous fait visiter la chancellerie et les locaux du consulat. Entretien avec Mme Marie-José Chaduteau-Haro, responsable du service consulaire,  avec le responsable de la coopération de sécurité qui m’explique les nouvelles formes de « tourisme » particulière au Pérou et qui entraîne un certain nombre de nos compatriotes dans les difficultés et avec eux les agents du consulat.

Permanence ensuite pour accueillir ceux de nos compatriotes qui ont souhaité me rencontrer.

Réception à la résidence de l’ambassadeur avec des représentants de la communauté française qui clôturera cette longue et belle journée

Mercredi 24 octobre

Brigitte Saiz devant rentrer à Caracas pour des obligations professionnelles, je me rends seule avec l’épouse de l’ambassadeur à Huaycán situé à une bonne heure de Lima pour visiter la station du Samu social dirigée par Catherine, infirmière en poste ici depuis 3 ans. Le projet de cette ONG en partenariat avec le Pérou est un peu en panne côté péruvien mais la présence de représentants du ministère de la santé laisse espérer qu’ils mettront bientôt à disposition les médecins et infirmières prévus. Chaque jour les équipes du Samu social parcourt les bidonvilles sur les hauteurs de Huyacán pour soigner, aider, conseiller les femmes et les enfants en situation de conflits, de violences, de détresse sociale. De plus dans leur centre de Huyacán une assistance médicale, psychologique et sociale est proposée pratiquement chaque jour et proposent leur soutien à des groupes de femmes, des organisations éducatives et autres.  Le Samu social constitue le premier point de contact entre le système de santé et les individus, les familles en situation de précarité et la communauté. L’absence de papiers d’identité exclue de fait cette population du système de couverture médicale mise en place par l’Etat. Le Samu social gère également un centre d’accueil et d’hébergement pour les femmes et les enfants victimes de violences familiales.

Retour à la Résidence où l’ambassadeur et son épouse ont organisé pour moi un déjeuner politique qui me permet de rencontrer M. Christiane Vidal, représentante de Fdm-adfe au Pérou.

Dernières visites à Lima: celle de la Chambre de commerce franco- péruvienne suivie de celle au Conseiller Economique et Commercial.

La Directrice de la Chambre Mme Martine Lebacq, M. Victor Brun, M. Max Porras m’accueillent et me donnent quelques informations sur l’activité de la Chambre qui compte une petite centaine de membres. C’est un club d’entrepreneurs qui organisent des évènements pour la communauté d’affaires et qui aide les Péruviens à aller vers la France en montant les dossiers y compris ceux des visas. Elle est affiliée à l’UCCIFE. Le Chambre de Lima travaille en coopération avec les CCI du Nord-Pas de Calais et de Bourgogne.

On compte 70 à 75 filiales d’entreprises françaises au Pérou et la Chambre est en mesure d’offrir un hébergement aux entreprises qui le souhaitent.

La Chambre  représente  officiellement Ubifrance depuis cette année.

M. Christian Beuscart, Chef du service économique pour le Pérou et la Bolivie me reçoit pour un dernier entretien. Malgré une augmentation régulière depuis plusieurs années, soutenue par la croissance au Pérou et les cours des matières premières, les échanges commerciaux avec la France restent insuffisants. La France importe essentiellement des produits agro alimentaires (coquilles St. Jacques, asperges, café, artichauts, farine de poisson seiches et calamars, avocats et mangues) mais aussi du  kérosène, et des plaques et produits manufacturés en zinc. Notre pays exporte des biens d’équipement, des produits chimiques et pharmaceutiques et du matériel de transport. La plupart des filiales importantes n’apparaissent pas dans la liste des principaux importateurs de produits français au Pérou car elles s’approvisionnent par le biais de centres de production ou distributions installés dans des pays tiers.

Départ pour  Paris où j’arriverai quelque 15 heures plus tard!

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*