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Refonder l’éducation prioritaire

Près d’un élève sur cinq est aujourd’hui scolarisé en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Celles-ci, mises en place au début des années 1980, accueillent principalement des élèves issus de milieux défavorisés. Leur objectif est de garantir à ces élèves un accompagnement spécifique, afin de réduire la forte corrélation qui existe, en France, entre milieu social d’origine et résultats scolaires. Force est néanmoins de constater, à la lumière de la dernière enquête PISA publiée en décembre, que cette corrélation persiste, voire s’accroît.

En cause, le manque d’efficacité des politiques mises en place dans ces zones, et notamment le manque de moyens : alors que les établissements classés ZEP sont supposés être mieux dotées que les autres, ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Ainsi, dans un référé adressé en juillet 2012 au ministre de l’Education nationale, la Cour des comptes soulignait-elle l’existence de « situations paradoxales, dans la mesure où des établissements confrontés à un échec scolaire important peuvent être moins bien dotés que des établissements qui ont des taux de réussite élevés« .

C’est ce constat qui a conduit Vincent Peillon à faire de la réforme de l’éducation prioritaire la nouvelle étape de la Refondation de l’école. Il en a présenté les principales orientations la semaine dernière en Conseil des ministres. La réforme comportera trois volets : pédagogie, ressources humaines, et environnement scolaire. Ainsi, comme le soulignait le ministre, » toute l’éducation prioritaire est concernée par la réforme« . L’idée est d’en améliorer tous les aspects, car agir sur un seul point ne serait pas efficace.

Le premier volet vise à perfectionner la prise en charge des élèves dans les zones prioritaires. Il prévoit de développer la scolarisation des enfants de moins de trois ans, avec un objectif de 30 % d’une classe d’âge d’ici 2017, d’étendre le dispositif « plus de maîtres que de classes » dans toutes les écoles de l’éducation prioritaire et d’assurer une prise en charge continue des élèves de 6e jusqu’à 16h30. Il est également prévu de créer des « internats de la réussite » directement dans les zones difficiles, au lieu d’extraire, comme le prévoient les internats d’excellence mis en place sous le précédent quinquennat, les meilleurs éléments de leur environnement.

Le second est axé sur les équipes pédagogiques. Aujourd’hui, ce sont souvent les primo-enseignants qui sont affectés en ZEP, alors même que les élèves qui y sont scolarisés ont besoin d’une prise en charge spécifique par des enseignants expérimentés. Il importe donc de stabiliser les équipes pédagogiques, mais également d’attirer des enseignants chevronnés. Pour cela, il faut revaloriser les indemnités spécifiques d’exercice et mettre en place une formation adaptée à l’enseignement dans des zones difficiles. L’idée d’une décharge de 1,8 heure par semaine a également été évoquée, afin que les enseignants aient davantage de temps pour travailler en équipe et assurer le suivi des élèves. Enfin, il importe de valoriser, dans le déroulement d’une carrière, l’enseignement en éducation prioritaire.

Le troisième pilier de la réforme a pour objectif de développer un cadre propice aux apprentissages dans les ZEP, par le financement d’actions pédagogiques innovantes, par un doublement des assistants de prévention et de sécurité dans les collèges, enfin par la création d’un poste d’infirmière supplémentaire dans les établissements les plus difficiles.

La réforme concernera les 350 établissements les plus difficiles, qui bénéficieront de davantage de moyens pour la mettre en œuvre. Une phase d’expérimentation doit débuter dès septembre prochain dans 100 établissements, les autres suivant à la rentrée 2015. L’objectif de la réforme est ambitieux : réduire l’écart de résultats entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres, aujourd’hui de 30 %, à 10 %. Cette étape de la refondation de l’école est fondamentale, et le projet, en englobant tous les aspects de l’éducation prioritaire, est gage d’efficacité.

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