Il y a quelques jours, la commission de la culture au Sénat a organisé une table ronde sur l’enseignement des langues, notamment de l’allemand.
Plusieurs spécialistes furent entendues: Mme Thérèse Clerc, présidente de l’Association des professeurs d’allemand (ADEAF) ; Mme Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) et M. Georges Thai, co-responsable du groupe « langues vivantes » au SNES-FSU ; Mme Béatrice Angrand, secrétaire générale de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ).
Je suis intervenue d’abord pour m’émouvoir de la composition si peu équilibrée de cette table ronde, avant d’évoquer quelques chiffres susceptibles de donner un éclairage différent de celui proposé par la présidente de la commission et les premiers intervenants.
Vous pouvez lire ci-dessous mon intervention et ici le compte-rendu complet de cette réunion.
« Je déplore que la table ronde ne soit pas davantage pluraliste ! Nous n’avons ici que des intervenants à charge contre la réforme du collège, à l’exception de Mme Angrand, ce que je trouve regrettable. Je suis très attachée à l’enseignement de l’allemand puisque j’ai passé la plus grande partie de ma vie en Allemagne. Je formulerai une remarque qui sera sans doute considérée comme provocatrice : l’allemand serait sans doute plus attractif s’il n’était utilisé comme moyen de sélection dans un grand nombre d’établissements. Seuls les bons élèves apprennent l’allemand ce qui est un peu dommage, car tout le monde pourrait l’apprendre.
Puisque nous n’avons eu connaissance que des chiffres avancés par le SNES, j’aimerais vous présenter les chiffres qui m’ont été communiqués. À ce jour, on compte 149 écoles maternelles bilingues, dont 60 en France ; 59 écoles maternelles en Allemagne et 50 écoles en France ont signé le 22 janvier 2013 leur adhésion aux principes de la charte de qualité franco-allemande pour les écoles maternelles bilingues. La commission des experts franco-allemande a validé l’adhésion de dix nouvelles en France et de trente écoles en Allemagne lors de sa réunion en mai 2015 à Hambourg. Dans le premier degré, 178 000 élèves apprennent aujourd’hui l’allemand à l’école élémentaire ; la ministre a fixé un objectif de 200 000 élèves à la rentrée 2016, soit une hausse de 12 %. Il y a, de manière évidente, plus d’élèves qui apprennent l’allemand dans les académies de Strasbourg et de Metz que dans les autres académies. Les élèves germanistes représentent 6 % des élèves à l’école élémentaire ; l’allemand étant la seconde langue vivante après l’anglais. Au collège, langues vivantes 1 (LV1) et 2 (LV2) confondues, 487 000 collégiens apprennent aujourd’hui l’allemand. La ministre a fixé un objectif de 515 000 élèves à la rentrée 2016, soit une hausse de 6 %. Avec la réforme du collège, le nombre d’heures de LV1, avec treize heures hebdomadaires sur les quatre niveaux répartis différemment, ne change pas. En revanche, le nombre d’heures de LV2 passe de six heures hebdomadaires à sept heures et demie. Ainsi, la réforme du collège prévoit une augmentation de 54 heures de LV2 sur l’ensemble de la scolarité au collège. Dans l’enseignement professionnel, le nombre d’élèves apprenant l’allemand en France est en hausse. L’année franco-allemande avait été l’occasion d’ouvrir, à la rentrée de septembre 2013, une première filière franco-allemande expérimentale en lycée professionnel industriel, en l’occurrence dans l’aéronautique au lycée Flora-Tristan de l’académie de Bordeaux. À la rentrée 2014, une section expérimentale a été ouverte dans le domaine de l’hôtellerie au lycée Georges-Frêche à Montpellier, en partenariat avec le Land de Brême. Le 24 novembre 2014, les ministres de l’éducation français et allemand ont annoncé l’ouverture d’une nouvelle section franco-allemande en Sarre (Berufbildungszentrum de St-Ingbert) et la Lorraine (lycée professionnel André-Citroën à Marly près de Metz) dans le domaine de l’automobile. À la rentrée 2015, une section concernant quatre établissements dans les domaines de l’énergie et du développement durable a été ouverte dans l’académie de Dijon. À la rentrée 2016, une section concernant quatre établissements dans la filière du bois devrait être ouverte dans l’académie de Besançon, en partenariat avec un ou des établissements bavarois.
En mars 2015, il y avait 6 357 enseignants d’allemand, en équivalent temps plein, et le nombre de postes ouverts aux concours – CAPES et agrégation – augmente significativement : en 2010, 199 postes ; en 2012, 340 postes et 514 postes en 2015. À partir de la rentrée 2016, tous les élèves débuteront l’apprentissage de leur LV1 au cours préparatoire et celui de leur LV2 en classe de cinquième. Tout ne va peut-être pas très bien, mais la réforme du collège va permettre, je l’espère, de développer l’enseignement des langues.
Enfin, je partage l’avis de notre collègue Claude Kern. Le recours aux locuteurs natifs dans l’éducation nationale serait une très bonne chose, ne serait-ce que pour pallier le manque d’enseignants pour donner aux élèves une dimension interculturelle. »