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Déplacement au Caire

Monique Cerisier ben Guiga a rencontré les Français du Caire les 21 et 22 février derniers.

Après un déjeuner de travail avec le bureau de Français du Monde –Egypte, Monique Cerisier ben Guiga a eu un après-midi associatif dans les locaux du Consulat général de France.

Elle a rencontré les deux associations de parents d’élèves du Lycée français du Caire ce qui lui a permis de faire le point sur le lycée et les projets de construction. Le Lycée français du Caire, établissement en gestion directe depuis 2000, présente un excédent de trésorerie de 200 à 300 000 euros depuis 4 ans. Un nouveau lycée est en cours de réalisation. Le lycée français du Caire a pu acquérir le terrain qui l’accueillera grâce aux crédits accordés par Lionel Jospin lors de sa dernière visite en qualité de Premier ministre. Les bâtiments de l’ancien lycée se trouvent sur un terrain loué pour une durée de 49 ans. Le budget prévisionnel pour la construction du nouveau lycée s’élève à 15M d’euros alors que le budget actuellement disponible est de 7,5 M d’euros. Un emprunt du budget différentiel est donc prévu sur 15 ans avec un amortissement sur 30 ans. Cet établissement aura une superficie d’environ 26 000 m² et comprendra une cantine et une piscine. Actuellement le lycée a une capacité d’accueil de 2.600 élèves pour les 3 cycles. Il est donc prévu que le primaire resterait sur le site actuel à Maadi alors que le collège et lycée seraient transférés dans le nouveau lycée ; 1 000 élèves seront concernés.

Les parents d’élèves ont soulevées divers problèmes liés aux transports. Ils ont insistés sur le fait que les bus n’étaient pas aux normes, les frais non pris en charge pour les boursiers et que la durée des transports avait tendance à s’allonger. A propos des enseignants, les associations ont précisé qu’ils sont recrutés pour un ou trois ans et que si on constate une réelle transparence pour le recrutement dans le primaire, qui est basé sur les rapports d’inspection, la transparence est moins évidente pour le secondaire. Les parents reconnaissent que la formation continue des enseignants est remarquable à l’étranger : un stage tous les ans ou tous les deux ans quand les enseignants de France se voient offrir un stage tous les 10 ans.

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 Monique Cerisier ben Guiga a donné ensuite une conférence au consulat général sur le thème de la double nationalité dans le droit français et le vécu de la double nationalité. Le débat a été riche de témoignages personnels et de questions de droit. Les Français de l’Etranger ressentent toujours de vives inquiétudes, générées par l’instabilité législative sur le droit qui leur est appliqué ainsi qu’à leurs enfants. Il a été mis à disposition une brochure sur les mariages franco-égyptiens élaborée par Nathalie Maugiron-Bernard, chercheuse à l’IRD.

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 Le lendemain, accueillie par M. Jean-Pierre Debaere, Directeur du SCAC, et son équipe, Monique Cerisier-ben Guiga a pu faire le point sur les questions culturelles et scolaires.

Le Centre Français de Culture et de Coopération (CFCC) souffre de contraintes budgétaires de plus en plus paralysantes pour les activités culturelles et éducatives. Le budget est en diminution de 16 à 17 % par rapport à 2008, diminution qui s’ajoute à celle de 15 % déjà subie l’année précédente. Les primes des licenciements intervenus en 2008 ont été financées sur le fonds de réserve du CFCC. Ce fonds se retrouve ainsi épuisé pour les dix années à venir. Il est à souligner que pour un établissement de ce type, un fonds de réserve devrait correspondre à 60 jours de fonctionnement. Or il atteint actuellement un seuil critique : 10 jours seulement.

L’avenir des personnels a ensuite été évoqué mettant en évidence des contraintes budgétaires telles que personnels français et égyptiens sont extrêmement inquiets. Les licenciements de 2008 provoquent un effet pervers : le budget de fonctionnement du CFCC ayant diminué de 43% à la suite du financement des indemnités de licenciement de 2008, il ne sera pas envisageable de financer les éventuels futurs licenciements aux mêmes conditions. Il en ressort un certain sentiment d’envie à l’égard des premiers licenciés, malgré leurs difficultés à trouver un emploi en dehors du CFCC. La stratégie actuelle consiste à sauvegarder les emplois existants, augmenter la polyvalence des personnes et à supprimer des emplois administratifs. De ce fait les départs naturels ou volontaires ne seront pas remplacés

 Le partenariat du SCAC avec les écoles égyptiennes de langue française a ensuite été évoqué. Ces écoles publiques et privées sont un des grands atouts de la francophonie en Egypte. Or le SCAC connaît des difficultés financières de plus en plus grandes pour faire fonctionner le réseau scolaire constitué du lycée français du Caire, de la Mission Laïque d’Alexandrie et des écoles égyptiennes de langue française. Le secrétariat des écoles catholiques vient compenser la baisse des financements français publics par une participation financière à son partenariat pédagogique avec le SCAC. Le lycée français du Caire doit jouer un rôle de « navire amiral » pour les écoles françaises et contribue notamment à la formation des enseignants. Les homologations vont s’étendre en 2009 à l’école des Jésuites et au collège de La Salle. A Alexandrie, certaines écoles égyptiennes s’engagent dans la préparation à l’entrée dans le système français d’enseignement à partir de la classe de 3ème. Ces écoles bénéficient de l’appui technique d’enseignants retraités (par le canal du GREF) et de volontaires internationaux du progrès (financés par la mairie de Marseille et par le conseil général de PACA).

Dans les écoles publiques égyptiennes, l’enseignement du français dès la première classe du collège pendant 3 ans a été programmé. L’expérimentation est en cours dans sept gouvernorats pour étendre cet enseignement sur 5 ans (sauf en Terminale). La question de la formation des 15 000 enseignants de langue française concernés se pose donc avec acuité. Il est à noter que l’enseignement de l’allemand et du chinois se développe en parallèle.

 L’Université Française d’Egypte (UFE) compte actuellement 400 étudiants. Elle bénéficie d’une forte collaboration avec Paris I pour la formation d’étudiants trilingues. Il est envisagé de ne plus exiger la maîtrise du français à l’entrée en première année et de proposer une formation linguistique intensive lors de l’intégration. L’enseignement est actuellement assuré par quatre assistants techniques français.

 Le budget des bourses pour doctorants suit la même tendance à la baisse que les autres budgets (-17 % en 2008). Le montant actuel d’une bourse s’élève à 1.200 euros/mois dont il faut défalquer la contribution à EGIDE et le logement. Les boursiers disposent donc d’un budget mensuel de 400 euros pour financer transports et vie quotidienne. C’est très peu.

Les échanges franco-égyptiens entre les laboratoires de recherche s’effectuent dans le cadre du programme IMOTEP qui offre des missions scientifiques et technologiques sur projets d’une durée de 2 ans. Sur les 40 000 demandes déposées chaque année, 12 000 sont accordées.

 Monique Cerisier ben Guiga s’est ensuite entretenue avec Mme Masdupuy, Consule générale, qui lui a présenté la situation des Français d’Egypte. 8 000 Français environ vivent en Egypte si l’on prend en compte non inscrits et saisonniers ; 6 000 Français d’Egypte sont inscrits au Consulat. La moyenne d’âge est de 38 ans et il y a très peu de Français résidents âgés. Cette population se répartit de manière égale entre hommes et femmes et on compte 27 % d’enfants.

Les Franco-égyptiens représentent 38 % des Français d’Egypte auxquels il faut ajouter 10 % de Français franco-libanais, franco-algériens, franco-marocains, franco-tunisiens etc… 10% sont des expatriés quant la moyenne mondiale est de 6 à 7 %. On peut noter que 80 à 100 entreprises françaises sont présentes en Egypte mais qu’elles fonctionnent actuellement avec un minimum de personnels expatriés.

Avec 500 000 à 600 000 touristes par an, la présence des Français pour le tourisme en Egypte se situe au 4ème rang après les Russes (2 millions), les Anglais, les Allemands et les Italiens.

 Les difficultés rencontrées par le Consulat général de France au Caire sont de plusieurs ordres. En premier lieu il faut faire face à un afflux très important de demandes de visas. Les locaux situés au rez-de-chaussée du consulat sont trop exigus, la salle d’attente déjà dégradée, la porte d’entrée et le sas si étroits qu’ils en sont symboliques de la fermeture de l’espace Schengen et de la France. S'il existe bien un accueil spécifique pour les personnalités et les étudiants, l'exiguité des locaux rend l'exercice difficile. Le plan de sécurité conforme aux modalités définies en coordination avec la mission interministérielle de 2008 est très difficile à mettre en place, tout comme les moyens de communication en cas de situation critique. Le budget qui a été accordé est très insuffisant : 50 000 seulement sur les 80 000 euros demandés.

De nombreuses difficultés résultent de la mise en application des nouveaux logiciels : sont donnés pour exemple, le logiciel GRECO pour l’état civil qui ne prévoit aucun espace pour les remarques ; le logiciel RACINE au service immatriculation dont l’utilisation est difficile ; le logiciel du secteur « bourses scolaires » qui est source de nombreuses erreurs.

Il est, ensuite, présenté à Monique Cerisier ben Guiga le montant des aides attribués aux Français en difficulté : elles s’élèvent à 3 500 euros pour la totalité des 500 000 Français de passage, 280 euros/mois taux plein pour les personnes âgées assistées, 70 à 80 euros/mois pour les enfants en détresse, 105 euros/mois pour les handicapés.

 En fin de journée, Monique Cerisier ben Guiga a rencontré les représentants des personnels de l’ambassade et du CEDEJ qui ont évoqué la situation des salariés en contrat local qu’ils ressentent comme très précaire. Le dernier cas de licenciement effectué au CEDEJ le 24 décembre, sans préavis et en l’absence de la personne concernée, a réactivé leurs inquiétudes.

La rencontre avec les Français du Caire s'est malheureusement terminée sur une note tragique avec l'attentat qui a provoqué la mort d'une jeune Française originaire de Levallois. Monique Cerisier ben Guiga s'est rendue sur les lieux et a accueilli le lendemain les parents de la victime. Elle a tenu le mercredi 25 février à les raccompagner à l'aéroport afin de leur apporter son soutien dans ce moment extrêmement douloureux.


Publié le 10 mars 2009
Mis à jour le 11 mars 2009