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Angela Merkel et François Hollande devant le Parlement européen : oser plus d’Europe!

Mercredi 7 octobre 2015, le président de la République, François Hollande, et la chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel, se sont exprimés conjointement devant les députés européens réunis en session plénière à Strasbourg. Leur intervention, fort symbole de la coopération bilatérale entre les deux pays, s’inscrit dans le contexte des crises auxquels l’Union européenne doit faire face actuellement.

Cette allocution commune intervient, à l’invitation de Martin Schulz, président du Parlement européen, 26 ans après l’intervention de Helmut Kohl et François Mitterrand dans l’hémicycle le 22 novembre 1989 suite à la réunification de l’Allemagne et aux révolutions en Europe de l’Est.

©Communautés européennes, 1989

©Communautés européennes, 1989

26 ans après : les défis ont changé, la responsabilité particulière de la France et de l’Allemagne au sein de l’Union européenne s’est, depuis lors, incontestablement consolidée.

François Hollande a rappelé la multitude des crises auxquelles l’Europe doit faire face : la « crise économique dont nous sortons à peine », la « crise sociale avec des millions de jeunes sans travail » et la « crise humanitaire que nous devons affronter avec un afflux de réfugiés provoqué par la déstabilisation de régions entières, au Moyen-Orient, en Afrique, issus des conflits armées, et la résurgence de haines religieuses » , la « crise sécuritaire » en Ukraine et les attaques terroristes qui ont concerné plusieurs pays, dont le nôtre.

Le Président de la République a souligné l’importance de faire face aux peurs suscitées : « A chaque crise, des peurs se manifestent. Il faut vivre avec la peur. Mais il ne faut pas vivre dominé par la peur. Il n’empêche, il y a la tentation de repli national chaque fois qu’il y a une épreuve. Rien n’est pourtant plus vain que de chercher à se sauver seul, à se dérober, à s’abriter quand des événements majeurs se produisent dans le monde entier. »

En effet, François Hollande s’est prononcé sans ambiguïté sur le rôle incontestable d’une Europe offensive qu’elle est tenue de demeurer « forte pour garantir notre souveraineté ».

Cependant, il a admis aussi que l’Europe « a tardé à comprendre que les tragédies du Proche-Orient ou en Afrique ne pouvaient pas être sans conséquence pour elle » et qu’ « elle n’a pas prodigué, avec suffisamment d’ampleur, l’aide à des pays qui pourtant accueillaient dans des camps des populations toujours plus nombreuses ». Dans cette perspective, il a salué l’engagement de la Commission européenne qui tend à soutenir l’Italie, la Grèce, les Balkans de même que la Turquie confrontés aux transits de population. Aussi la coopération avec les pays africains demeure-t-elle, selon le Président, « essentielle ».

Il conclut : « C’est à nous, à nous, de prendre les décisions. Nous devons répondre à l’urgence et garder le cap sur le long terme. Celui d’une fédération d’Etats-Nations qui doit rester notre horizon. Et d’une certaine façon, 25 ans après, c’est à une autre unification qu’il faut procéder, celle des projets, celle des peuples, celle des intérêts communs. »

La chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a d’abord rappelé le succès de l’extension de l’Union vers lEst entrepris au lendemain de la chute du Mur. Depuis lors, ces efforts ont contribué à l’accroissement de la prospérité, à la liberté et à la diversité au sein de l’Union européenne. Elle a, pour sa part, également encouragé l’Europe à faire face aux défis futurs. Selon Angela Merkel, le passé a « démontré ce qui est possible ». Aussi a-t-elle fait référence à la crise financière internationale et la crise de la dette européenne pour rappeler que le fait d’« agir ensemble » a garanti la cohésion de la zone euro. Par ailleurs, elle s’est prononcée pour une orientation de la politique des affaires étrangères et de la politique de développement insistant sur la résolution des conflits et la lutte contre les causes de l’exode. Comme François Hollande, Angela Merkel est en faveur d’une consolidation du soutien à la Turquie. Elle a plaidé, de surcroît, pour la réformation du règlement de Dublin et pour la prise en main de l’intégration des réfugiés. Implicitement, le discours de la chancelière a dressé une analogie avec les défis soulevés par la chute du Mur. L’Europe viendra à bout des crises actuelles qui, contribueront à consolider l’Union européenne.

Même si les discours encourageants n’ont pas porté des propositions précises, je souhaite que les mois à venir révèlent la conception d’un projet politique sur les conflits en cours – hors de la rhétorique, mais dans la pratique. Bien que la France et l’Allemagne ne partagent pas le même point de vue sur tous les dossiers, les défis européens exigent une coordination du couple franco-allemand, car un échec signifierait aussi une perte importante de confiance dans les mécanismes de négociation européens.

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