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Colloque sur les femmes pendant la Grande guerre

Jeudi 18 octobre, la Délégation aux droits des femmes du Sénat a organisé un colloque sur les femmes pendant la Grande Guerre. Au cours de la journée, plusieurs thèmes ont été abordés : l’émancipation des femmes au cours de cette période, l’intime et la guerre, la résistance des femmes dans les territoires occupés et les femmes au front.

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J’ai été ravie d’animer la seconde table ronde ayant pour thème l’intime et la guerre qui a permis d’évoquer tant le lien conjugal à l’épreuve de la guerre que la morale sexuelle ou encore les viols de guerre et la mobilisation contre l’avortement.

En temps de guerre, les couples ont dû trouver un moyen de communiquer afin de combler l’absence de l’autre et généralement ils ont choisi de communiquer par lettres. La première intervenante, Clémentine Vidal-Naquet, a étudié ces correspondances qui ont permis de découvrir le quotidien des familles mais aussi les relations de couples à l’épreuve de la guerre.

On ne peut s’intéresser à l’intime durant la première guerre mondiale sans s’interroger sur la question de la sexualité. Pour la seconde intervention, Jean-Yves Le Naour, auteur de « Misères et tourments de la chair. Les mœurs sexuelles des Français – 1914-1918 » a donc abordé le thème de la morale sexuelle pendant la grande guerre. Le premier point de son propos portait sur la redistribution des rôles induit par la mobilisation des hommes et par la nouvelle nécessité du travail des femmes. Leur permettant de sortir plus librement du foyer, le travail des femmes, vecteur d’émancipation, a fait craindre à certains poilus que leurs femmes se rendent coupables d’adultère. Le second point révélait l’organisation par l’armée d’une prostitution institutionnalisée « pour le moral des soldats » mais contre la morale.

La dernière intervention a porté sur les viols de guerre. Plus de deux millions de français ont vécu à cette période sous occupation allemande et de nombreux sévices à caractère sexuel ont été dénoncés dans plusieurs départements français. Témoin de cette préoccupation majeure, entre 1914 et 1919, une commission d’enquête confiée à des magistrats a produit douze rapports sur ce sujet.

Les viols de guerre ne sont pas spécifiques à la Première Guerre Mondiale et un travail de notre délégation aux droits des femmes, entrepris en 2013 à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, rappelait les dimensions gravissimes des violences sexuelles – viol, grossesses forcées, stérilisation forcée, mutilations, esclavage sexuel – dont sont victimes les femmes, à l’époque actuelle, lors des conflits armés. Notre rapport évoquait aussi la difficulté d’élever les enfants nés de ces viols, qui fait écho au débat français de 14-18.

Fabrice Cahen, auteur d’une passionnante étude intitulée « Gouverner les mœurs – La lutte contre l’avortement en France, 1890-1950 » a permis d’évoquer le débat suscité à cette époque sur les enfants issus des viols et la dépénalisation provisoire et exceptionnelle de l’avortement dans les territoires occupés.

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