1

Interview au petitjournal.com

Claudine Lepage (Photo LPJ Bankgok.com)

Lors de mon récent déplacement à Bangkok j’ai eu le plaisir de répondre aux questions d’un journaliste du petitjournal.com

Elue sénatrice (PS) des Français établis hors de France en 2008, Claudine Lepage est secrétaire de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication. Elle est également membre de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. En visite à Bangkok les 18 et 19 avril derniers, elle a bien voulu répondre aux questions du PetitJournal.com

LePetitJournal.com : Que pouvez-vous nous dire sur votre visite en Thaïlande ?
Claudine Lepage : Cette visite de deux jours m’a permis de rencontrer différentes composantes de la communauté française établie en Thaïlande. J’ai notamment visité le Lycée Français, où j’ai pu m’entretenir avec le directeur du primaire et la directrice thaïlandaise. Je n’ai malheureusement pas pu rencontrer les élèves qui étaient en vacances scolaires. Lors de ces rencontres, le projet immobilier de l’école de Bangkok m’a été présenté. Etant donné l’augmentation continue du nombre d’élèves, ce projet me parait vital pour l’avenir de l’établissement.
J’ai également rencontré les opérateurs économiques, (CCE, CCFT, et le représentant de la mission économique) ainsi que des entrepreneurs. Cela m’a permis de confirmer ce que l’on dit en France : la Thaïlande est un pays dynamique qui offre de réelles opportunités à condition, bien entendu, d’avoir un projet viable sur le plan économique. Il est, en effet, déconseillé de venir s’installer en Thaïlande, comme dans d’autres pays émergents, sans préparation et sans avoir connaissance des règles et du fonctionnement du marché local.
Lors de mon déplacement à Pattaya, j’ai également rencontré des retraités français venus en Thaïlande pour passer leur « retraite au soleil ». Ce type d’immigration s’est développé au cours de ces dernières années en Thaïlande mais aussi à Madagascar ou au Maroc. A Pattaya, une vraie communauté s’est d’ailleurs constituée avec ses propres interrogations.
Evidemment, ils n’ont pas les mêmes attentes que les entrepreneurs que j’ai pu rencontrer à Bangkok. Et s’il est important de s’intéresser à des entrepreneurs dynamiques, qui œuvrent pour notre diplomatie économique il est également indispensable de rencontrer nos compatriotes qui se sont établis ici, et qui à un moment ou à un autre se trouvent ou risquent de se trouver en difficultés. Il est important de ne pas les oublier.

Que vous ont dit ces retraités, que retenez-vous de vos rencontres avec eux ?
J’ai été beaucoup interpellée, comme souvent lors de ces rencontres, sur les questions qui touchent au social et notamment sur la Caisse des Français de l’étranger.
A ce sujet, je suis convaincue de la nécessité de rendre l’accès à la CFE plus abordable pour le plus grand nombre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La troisième catégorie aidée avait été créée dans cette optique mais je ne suis pas sûre que l’objectif ait été atteint car les tarifs restent élevés. Il faut peut-être étudier cette question pour rendre la caisse encore plus solidaire.
Le remboursement des soins, notamment en cas de cancer, est aussi une source d’inquiétude.

Quid des acteurs économiques ?
J’ai rencontré, comme je le fais à chacun de mes déplacements, de nombreux acteurs économiques. Michel Testard, conseiller AFE de la circonscription, avait organisé une table ronde portée sur l’économie. Trois entrepreneurs, ainsi que des membres la mission économique et de la chambre de commerce étaient présents. Les échanges ont été très instructifs et le dynamisme économique de la Thaïlande a été une nouvelle fois affirmé.

Le volet enseignement ?
A chacun de mes déplacements à l’étranger, je consacre une partie importante de mon temps  aux sujets liés à l’enseignement et à la culture. En tant que membre du Conseil d’administration de l’AEFE, je m’intéresse logiquement aux questions éducatives.
Ici, je n’ai malheureusement pas pu m’entretenir avec le COCAC (Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle et Scientifique de l’ambassade, ndlr) qui était absent, ni rencontrer les élèves qui étaient donc en vacances. J’ai toutefois rencontré les représentants des parents d’élèves du LIFB qui m’ont parlé des projets immobiliers.
Néanmoins, au cours de ce déplacement, les questions liées à l’éducation ont été nombreuses. J’ai notamment été interrogée sur la réforme des bourses scolaires, et plus précisément sur la suppression de la prise en charge(PEC).
Le témoignage que j’ai eu correspond à ce que je disais au départ, c’est-à-dire que la suppression de la PEC en juillet 2012, même si elle était souhaitée et attendue, a peut-être été un peu rapide, dans la mesure où des familles n’avaient pas prévu de payer la scolarité d’un ou de deux enfants au lycée et leurs revenus trop élevés ne leur permettaient pas d’accéder aux bourses sur critères sociaux. Je comprends donc tout à fait les craintes que ces familles ont pu ressentir au moment de la suppression de la PEC. Je tiens à préciser que cette suppression a également été accompagnée d’une réforme plus générale de l’aide à la scolarité.
Il est trop tôt pour savoir les conséquences que cette réforme aura en Thaïlande mais nous savons déjà que dans les pays où les points de charge étaient très élevés, cela signifiera une baisse des bourses d’une quotité de 100 %. Il faut désormais attendre les conclusions de la commission locale des bourses qui se tiendra au mois de mai, et de la commission nationale des bourses, dont je fais partie, qui se réunira en juillet. Il faudra se montrer très attentif aux résultats de cette première commission locale afin de procéder aux ajustements nécessaires et ainsi éviter que des familles soient trop pénalisées.

Comment procéder à ces ajustements ?
Je pense que dans un premier temps ce sera un examen au cas par cas, quitte à ajuster ensuite le barème pour l’année prochaine. D’après ce qui a été affirmé par la Ministre chargée des Français de l’étranger, Hélène Conway-Mouret, aucune famille ne devrait perdre plus de 20 % de quotité de bourse.

De nombreuses personnes se plaignent d’inégalité devant les bourses, dont le système favoriserait certaines familles plus que d’autres à revenu égal malgré leur train de vie plus élevé, qu’en pensez-vous ?
L’objectif du nouveau barème est justement de remettre plus de justice dans le système en le simplifiant et en supprimant les points charge qui avaient conduit à une dérive au cours des années.

Qu’en est-il de la réaffectation du budget de la PEC sur les bourses ?
Le budget de 31 millions qui était consacré à la PEC est réaffecté au budget des bourses sur trois ans. Cela signifie que, sur trois ans, le budget des bourses va continuer à augmenter d’environ 10 millions par an.

Il n’était pas plutôt question de réaffecter le budget chaque année ?
On ne peut pas compter comme cela car ce budget était d’une part appelé à augmenter et surtout il n’était pas financé à partir de 2013. La part de 2013 est donc réaffectée non pas en une fois mais en trois fois. Les boursiers sur critères sociaux bénéficient donc d’une augmentation des bourses.

Comment la réforme de l’Assemblée des Français de l’Etranger va-t-elle se traduire en Thaïlande ?
Si la réforme a été votée au Sénat, elle n’a pas encore été votée par les députés. Il est donc trop tôt pour vous indiquer les contours définitifs de cette réforme d’autant plus que le rapporteur de la commission des lois de l’Assemblée nationale a malheureusement remis à plat un grand nombre de dispositions. Une chose est sûre : dans les 130 consulats Français à l’étranger, des conseillers consulaires seront élus. Ces Conseillers consulaires auront une indemnité comparable à celle d’un élu municipal en France, de l’ordre de 250/300 euros par mois. Ces conseils consulaires seront présidés par le consul.
La réforme a pour principal objectif de rapprocher les élus de la population. A Bangkok, par exemple, il y aura trois ou quatre conseillers consulaires mais ces derniers ne seront compétents que dans la circonscription consulaire de Bangkok. Un échelon supérieur sera également maintenu avec les conseillers à l’AFE. Outre, le renforcement de la proximité, cette réforme a également l’avantage d’augmenter le collège électoral qui est chargé d’élire les sénateurs. Je regrette néanmoins que la compétence régionale des élus AFE ne soit pas souhaitée par notre gouvernement.
Le projet de loi sera discuté au mois de mai à l’Assemblée nationale.

Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 1er mai 2013

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*