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Budget Action extérieure de l'Etat

Intervention en discussion générale pour le groupe socialiste

Monsieur le Président, Madame le Ministre, Chers collègues,

Ce soir, pour la 19ème et dernière fois, je participe au débat sur le budget du ministère des affaires étrangères et européennes… et je mesure la régression : les premières années, on ne parlait guère de finances mais de politique internationale et le débat se terminait par un vote unanime de soutien à l’action du ministre, quelle que soit la majorité gouvernementale.

Depuis 10 ans, les réductions de crédits et d’emplois ont tant frappé que c’est le sujet essentiel des débats et que la presse en fait ses grands titres.

En ce qui concerne les Français de l’Etranger, je mesure la régression. En 1999, mon rapport au Premier ministre sur « l’Exclusion sociale dans les communautés françaises » avait renforcé ou initié des mesures d’action sociale en faveur des Français et des communautés qui avaient perdu pied dans l’aventure de l’expatriation : formation professionnelle initiale et réorientation, appui à la recherche d’emploi, centres de formation professionnelle. Touta été méthodiquement privé de moyens ou supprimé.

Ne reste que la charité publique ou privée.

La 3ème catégorie aidéede la CFE, qui, à partir de 2002, avaient inclus les Français à l’étranger dans la solidarité nationale, n’est plus financée par l’Etat, c'est-à-dire qu’elle est vouée à la disparition.

La citoyenneté des Français à l’Etranger se réduit à la fonction électorale.

Présidente du groupe d’information internationale France-Territoires palestiniens du Sénat, je placerai mes propos dans la suite des paroles d’un grand témoin : le père Manuel Musallam, curé de Gaza jusqu’en 2009 :

« Pour nous, en Palestine, il est évident que ce n’est pas de pitié dont nous avons besoin, mais de justice. Nous sommes… dans une histoire où l’injustice règne en maître. La seule véritable expression de la justice, face à cela, c’est la mise en œuvre des droits fondamentaux de la personne humaine et du droit international. »

Depuis trois ans, le gouvernement français abreuve le peuple palestinien de pitié. On apporte une « aide humanitaire » aux Palestiniens victimes du blocus à Gaza, de l’occupation militaire en Cisjordanie.

Or en Palestine, le problème n’est pas humanitaire. La misère résulte d’une politique raisonnée de « dé-développement » menée par le gouvernement israélien, son armée, les colons. Nous sommes tous informés de l’asphyxie économique e sociale de Gaza, de l’israélisation de Jérusalem-Est, des exactions contre les biens et les personnes.

Aux Palestiniens, la France et l’Union européenne font l’aumône de leur coopération et de leurs financements. Simultanément, dans le plateau israélien de la balance la France met sa coopération militaire, ses échanges commerciaux, l’entrée dans l’OCDE, le rehaussement du partenariat avec l’Union européenne qu’on continue à négocier secrètement. Est-ce ainsi qu’on défend le droit ? En apportant tout son appui à un Etatqui viole systématiquement la légalité internationale ?

La France est membre du conseil de sécurité de l’ONU. Comment comptez-vous en faire respecter les résolutions ? Que ferez-vous pour qu’Israël applique la 4ème convention de Genève en Cisjordanie et mette réellement fin au blocus de Gaza ?Accepterez-vous de recevoir les défenseurs de Salah Hamouri, prisonnier français d’opinion en Israël ?

Compassion envers les Palestiniens, oui mais pas pour masquer le déni de droit, l’injustice. Face à cela les sociétés civiles palestiniennes, israéliennes, internationales recourent à la lutte non-violente dans toutes ses modalités connues. Mais c’est à l’Etat de faire respecter la légalité internationale. Il est grand temps que la France revienne à ses fondamentaux diplomatiques au Proche-Orient.


Publié le 26 novembre 2010