Isolé/e face au groupe constitué des anciens, il/elle n’est pas totalement libre de choisir et bien souvent il/elle finit même par adopter, sans en avoir vraiment conscience une argumentation faussée pour défendre le bien fondé de ce qu’il/elle a accepté contre son gré.
L’alcool aidant, ce passage est bien souvent accompagné de dérives qui n’ont plus rien à voir avec un parcours initiatique : pressions, humiliations de toutes sortes, brimades, violences, viols, comas éthyliques. Il arrive que les étudiants victimes de bizutage, ne retournent pas à leur université ou grande école. Certains d’entres eux connaissent des réactions dépressives, doivent consulter des psychiatres ou psychologues, car ils perdent leurs repères. Quelles traditions peuvent justifier de telles pratiques, de tels débordements, un tel gâchis ?
J’étais intervenue sur cette question auprès de Valérie Pécresse qui m’avait alors assurée qu’elle suivait la question et attendait la remise d’un rapport confiée à Martine Daoust, pharmacologue et rectrice de l’académie de Poitiers. Le rapport qui vient de sortir est alarmant. Il dénonce notamment « la complaisance de tous, y compris des établissements », il constate que « certains événements festifs sont des espaces de non-droit » et il dénonce également une « loi du silence » autour de « pratiques dégradantes ». Réaction de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche ? Elle a bien évidemment annoncé une nouvelle loi !
Et, de fait, les mesures annoncées se limitent à endiguer et à prévenir les abus d’alcool dans le cadre des week ends d’intégration qui devront être dorénavant déclarés à la préfecture à l’instar des « rave parties ». L’alcoolisme chez les jeunes est bien entendu un fléau contre lequel il faut lutter mais ce n’est pas suffisant : il faut aussi que cessent les pratiques de bizutages.
Et d’ailleurs pourquoi la loi de 1998 faisant du bizutage un délit, loi portée par Ségolène Royal alors ministre déléguée à l’enseignement scolaire dans le gouvernement de Lionel Jospin, n’est-elle pas tout simplement appliquée avec plus de rigueur ? La loi ne condamne pas les manifestations de rentrée mais elle est suffisamment explicite pour mettre fin aux dérives se produisant au cours des week-ends d’intégration. Elle laisse une large place possible à des réunions de rentrée conviviales et festives dans le respect de l’autre.
Alors appliquons la loi !