0

Déplacement au Cambodge 27 février au 3 mars 2018

Départ de Paris  le mardi 27  en fin de matinée et arrivée en début de  matinée   le mercredi 28 à Phnom Penh. Richard Yung et moi-même sommes accueillis par l’ambassadrice,  Mme Eva Ngyuen Binh qui nous conduit à notre hôtel pour une petite heure de repos avant  le premier rendez-vous avec Mme Ty Borassi, sénatrice, présidente du groupe d’amitié d’amitié France-Cambodge et M. Oum Sarith Secrétaire général du Sénat. Le Sénat vient d’être renouvelé et est, disons, monocolore. Nous sommes accompagnés par l’ambassadrice et M. Serge Bellini, attaché de coopération pour le français. Mme Ty Borassi a eu une longue carrière  dans le développement rural, dans l’enseignement et la diplomatie, elle a été ambassadrice dans de nombreux pays dont l’URSS, la Bulgarie, la Pologne, la Mongolie au Front Polisario et à l’OLP.  Mme Ty Borassi a tenu à nous rencontrer pour échanger sur la diplomatie parlementaire, la francophonie et renforcer les liens entre nos deux pays.

Nous nous rendons ensuite au lycée René Descartes avec M. Bernard Millet le conseiller culturel, M. Serge Bellini et Mme Mathilde Teruya Première secrétaire à l’ambassade. Le proviseur M.Guillaume Froeschl nous accueille ainsi que M. Yann Hervo,  président de l’APE puisqu’il s’agit d’un lycée conventionné en gestion parentale. Comme ce sont les vacances scolaires nous visitons un établissement vidé de ses élèves, ce qui est toujours dommage mais c’est le calendrier ! Aujourd’hui le lycée a atteint la limite de ses capacités, il accueille plus de 1000 élèves dont 200 boursiers. Le lycée  René Descartes fut créé en 1950 et inauguré en 1951. En 1959 le lycée accueillait 1642 élèves dont 50 % de Cambodgiens. Le sport était à l’honneur dès cette époque et aujourd’hui encore il abrite une  magnifique piscine et une belle salle de sports. A partir de 1970 et du coup d’état de Lon Nol, de nombreux Français quittèrent le  lycée. Des actes de violence se multiplièrent à Phnom Penh et quelques jours avant l’entrée des Khmers rouges un obus explosa devant l’école. Le lycée fut fermé. Pendant l’occupation des Khmers rouges le lycée fut utilisé comme ministère de l’information.

Après la chute des Khmers rouges le bâtiment principal du lycée français devint une école de commerce, aujourd’hui une faculté de management et ce n’est que peu à peu que l’établissement récupérera les bâtiments annexes qui forment aujourd’hui le lycée René Descartes.

C’est un bel établissement bien équipé, chaque  espace est optimisé!

Après la visite du lycée René Descartes, je me rends avec M. Bernard Millet à l’Institut français, une ruche remplie d’étudiants studieux de la médiathèque à la cafétéria !  Réouvert en 1990 avant même la signature des accords de Paris l’Institut français est devenu incontournable en matière de programmation culturelle. Je rencontre M. Serge Remy, commissaire de l’exposition Kep Expo. Cette exposition pluridisciplinaire met le projecteur sur un projet éco-durable à Kep, lieu de villégiature durant le protectorat français jusqu’en 1960 et depuis le retour de la paix au XXI ème siècle.

Je poursuis les visites culturelles avec M. Bernard Millet au centre Bophana où je rencontre Rithy Panh, réalisateur que j’avoue, à ma grande honte, ne pas connaître avant cette visite. Le centre Bophana,  est un  « centre de ressources audiovisuelles » pour le Cambodge et il a été inauguré en 2006. Il  est dédié à la reconstitution de la mémoire nationale. Le Centre est géré par deux associations, l’une de droit français l’AADAC (association d’aide au développement de l’audiovisuel au Cambodge) et l’autre de droit cambodgien l’ARPAA, (association pour la recherche, la production et l’archivage des documents audiovisuels). Le président est l’auteur réalisateur Rithy Panh. Le centre Bophana a choisi de développer une mission de service public en proposant gratuitement l’archivage et la consultation de nombreux documents audiovisuels d’une importance capitale pour la mémoire du pays

Le centre s’est donné également une autre mission : dispenser une formation professionnelle dans l’audiovisuel.

Le centre Bophana est en quelque sorte un lieu prolongeant le travail cinématographique du réalisateur Rithy Panh.  Selon lui, le travail de mémoire est une étape obligée dans le développement du pays.

« Je vois un lien entre l’absence de travail de mémoire et le déficit de démocratie, l’absence d’état de droit ou encore le sous-développement ».

« L’enjeu, écrit Rithy Panh, est surtout de préserver les générations qui viennent. Pour avancer, il faut des réponses aux questions. Nous ne pouvons pas laisser à nos enfants un trou béant dans notre mémoire collective ».

La recherche de financements est un vrai problème pour la survie de cette institution et les financements français, en complète régression, lui font cruellement défaut.

La journée bien remplie se termine par une réception que Richard Yung et moi- même offrons à la communauté française à la résidence de France. C’est le moment d’échanger avec nos compatriotes, d’approfondir avec eux certaines questions évoquées dans la journée  et de les découvrir. Ou de revoir des personnes qu’on a rencontré ailleurs comme notre amie Elisabeth Rayer directrice d’une nouvelle école française en cours de développement !

Il y a environ 5000 ressortissants Français inscrits au Consulat mais leur nombre tourne plus vraisemblablement autour de 10000 dont les trois quarts vivent à Phnom Penh.

La population française est composée de 43 % d’actifs, mais aussi de retraités, plutôt des hommes, qui viennent vivre leur retraite au Cambodge et qui, parfois refondent une famille, ce qui explique le nombre élevé de jeunes de moins de 15 ans. 50% des Français résidents au Cambodge ont la double nationalité.

Jeudi 1er mars 2018

 La première rencontre du jour avec Richard Yung et M. Serge Bellini se tiendra au Sénat avec le Secrétaire général du Sénat et plusieurs fonctionnaires francophones dont Mme Sok Mouny que j’ai déjà rencontrée dans le cadre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie et qui est Chef du Bureau de la Francophonie en charge de trois activités principales : les migrations, la formation des fonctionnaires francophones et la communication. Nous échangeons sur les programmes destinés aux fonctionnaires relatifs à la francophonie et à leur pratique parlementaire. L’un d’eux fera un stage d’un mois à l’ENA financé par l’APF.

Je me rends ensuite avec M. Bellini à l’Assemblée nationale pour rencontrer le secrétaire général administratif  de la section cambodgienne de l’APF, M. Heng Ratha. Il est également question de la formation des fonctionnaires et l’un deux se rendra également à Paris pour faire un stage d’un mois à l’ENA. Le stage sera pris en partie en charge par l’Assemblée nationale.  Cette année, il n’est pas prévu que la délégation cambodgienne participe aux travaux de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie car le Sénat vient d’être réélu et ne sera opérationnel qu’en avril et les élections législatives se dérouleront fin juillet.

Richard Yung et moi sommes invités à la résidence de France pour déjeuner avec la princesse Norodom Buppha Devi, le prince Sissowath Tesso et M. Xavier de Lauzanne, cinéaste. La princesse est la fille du roi Norodom Sihanouk et demi-sœur de l’actuel roi. Elle a été Ministre de la Culture et des Beaux-Arts et a contribué à sauver la tradition du Ballet Royal. Elle est aujourd’hui la directrice et chorégraphe du ballet royal qui sera à Paris au mois de mai pour deux représentations qui seront sans nul doute un évènement. M. Xavier de Lauzanne est en train de réaliser un film sur le ballet royal.

Je me rends dans l’après midi visiter le SIPAR créé il y a 35 ans avec M. Bernard Millet et M. Kari Desservettaz, responsable de la médiathèque à l’Institut français du Cambodge. Nous rencontrons le fondateur M. Hok Sothik , les salariés cambodgiens, les bénévoles et une VSI française.  L’objet de cette ONG est de promouvoir la lecture pour tous. Cela signifie créer des bibliothèques et former des bibliothécaires dans les écoles,  mais aussi dans les prisons pour permettre une meilleure réinsertion par la formation, les gardiens de prison sont eux aussi formés pour pouvoir former à leurs tour les détenus parfois très jeunes (à partir de 12 ans !), dans les usines textiles, très nombreuses autour de  Phnom Penh et qui emploient une majorité de femmes pour les sensibiliser aux questions de droits et de santé. Ils ont également une douzaine de bibliobus pour toucher le plus de populations possibles et sont implantés également en dehors de la capitale. Le SIPAR publie des livres, soit des créations originales, soit des traductions qu’ils vendent, ce qui leur crée des ressources à côté de dons et subventions notamment de l’Agence française de développement (AFD). Ils font un travail formidable et sont reconnus par le ministère de l’Education, le ministère de l’Intérieur (dont dépendent les prisons au Cambodge) et sont en voie d’être reconnus par le Ministère du Travail.

La journée et le séjour à Phnom Penh  se termine par un dîner que Richard Yung et moi-même offrons à la Résidence de France, auquel participent l’ambassadrice , M. Chhiv Yiseang, président du Conseil  pour la promotion de la francophonie cambodgienne, M. Samedy Sivathana , président de l’association des professeurs de français au Cambodge, Mme Meng Chandévy, architecte, vice rectrice de l’Université royale des Beaux-Arts et Mme Khuong Vichheka, Directrice générale adjointe en charge de l’enseignement scolaire du ministère de l’Education de la Jeunesse et des Sports  et M. Franck Touch, PDG de Khmer Dev et Kigi Data. Un constat d’entrée :  la baisse ides effectifs est importante dans le primaire et le secondaire, c’est indéniable (- 95000 sur 4 ans). Cependant les effectifs restent stables dans l’enseignement supérieur avec une forte progression à l’Université royale des Beaux-Arts où un département de langue française a été ouvert grâce à l’appui de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Le passage d’un politique de partenariat en lieu et place d’une politique de substitution est mal ressentie par les Cambodgiens. Le Royaume du Cambodge est membre fondateur de la Francophonie et ils restent sentimentalement attachés à la Francophonie mais les jeunes générations sont davantage tournés vers les pays anglophones et le Cambodge est proche de la Chine. L’enjeu est de montrer l’utilité du français. Sa pratique pouvant faire la différence lors d’un recrutement.

 

Vendredi 2 mars

Avec Richard Yung, nous nous rendons par la route à Siem Reap  pour l’université annuelle Asie- pacifique de FDM-ADFE en faisant une halte dans un marché aux insectes (grillés) et en visitant une cité ancienne khmer du 6e siècle : Le site de Sambor Prei Kuk, qui abrite près de 300 temples de briques.

Peu après notre arrivée nous retrouvons nos collègues Hélène Conway-Mouret et Jean-Yves Leconte et nos amis de FDM-ADFE venus de toute l’Asie et même d’Australie pour la maintenant traditionnelle Université annuelle FDM-ADFE  Asie-Pacifique organisée par le bureau de Fdm Cambodge. (Yvon Chalme, Bernard Podevin, Florian Bohême, Jean Lestienne).

Une soirée avec la communauté française de Siem Reap a lieu. Soirée conviviale d’échanges, de réponses  apportées à nos compatriotes parfois en mal d’informations.

Samedi 3 mars

 La journée est consacré au travail effectué par d’autres associations ou ONG .

Le directeur du lycée hôtelier Sala Baï qui nous accueille nous présente l’établissement qu’il dirige en tant que VSI (volontaire solidarité internationale). C’est l’ONG française Agir pour le Cambodge (APLC) fondée en 1985, qui a créé le programme Sala Baï en 2002 pour lutter contre la pauvreté et le trafic d’êtres humains au Cambodge, par la formation et l’insertion professionnelles de jeunes défavorisés.

Sala Baï est une école hôtelière qui forme gratuitement, chaque année, environ 100 élèves et jusqu’à 150 d’ici fin 2018. Ce programme, exclusivement réservé aux jeunes Cambodgiens défavorisés, donne la priorité aux filles (70%), souffrant d’une plus grande vulnérabilité et d’un moindre accès à l’éducation.

En 15 ans, plus de 1500 jeunes ont été formés et ont trouvé un emploi dans l’hôtellerie, le secteur le plus dynamique du pays, leur permettant ainsi de devenir financièrement autonomes et d’améliorer les conditions de vie de leur famille.

Former ces jeunes à un métier est un moyen rapide et efficace de lutter contre la pauvreté et le trafic d’êtres humains.

Ensuite l’association Anvaya par la voix de son président Borin Pin nous présente ses activités. Elle fédère la diaspora cambodgienne et aide les Cambodgiens au retour. Elle a une antenne à Paris, à Bruxelles, à Genève et se tourne maintenant vers le Canada et les Etats Unis. C’est une plateforme pour les Cambodgiens qui résident hors de leur pays. Il s’agit de mettre en avant les initiatives entrepreneuriales. La question de la double culture se pose.

La troisième association à présenter ses activités est AGIR ABCD avec qui FDM-ADFE est déjà en relation. Forte de 3500 adhérents,  reconnue d’utilité publique, l’association est représentée par Mme Danièle Toulemont, déléguée aux relations internationales et SAR Sylvia Sisowath, déléguée pour le Cambodge. Elle rassemble des retraités de tous corps de métier qu’elle envoie sur des missions, en France ou à l’étranger, limitées dans le temps ou sur des projets dont la réalisation est plus longue, la construction d’une école par exemple. Les bénévoles ne sont pas rémunérés mais leur déplacement et leurs frais sont pris en charge.

Après le déjeuner, délicieux, pris dans le restaurant d’application de Sala Baï nous reprenons avec la section de Tokyo qui nous présente ses nombreuses activités.

La représentation des Français de l’étranger et sa possible réforme sont ensuite à l’ordre du jour. Tout le monde s’accorde à dire que les conseillers consulaires sont à maintenir en leur donnant peut-être plus de moyens, plus de poids. Sur l’Assemblée des Français de l’étranger les positions étaient moins unanimes. La question de la représentation des Français de l’étranger au Conseil économique, social et environnemental a  a également été évoquée. La réflexion doit se poursuivre mais il est essentiel de confronter les points de vue.

Les débats sont passionnants mais il temps pour moi de partir ( et pour mon collègue Richard Yung). Nous reprenons donc l’avion pour Paris via Hanoï.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*