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Togo - 15 au 16 mai

Au Bénin, la brièveté de mon séjour ne m’a pas permis de m’informer autant qu’il l’aurait fallu de la situation du pays et de notre action de coopération. A Lomé, j’ai pu avoir plus d’entretiens. Mes différents interlocuteurs ont fait état de l’appauvrissement de la population au cours des quinze dernières années. Les élections législatives de 2007, paisibles à défaut de réelle transparence, ont donné les gages de la « démocratie » qui permettent aux bailleurs de fonds internationaux de reprendre leurs activités. Dans ce pays où l’appareil productif est sinistré, où les liquidités manquent, la reprise de l’aide internationale pourrait apporter une bouffée d’oxygène.

Notre coopération comporte des volets relatifs à la gouvernance, à la formation des fonctionnaires et à l’enseignement supérieur.

 La décentralisation envisagée n’a pas démarré après les élections législatives, faute des financements européens annoncés mais aussi pour des raisons de politique politicienne (risque de voir l’opposition prendre le contrôle de grandes villes ou de régions) et parce que la crise alimentaire et la crise énergétique prennent le pas sur les questions institutionnelles.

 Les bailleurs internationaux ont consacré 15 millions d’euros à la remise à niveau de la justice dont 1 million accordé par la France . Mais tout est à faire : formation de toutes les professions concernées, d’autant plus que les mieux formées partent actuellement à la retraite, diffusion des textes législatifs etc.

La question de la formation est cruciale aussi dans toute l’administration pour la même raison : ainsi le ministère de la santé perd-il 10% de ses personnels par an. L’ENA forme de cadres A et B mais sans équipement, sans moyens.

 Les deux universités accueillent au total 37000 étudiants. La France offre des bourses pour des doctorants et les accords inter-universitaires avec Poitiers et Lille facilitent l’organisation des stages. Mais le poste du gestionnaire des bourses a été supprimé au SCAC alors qu’il affectait la moitié des crédits d’intervention (780 000 €).

 D’une façon générale, on peut dire que la coopération française dispose de l’avantage d’avoir préparé des projets qui peuvent être proposés aux bailleurs internationaux. Par ailleurs, les Togolais sollicitent la France pour les secteurs de la santé et de l’éducation, mais leurs petits projets ne rentrent pas dans les plans de l’AFD et le service de coopération ne peut plus répondre à la demande de nos partenaires. Au total, au moment où il faudrait que la France relance son action dans un environnement devenu concurrentiel (bailleurs internationaux, Chine) les moyens et les personnels affectés à notre aide publique au développement passent sous le seuil de l’efficacité.

 Au lycée Français, la situation est meilleure qu’à Cotonou. Les bâtiments sont entretenus, l’équipement informatique suffisant. Le transfert des classes maternelles sur l’ancien site de l’ORSTOM a libéré de l’espace. Les petits sont admirablement installés dans ce parc arboré avec des aires de jeux spacieuses. Il faudrait que les classes primaires puissent rejoindre les maternelles mais le coût excède les capacités d’autofinancement de l’établissement.

togomai2008

 

Le Centre Culturel est toujours à l’étroit dans ses bâtiments du centre ville. Toutefois un bel effort a été accompli à la médiathèque, tant pour les adultes et les étudiants, que pour les enfants qui y étaient très nombreux le mercredi après-midi lors de ma visite. Leur bibliothécaire multiplie les animations et c’était un plaisir de voir ces enfants répéter leurs pièces de théâtres.

 Le Centre Médico-Social connaît les mêmes difficultés que celui de Cotonou et perd des malades depuis que les soins sont payants. C’est un bel équipement auquel il faudrait que la communauté française donne vie.

 Français Mensah-Duval, la présidente, et le bureau de l’ADFE-Français du Monde avaient organisé le dernier soir une réunion publique au restaurant le Triskell, tenu par des Bretons (comme son nom l’indique) qui nous ont offert l’hospitalité d’un bel apatam. Une soixantaine de compatriotes y ont participé et les débats ont porté sur la scolarisation, la vie quotidienne, l’accès à l’assurance maladie, l’adoption. J’ai constaté une fois de plus que l’ouverture de l’adhésion à la CFE sans pénalité pour l’année 2008 n’était pas connue des Français.

 

Après une matinée consacrée aux entretiens officiels et un déjeuner avec le bureau de l’ADFE-Français du Monde, j’ai repris la route pour rejoindre l’aéroport de Cotonou et décoller pour Paris.

 


Publié le 30 mai 2008