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Budget 2011 - service civique et crédits de la mission Sport, jeunesse et vie associative

Je suis intervenue, ce mercredi 1er décembre au Sénat, sur le Service civique, dans la discussion des crédits relatifs à la Mission Sport, Jeunesse et Vie associative.

La montée en puissance financière de ce nouveau dispositif est positive. Cependant le "phagocytage" des crédits du programme "jeunesse et vie associative" est très regrettable. Il me semble en effet très pernicieux, et assurément contre productif, de faire payer aux associations et aux services déconcentrés de l'Etat le développement de ce "bébé" du gouvernement qu'est le service civique (qui, rappelons-le toutefois, est issu d'une proposition de loi de Yvon Collin, sénateur de l'opposition!).

Retrouvez l'intégralité de mon intervention ci-dessous:

Monsieur le Président, Madame le Ministre, chers collègues,

Un concert de louanges a accompagné le vote à la quasi unanimité de la proposition de loi de notre collègue Yvon Collin instituant le service civique il y a quelques mois.

Je ne m’étendrai pas sur les bienfaits de ce nouveau dispositif. Mais, encore ne faut-il pas galvauder le formidable enthousiasme qu'il a généré. Pour cela, il importe de veiller à des conditions d’accueil et de prise en charge des jeunes volontaires satisfaisantes. Cette problématique se pose d’ailleurs avec une acuité particulière dans le cadre des services civiques effectués à l’étranger. Au cours d’un déplacement en Haïti en juillet dernier, j’ai discuté avec de jeunes volontaires qui ont rencontré des conditions d’intervention tout particulièrement difficiles.

Madame le ministre, peut-on compter sur une session de formation et un accueil dignes de ce nom ?

J’évoquerai avec satisfaction la récente signature de la convention avec l’AEFE ouvrant aux établissements français à l’étranger la possibilité d’accueillir des volontaires. Cette possibilité très opportune gagnerait pourtant à être rapidement étendue au-delà des établissements en gestion directe.

La montée en puissance financière de ce dispositif, avec la progression spectaculaire à + 143% des crédits dévolus à la sous-action –service civique est bienvenue.

Mais, le service civique ne doit pas « cannibaliser » le budget du programme « jeunesse et vie associative ».

En effet, à périmètre constant, ce programme subit une baisse de plus de 20%. En réalité, on déshabille le Pierre des services déconcentrés et des associations de jeunesse et d’éducation populaire tant au niveau national qu’à l’échelon local, pour habiller le Paul du service civique.

Pourtant, il est assurément contre-productif et même légèrement pervers de « faire payer » aux associations le développement du service civique. Alors que sa réussite même passe tout autrement par un renforcement de ce maillage.

Nous ne pouvons accepter une politique de la jeunesse à deux vitesses : un service civique, excellente mesure, mais qui doit toucher cette année 15 000 jeunes et dont la sous-action dédiée absorbe autant de crédits que l’action 2 en faveur de la jeunesse et de l’éducation prioritaire, qui pourtant s’adresse à TOUS les jeunes de 3 à 30 ans !

Le service civique est une très belle idée, manifestation de l’attachement de notre jeunesse à la communauté nationale, et aux valeurs qui la fondent. Mais pour germer, cette conscience doit bénéficier d’un terreau favorable. Sa pleine réussite passe ainsi par un accompagnement des 12-16 ans vers une ouverture culturelle et citoyenne qui leur donnera le goût de l’engagement collectif ou individuel.

Le budget que nous examinons ce soir, ne portant pas cet investissement d’avenir est donc, j’ai le regret de le constater, parfaitement incohérent.

 


Publié le 02 décembre 2010