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Déplacement à Lagos du 6 au 8 mars 2018

Arrivée le mardi 6 mars en soirée à Lagos. Première expérience avec les embouteillages monstrueux de Lagos : Aurélien Sennacherib, attaché de coopération, chargé de venir me chercher à l’aéroport a mis plus de 3 heures pour arriver à l’aéroport à 23 kilomètres seulement de son point de départ ! Heureusement le retour vers Ikoyi où est situé mon hôtel est plus rapide : nous allons à contresens du flot de voitures quittant la ville pour les banlieues.

Le mercredi 7 mars, je me rends au lycée Louis Pasteur accompagnée de M. Laurent Polonceaux, Consul général de France et Aurélien Sennacherib. Nous sommes accueillis par Mme Pascale Lagleize, directrice de l’élémentaire (rencontrée il y a quelques années lors d’un déplacement à Chypre !), M. Willy Stienne, directeur administratif financier et Mme Catherine Terraz, présidente du comité de gestion. M. Alain Berna, le proviseur est retenu à Abuja pour les journées du réseau.

L’établissement accueille 680 élèves dont 30% de Français. L’école primaire est proportionnellement beaucoup plus importante car un certain nombre d’enfants nigérians sont envoyés dans des internats en Grande-Bretagne ou aux Etats Unis dès le niveau du collège. Le lycée ne comprend que 50 élèves.

L’établissement comprend 50% d’enseignants  résidents. Les conditions de travail sont bonnes, les effectifs sont raisonnables, des logements sur le campus sont disponibles à prix modérés et l’ISVL est élevée (en général la vie est très chère au Nigéria). Une crainte pour l’avenir concerne le non-renouvellement des détachements. Il est très difficile de trouver des enseignants localement, d’abord parce que le Nigéria est un pays anglophone et ensuite l’obtention d’un permis de travail pour recruter des enseignants béninois, par exemple, est compliquée.

Le projet pédagogique notamment linguistique est ambitieux avec un enseignement bilingue en primaire (70% en français 30% en anglais) et des cours de renforcement en anglais pour les francophones et en français pour les anglophones.  Non seulement les résultats au bac atteignent les 100% mais avec 100% de mentions !

Mme Terraz nous présente le projet d’agrandissement et les propositions de trois architectes. La visite du responsable des projets immobiliers de l’AEFE, M. Favret est annoncée pour choisir, avec le comité de gestion, le projet le mieux adapté. De beaux projets visant à repenser l’école.  Un tiers sera financé sur fonds propres, un tiers par le mécénat et un tiers par un prêt.

Nous faisons ensuite le tour de l’école et allons voir la nouvelle piscine qui est pratiquement terminée et devrait être bientôt mise en service.

Nous nous rendons ensuite dans la salle des Droits de l’Homme pour que je parle des droits des Femmes avec les élèves du secondaire (ça ne s’invente pas !). Après une présentation d’une vingtaine de minutes je réponds aux nombreuses questions des collégiens et des  lycéens. Les garçons du collège ne sont pas les derniers à poser des questions et c’est très encourageant pour l’avenir ! Un collégien vient même me voir après la conférence pour demander s’il ne serait pas possible d’avoir des cours sur les droits des femmes dans l’établissement ou bien de créer une association pour promouvoir les droits des femmes !

Après le déjeuner avec l’équipe du lycée, Mme Terraz et M. David Alt, vice président de l’APE, qui nous a rejoint, je me rends avec Aurélien Sennacherib dans les locaux de RFI où nous sommes accueillis par M. Robert Minangoy (rencontré au Burundi il y a quelques années) et l’équipe d’une dizaine de  journalistes et de 3 techniciens.  Parmi les journalistes se trouve Ahmed Abba libéré depuis peu de temps des geôles camerounaises où il a passé plus de deux ans et qui a rejoint l’équipe à Lagos.

Depuis Lagos, RFI diffuse en haoussa, langue parlée par des millions d’Africains au Nigéria, au Niger, au Tchad au Cameroun, au Ghana au Bénin et au Soudan. RFI diffuse 3 heures et demie par jour des bulletins d’informations internationale et nationale, des magazines, des analyses, des revues de presse, des reportages, des interviews et de la musique. L’équipe s’appuie sur un réseau de 15 correspondants haoussa dans la région et sur le réseau international de correspondants et sur l’expertise des journalistes basés à Paris. Je suis interviewée et l’interview sera diffusée le lendemain doublé en haoussa :

Compte tenu des embouteillages, la suite du programme (visite d’une galerie d’art) est annulée et je retourne à mon hôtel pour une interview avec Tabia Princewill du journal The Guardian (nigérian).

La journée se termine par un dîner autour de représentants de divers milieux, la conseillère consulaire Mme Carole Boissier, M. Polonceaux,  M. Hugo Herbert, Consul général d’Allemagne, Sophie Bouillon, plus jeune lauréate du prix Albert Londres  pour son livre Elles (livre sur les femmes  prostituées), Tabia Princewill,  Robert Minangoy et quelques autres dont Georgina une jeune franco-nigériane, illustratrice et Aurélien Sennacherib.

La matinée du jeudi 8 mars est consacrée à l’Alliance française avec Emmanuelle Ravot, Directrice des cours et Aurelien Sennacherib. Emmanuelle Ravot me présente l’Alliance française à Lagos qui est située non pas sur les îles plus huppées mais le continent dans le quartier de Yaba. Le propriétaire a donné congé des locaux peu accueillants, à l’Alliance Un projet de construction a vu le jour, financé à 100% par le mécénat. Les locaux seront également mis à disposition gratuitement pendant 10 à 15 ans. Une villa ancienne à Ikoyi (une des îles) sera restaurée et un bâtiment moderne complètera le projet. Des salles de cours, une galerie, une cafeteria, un théâtre de verdure sont prévus. Une inauguration partielle est prévue lors de la visite d’Emmanuel Macron en juillet. La nouvelle Alliance sera opérationnelle à partir de septembre 2018. Actuellement elle compte 1740 étudiants et 2140 avec les cours en entreprises. L’Alliance offre également des cours d’anglais pour les expatriés et/ou leurs conjoints et des cours de yorouba. L’Alliance fait un gros effort envers les écoles nigérianes pour proposer des cours. Et elle a pour projet de donner également des cours de français à l’université.

Nous nous rendons ensuite à l’Ethnic Heritage Center, partenaire de l’Alliance française. Nous sommes rejoints par Charles Courdent, directeur de l’Alliance française et délégué général de l’Alliance (déjà rencontré à Addis Abbeba et à Johannesburg).

Après le déjeuner nous nous rendons à Yaba où se trouve l’université de Lagos (Unilag) où doit se dérouler la table ronde à laquelle je suis invitée à participer sur le thème Legislating equal access to education and social Opportunity (retrouvez ici mon intervention). Les autres participantes sont une philosophe, professeure Sophie Oluwole, la première femme à avoir obtenu un doctorat au Nigeria, Rita Dominic, une star de Nollywood et Titilola Vivour-Adenyil qui travaille pour l’Etat de Lagos et est Directrice du service de lutte contre la violence conjugale et sexuelle : un éventail très varié de profils ! Tabia Princewill est la modératrice de la table ronde. Chacune planche sur son sujet, répond à quelques questions de la modératrice puis de la salle. Les questions sont nombreuses !

Il est temps de repartir pour la toute dernière partie du programme, la réception à la résidence du Consul Général avec les membres de la communauté française et enseignants et directeurs d’écoles nigérians pour échanger sur les deux sujets du mois : droits des femmes et francophonie !

Il est temps de dire au revoir, de se replonger dans les embouteillages vers l’aéroport et de reprendre l’avion vers la France. Ce séjour, très bref, trop bref m’a fait découvrir le Nigéria sous un angle différent de ce que j’attendais. Bien sûr les inégalités sociales sont nombreuses, l’obscurantisme et les violences liées à Boko Haram existent mais un dynamisme incroyable, une créativité débordante émerge du pays le plus peuplé d’Afrique. Un potentiel formidable ! J’espère que la venue du Président Macron fera avancer la relation entre la France et le Nigéria qui se tourne de plus en plus vers la Francophonie !

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