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Visite à Singapour 14 – 17 avril 2013

Dimanche 14 avril 2013

 Arrivée  en fin d’après midi à l’aéroport de Singapour où m’attendent l’ambassadeur, M. Olivier Caron et Marc Villard, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger qui m’accompagnera dans tous mes déplacements et entretiens à Singapour.

 Après l’installation à l’hôtel, je retrouve Marc Villard pour les dernières précisions du programme des jours suivants

Lundi 15 avril 2013

 La première matinée sera consacrée à plusieurs entretiens, le premier étant avec l’ambassadeur M. Olivier Caron. Le nombre de visites ministérielles à Singapour s’est intensifié depuis 2009. La visite de Jean-Marc Ayrault a permis de signer un accord de partenariat stratégique qui reprend l’accord de 2009.

Singapour joue un rôle politique, économique et stratégique éminent en Asie (ASEAN). C’est un pays fiable pour la France avec une stabilité politique forte, certes autoritaire (La liberté d’expression y est très « encadrée »). Singapour est le 5ème importateur mondial en matière d’armement et la France est un partenaire qui compte notamment dans ce domaine. Des projets conjoints de  recherche  en technologie de défense se développent entre les deux pays.

Singapour est la première puissance économique de l’ASEAN. Il y a plus d’investissements français à Singapour que singapouriens en France mais l’Agence française pour les investissements internationaux(AFII)est présente à Singapour afin de rechercher des investisseurs singapouriens qui se développent pour le moment davantage vers l’Asie. Peu d’obstacles entravent le commerce et un accord de libre-échange entre l’Union européenne et Singapour vient d’être conclu et est en attente de signature, parallèlement à un accord de coopération entre l’Union européenne et Singapour.

Depuis 2009 Singapour fournit des renseignements bancaires aux administrations fiscales sur demande.

Les quelque dix mille Français installés à Singapour travaillent dans le secteur bancaire et plutôt dans les grandes entreprises, essentiellement dans le secteur électronique. Les grandes entreprise françaises génèrent environ 40 000 emplois sur place. Parmi les Français de Singapour on compte aussi des créateurs de PME.  Créer une entreprise y est relativement facile mais obtenir un permis de travail devient plus difficile. La main d’œuvre étrangère a crû d’un tiers en dix ans et cette augmentation pèse sur les infrastructures et sur le logement (le montant des loyers  est exorbitant notamment pour les étrangers, les Singapouriens bénéficiant, eux,  d’un accès à la propriété de type HLM). Singapour compte 5,2 millions d’habitants sur une superficie de  699 km2 soit une densité de population de 7257 habitants /km2. Une partie des terres a été gagné par poldérisation. Une étude prospective récente a montré qu’à l’horizon 2030 la population atteindrait 6,9 millions d’habitants, ce qui a provoqué une vive inquiétude dans la population. Des mesures ont été prises pour limiter l’immigration mais elles ne touchent pas (pas encore !) la population française. Cependant le nombre d’expatriés diminue au profit du recrutement local.

 Le premier entretien avec l’ambassadeur est suivi d’une visite du consulat et d’un entretien  avec Mme Marie Vassallo, vice-consule qui me présente les agents au nombre de sept.  Trois d’entre eux  sont titulaires et  quatre sont recrutés locaux. Parmi ces derniers le « turnover » est important. Aucun ne reste plus d’un an, un an et demi. L’augmentation de l’activité consulaire est de 20 % par an. Un système de rendez-vous par internet a été mis en place. Le consulat délivre environ 5 000 visas par an essentiellement à des résidents tiers et le taux de refus est de l’ordre de 2 %. Un comité de sécurité est bien entendu en place : il s’agit essentiellement ici de risques sanitaires, type grippe aviaire, ou industriels venus des pays voisins.

 En ce qui concerne l’éducation, le nombre de boursiers est d’environ 60 sur 2 000 élèves, ce qui est peu mais il est en augmentation  suite au recul du nombre des expatriés par rapport aux jeunes familles en recrutement local.

 L’entretien suivant est avec M. Marc Piton, conseiller de coopération et d’action culturelle, directeur de l’Institut français. Singapour fait partie des postes expérimentaux. L’Institut français n’a pas de structure ouverte au public mais organise des activités culturelles en rapport avec des opérateurs culturels locaux tandis que l’activité de l’Alliance française se concentre prioritairement sur les cours de français.

Un accord culturel a été signé entre les deux pays en 2009. Des expositions des musées français sont organisées à Singapour (Louvre, quai Branly, Orsay), représentations de l’opéra de Paris pour les arts de la scène. En même temps Festivart 2015 sera organisé (et financé !) par Singapour dans différentes villes de France, des expos au Palais de Tokyo, orchestre symphonique de Singapour, etc.

En ce qui concerne le cinéma, la censure est très présente. De nombreux films sont interdits au moins de 21 ans, même Kirikou projeté à l’Alliance française a été censuré ! Cachez ce sein ….  La violence en revanche ne pose pas de problème …

La coopération universitaire et scientifique dépend de l’Institut français et le bureau de Campus France est hébergé par l’Alliance française. Environ 400 étudiants singapouriens vont étudier en France chaque année et dont une vingtaine d’entre eux bénéficient d’une bourse. Au retour les étudiants vont plutôt travailler dans des entreprises allemandes ou autres !

 M. Olivier Caron a  convié à déjeuner, outre Marc Villard et moi-même,  des représentants de la communauté française à la résidence de France.  Nous avons  pu ainsi échangé avec Mmes Jacky Deromedi, présidente de la section des conseillers du Commerce extérieur de Singapour, Ariane Nabarro, de l’UFE, engagée dans l’organisation humanitaire Graceheaven et représentatnte d’Alain-Pierre Mignon, conseiller à l’AFE, Claire-Lise Dautry, directrice de l’Alliance française, Geneviève Groslière, présidente de l’AFS-UFE, Valérie Bonin, correspondante de Michel Testard, conseiller à l’AFE, et Marie Vassalo, chef de chancellerie, MM. Hubert Testard, Chef du service économique régional, Marc Piton, Cocac, Pierre Verdière président de la Chambre de commerce à Singapour, Vincent Rosa fondateur de la « Petite Ecole » et Vincent Sciama, premier Secrétaire et attaché de presse de l’Ambassade.

 Nous  reprenons  ensuite les entretiens avec M. Hubert Testard, Chef du service économique pour les pays de l’ASEAN Directeur de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) en ASEAN et M. Frédéric Rossi, Directeur  d’Ubifrance. Les secteurs présents sur la place sont l’aéronautique, Singapour achète des Airbus, des ATR(avions de transport régional), l’énergie (gaz). Les entreprises françaises se positionnent sur les gros projets d’infrastructure, Alsthom (métro), Thalès (aéroport).

En chiffre global quelque 600 entreprises françaises sont implantées à Singapour. Pour comparaison, on compte 1100 entreprises allemandes …

 Ubifrance compte 11 salariés à Singapour répartis dans les 4 pôles d’activité usuels. Ubifrance accompagne 160 PME, organise une vingtaine d’événements par an et suit environ une soixantaine d’entreprises individuelles par an.

 Singapour est la 6ème destination pour les Volontaires internationaux en entreprise (VIE). Ils sont 243 et  leur mission dure de 20 à 22 mois et 80 % d’entre eux trouvent un emploi à l’issue de leur mission.

 Nous participons ensuite à une réunion conjointe de la Chambre de Commerce française de Singapour et des Conseillers du commerce extérieur français (CCEF) sur le thème: « Comment rétablir la balance commerciale de la France (hors énergie) ? » Sont évoqués dans le désordre le rôle de la Banque publique d’investissement (BPI) à l’étranger,  la promotion des réussites françaises à l’étranger dans les medias français, le rôle des VIE, important selon les participants, mais une PME cherchant à exporter a besoin de personnes d’expérience  et  devra plutôt recruter des experts locaux, une montée en gamme est nécessaire pour rendre nos produits plus attractifs,    importance de la recherche et du  développement,  meilleure utilisation du réseau des Chambres de Commerce, mise en réseau plus intensive avec les CCE en France, capitalisation des entreprises insuffisante, transmission du patrimoine et plus particulièrement  des entreprises, la formation des ressources humaines,  appréhension de la dimension culturelle du monde où l’on veut exporter, et puis des arguments plus politiques tels que la perte de compétitivité, charges sociales trop lourdes, les taux d’intérêt trop élevé, les délais de paiement inadéquats… un échange très dense de professionnels expérimentés.

 La journée de travail se termine par une interview  du Petit Journal. com

 Mardi 16 avril 2013

 La matinée sera consacrée à la visite du Lycée Français de Singapour où nous sommes accueillis par M. Patrick Sucur, Proviseur et M. Cyril Ouacham, Proviseur-adjoint. Le lycée compte actuellement et précisément 2 196 élèves dont 90 % de Français. En effet les Singapouriens ne peuvent scolariser leurs enfants dans des écoles étrangères. Le nombre d’élèves augmente de 10 % par an et il y a déjà 450 nouveaux inscrits pour la prochaine rentrée. Un projet immobilier d’un montant de 80 millions de dollars singapouriens est à l’étude actuellement et  le premier coup de pioche devrait être donné en juillet prochain. Autofinancement, emprunt, entreprises et AEFE financeront ce projet.

Les frais de scolarité varient de 8 000 à 14 000 euros selon le niveau et ils vont augmenter de 5 %. Il n’y a que 38 familles boursières, ce qui représente 60 enfants. Pas plus de 4 ou 5 familles ont des bourses à 100 %. Les entreprises peuvent acquérir des parts de fondateurs, ce qui explique leur poids prépondérant dans les décisions.

La place des langues est très importante et l’équipe pédagogique travaille à un meilleur équilibre entre le français et l’anglais. Tous les élèves font du mandarin à partir du CE2. Une réflexion sur une filière bilingue français-chinois est en cours.

Entretien avec les enseignants et le personnel non enseignant : 275 personnes travaillent dans l’établissement. Parmi les enseignants on compte 49 résidents sur 150. Les recrutés locaux touchent une prime pour le logement et une prime santé mais ils doivent s’assurer eux-mêmes pour la santé et la retraite. La plupart des Français sont  assurés à la CFE et MGEN. L’ISVL des résidents a diminué de 10 % alors que les loyers ont  plus que doublé.

 Entretien avec des représentants des parents, le Président du conseil exécutif, M. Laurent Mayer (Thalès), des membres du Conseil (6 personnes représentent les familles et 6 les entreprises). Le président insiste sur le bénévolat des parents qui gèrent le lycée et exprime sa crainte de voir l’Etat français abandonner le lycée. Il insiste sur l’évolution de la population française, composée de moins en moins d’expatriés. Beaucoup de familles sont exclues du système des bourses en raison du patrimoine et ont des difficultés pour faire face aux augmentations de frais de scolarité. Les familles françaises n’ont pas d’alternative.

Les parts de fondateurs versées par les entreprises donnent la priorité aux enfants des salariés de ces entreprises et comme l’établissement ne peut plus accueillir tous les enfants qui se présentent du moins au niveau maternelle, cela n’est pas sans poser problème… M. Mayer souhaiterait que l’AEFE aide l’établissement par le biais des remontées sur les salaires des résidents tout en soulignant que grâce à l’agrandissement de l’établissement la contribution de 6 % sur les frais d’écolage versée par l’établissement verra une augmentation de 1,8 millions de dollars singapouriens … Le discours est on ne peut plus clair…

 Valérie Bonin nous a invités à déjeuner chez elle avec Marie-Laure Caille, la correspondante de Marc Villard à Singapour. Elle souhaitait nous montrer son quartier et la manière dont vivent les Singapouriens. Nous échangeons sur les difficultés croissantes des petits entrepreneurs et après le déjeuner nous faisons le tour de son quartier jusqu’à un petit temple.

Nous visitons ensuite la « petite école » française  qui vient d’ouvrir trois classes de maternelle. Elle est située dans un quartier calme, verdoyant et peut bénéficier des installations d’une école voisine. Nous sommes accueillis par Madame Viviane Salin, directrice.  Son ouverture permet de pallier au moins un peu  le manque de places au lycée français.

 Nous nous rendons ensuite à l’ambassade pour la permanence et une dizaine de personnes ont pris rendez-vous.

 J’accueille ensuite la communauté française qui a répondu à notre invitation : une  soixantaine  de personnes, les questions sont nombreuses tournant notamment  autour de l’enseignement supérieur, de la reconnaissance des diplômes et de l’impossibilité d’obtenir un permis d’exercer à Singapour pour les médecins qui ne sont pas issus de l’université de Paris VI. (Paris VI est l’une des quatre universités françaises figurant dans les 200 premières universités du classement de Shanghai…. Un diplôme de médecin de Paris V ou VII n’a pas la même valeur à Singapour que celui de Paris VI).

 La soirée se poursuit par un dîner avec les membres de la section PS et fdm-adfe organisé par Mathias Assante di Panzillo, Geoffroy Ira, Valérie Bonin et Dominique Giboni, présidente de fdm-adfe dans un quartier pittoresque au bord de l’eau.

Avec Valérie Bonin, correspondante de Michel Testard, conseiller AFE, à Singapour

 Mercredi 17 avril 2013

 Dernière visite « officielle »  de l’Alliance Française  avec Marc Piton, Marc Villard et M. Pierre Morbelli de la section de FdM-Adfe.  Nous sommes accueillis par Mme Claire-Lise Dautry la Directrice  et M. Emmanuel Lainé, le directeur des cours. Fondée en 1949 l’Alliance française de Singapour est toujours présidée par la même famille ; ce qui dénote une fidélité certaine. Elle accueille 4 000 étudiants par an, et propose des cours de Français six jours par semaine. Dotée d’un auditorium   que  la Directrice souhaiterait  rafraichir prochainement,  et d’une galerie d’exposition.  L’Alliance accueille le Festival du Film Français chaque année et  organise également  une séance de ciné-club hebdomadaire. La médiathèque de l’Alliance française offre une collection de plus de 18 000 documents qui peuvent être empruntés ou consultés sur place.

 Marc Villard reprend le chemin de l’aéroport et du Vietnam et je m’accorde une visite passionnante du musée d’art du sud-est asiatique avec une guide française Mme Hélène Guéron.  Après le déjeuner partagé M. Olivier Caron, je reprends le chemin de l’aéroport pour  poursuivre mon voyage vers Bangkok.

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