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Mon déplacement à Cuba du 30 mars au 2 avril 2019

Samedi 30 mars

Arrivée à Cuba en début de soirée en provenance du Costa Rica. Pas de ligne directe, une escale prolongée au Panama. Amély et moi sommes accueillies par M. Éric Amblard, premier Conseiller à l’ambassade qui nous brosse un premier tableau de la vie quotidienne à Cuba, ses joies et ses difficultés d’approvisionnement. Nous arrivons au centre de La Havane où nous descendons dans un superbe hôtel repris par le groupe Accor et dirigé par un Français, M. Xavier Destribats. Nous découvrons au passage, « les belles américaines » aux couleurs vives, ce n’est donc pas un mythe !

Dimanche 31 mars

Accompagnées d’un guide francophone, enseignant à l’Alliance française, nous visitons la vieille ville de La Havane et découvrons ses palais magnifiques, certains restaurés et transformés en hôtel de charme, d’autres encore en ruine et dans l’attente d’être réhabilités.

Notre guide nous rappelle l’histoire de Cuba et évoque avec nous la vie cubaine qu’il apprécie tant, malgré l’éloignement de sa fille qui réside aux États-Unis. Depuis l’élection de Trump, il est plus difficile pour lui comme pour les autres Cubains d’obtenir un visa pour les États-Unis.

Nous nous rendons ensuite à la résidence de l‘ambassadeur M. Patrice Paoli à Miramar en empruntant le Malecon.   Il nous accueille ainsi que son épouse, pour une réunion de présentation de la situation à Cuba. M. Éric Amblard et M. Stive Zépi,le vice-consul participent également à cette réunion. La résidence est mise à disposition de la France par l’Etat cubain, à charge pour la France de l’entretenir.

La Communauté française est composée d’une part, de personnes âgées résidentes qui dépendent de l’aide sociale. Ce sont majoritairement des femmes, arrivées généralement pendant la révolution et qui étaient mariées avec des Cubains, exilés pour la plupart, qui sont revenus. Il y a également un nombre significatif de Français et Françaises qui épousent des Cubains plus jeunes et comme c’est le cas également dans d’autres pays, certains se font arnaquer. A Cuba le travail pour les étrangers est interdit sauf dans les ambassades et dans les structures internationales. Le salaire moyen à Cuba est de 25 à 30 dollars par mois.

D’autre part, la communauté française comprend également un nombre important d’expatriés travaillant pour des grandes entreprises françaises telle Bouygues, Total etc. Bouygues à lui seul représente 50% des quelques 1100 Français à Cuba. C’est d’ailleurs grâce à la présence de Bouygues que le lycée français Alejandro Carpentier doit son développement. La MLF a ouvert deux écoles d’entreprise en dehors de La Havane à proximité des sites de cette même entreprise.

Cuba attire environ 80.000 touristes Français par an. L’Insécurité n’est pas très élevée si l’on respecte certaines consignes notamment celle de ne pas conduire la nuit. Un accident peut avoir des conséquences très graves et un conducteur imprudent peut se retrouver pour de longs mois en prison. Des décès dus à une crise cardiaque touchent les plus de 60 ans parmi les touristes qui viennent d’arriver. Depuis le début de l’année, on constate autant de décès qu’en 2018 soit 12 personnes.

Ces statistiques sont partagées par les Allemands et les Suisses, ce qui est étonnant car cela ne correspond pas à un afflux de touristes.

Les réformes sont l’enjeu d’importance de cette période de transition.  Le successeur de Raul Castro, Miguel Diaz Canel devra trancher entre les deux camps : réformateur ou non. Actuellement la circulation de l’information s’est refermée. Les réformes à mettre en œuvre sont notamment l’unification monétaire et la diversification des marchés.  Miguel Diaz Canel semble plutôt orienté vers la modernisation entamée par Raul Castro parfois en contradiction avec son frère Fidel.

Les relations avec les États-Unis se sont dégradées : l’administration Trump a une position agressive envers Cuba, ce qui renforce la position des conservateurs car on en revient à une position de combat. La situation économique est très difficile actuellement notamment à cause de l’embargo américain.  Trump menace de réactiver la loi Helms-Burton (ce texte datant de 1996 permet de poursuivre devant les tribunaux américains toute personne ou entreprise ayant réalisé des bénéfices après 1959 à Cuba en profitant des nationalisations décrétées par Fidel Castro).

Les visas pour les États-Unis qui étaient délivrés auparavant pour une durée de 5 ans avec entrée multiple le sont maintenant pour un an avec une entrée unique et ne sont délivrés que dans des pays tiers à Cuba, ce qui rend très difficile le déplacement des Cubains vers les États-Unis, alors qu’ils sont très nombreux à y avoir de la famille.

Les principales difficultés portent sur le logement, les transports et la pénurie des biens. Les Cubains évitent d’exprimer leurs positions politiques, par précaution mais aussi parce qu’ils sont désabusés.

Après ce rendez-vous, la communauté française est invitée à une garden party : ressortissants français installés à Cuba, association des entreprises françaises à Cuba, entrepreneurs accompagnant le groupe d’amitié France Cuba de l’Assemblée nationale et les députés membre de la délégation ainsi que les agents de l’ambassade et le personnel du lycée français sont présents.

Nous nous rendons ensuite au théâtre Karl Marx (pouvant accueillir 5500 spectateurs !) pour rencontrer les jeunes acteurs de la Colmenita, une troupe de théâtre d’enfants dirigée par son fondateur Carlos Alberto Cremata. Nous sommes accompagnés de M. Eric Chaux, conseiller de coopération et d’action culturelle, M. Philippe Murcia, attaché culturel et M. Eric Amblard.

Après avoir assisté à une partie de la répétition, nous trouvons des places à l’intérieur du théâtre pour assister à la représentation d’une comédie musicale jouée, chantée par les enfants, les musiciens sont des adolescents et entre chaque tableau un artiste adulte connu chante lui aussi. C’est ainsi que nous avons pu voir ainsi un guitariste du Buena Vista social club. Un spectacle époustouflant, d’une grande qualité dans un théâtre plein à craquer.

Nous finissons la soirée à la Fabrica de Arte Cubana (FAC), lieu de culture pour qui aime la peinture, la musique et tout simplement prendre un verre et manger un morceau.

Lundi 1er avril

Nous nous rendons dans le quartier de Siboney avec M. Eric Chaux où se trouve le lycée français de la Havane Alejandro Carpentier, nom d’un écrivain franco cubain, réparti sur trois sites à proximité les uns des autres. Nous sommes accueillis par le proviseur M. Stéphane Coll. Le lycée, créé en 1972, accueille 320 élèves de la maternelle à la Terminale. Les classes sont homologuées jusqu’à la classe de seconde, l’enseignement en classe 1ère et de Terminale s’effectue par le CNED.

Les bâtiments sont en location tout comme l’ambassade et la résidence.  Le primaire occupe une villa ayant une histoire : elle fut habitée avant la révolution par un ancien Président de la République puis ensuite par une maîtresse de Fidel Castro. Le lycée emploie 70 personnes : 35 enseignants et 34 administratifs, il est géré par une association de parents d’élèves. 57% des dépenses sont affectées au personnel pour un budget de 2 millions.  Il est question de réaménager l’établissement mais des problèmes d’autorisation administrative se posent et la pénurie en peinture et en ciment rend la réalisation du projet encore plus difficile. La moitié des élèves sont français et les autres sont binationaux ou possèdent d’autres nationalités. Les Cubains n’ont pas accès au lycée français.   L’école n’est pas bon marché :  8500 $ pour la première inscription et 6500$ ensuite. Mais il y a de nombreux expatriés et les entreprises connaissent l’importance d’avoir une école française. Cependant le lycée français est deux fois moins cher que l’école internationale qui représente une vraie concurrence. Les frais de scolarité devraient augmenter de 3% l’année prochaine, en dessous du niveau de l’inflation (6%).

En maternelle l’objectif est de bien structurer la langue maternelle : l’espagnol ou le français pour pouvoir passer à l’apprentissage d’une autre langue. Les enfants ont 10h en espagnol et 14h en français.

Le proviseur pense adhérer à des parcours de langue (PARLE à l’AEFE) car la personnalisation des parcours dans l’apprentissage des langues lui semble important. Par ailleurs, l’anglais n’a pas un bon niveau car selon le directeur les élèves sont trop hispano-centrés.

M. Coll vient d’arriver, il veut donc surtout observer dans un premier temps et faire en sorte que le lycée fonctionne bien. Il souhaite créer une section internationale, et pense plutôt à une section américaine. Les élèves peuvent ensuite certes étudier en France mais ils pourraient aussi aller étudier aux États-Unis ou au Canada. En réponse à ma demande M. Coll me répond que créer une section internationale espagnole n’est pas possible car le lycée se trouve dans un pays hispanophone. Je me suis demandé si une section américaine à Cuba n’était pas quelque peu provocateur…

Le proviseur envisage d’introduire le mandarin comme troisième langue dans l’établissement. Les enseignants seraient mis à disposition par l’Institut Confucius.

Un des points forts de l’établissement en dehors de son enseignement, est le côté familial. Un des points de fragilité, commun aux petits établissements, est de rester avec les mêmes enfants toute leur scolarité ce qui peut être difficile, en cas de harcèlement par exemple.

Après avoir visité les trois sites du lycée Alejandro Carpentier nous nous rendons à l’Alliance française, un magnifique bâtiment, un palais mis à disposition de l’Etat cubain à la France en 2015, inaugurée par François Hollande lors de son déplacement à Cuba, à charge pour la France de l’entretenir …C’est un bâtiment classé dont les façades sont en réfection.

Nous sommes accompagnées de M. Eric Chaux et accueillis par le délégué général à Cuba de la fondation Alliance française, M. Marc Saegert et M. Christian Flores directeur pédagogique. L’Alliance a trois sites à La Havane et elle est également présente à Santiago.

L’Alliance de La Havane est l’une des premières au monde en termes du nombre d’heures de cours et du nombre d’étudiants. Elle comprend 12 salles de classe et 2 salles d’exposition. Actuellement, il y a une liste d’attente de 2500 élèves qui a augmenté de 250 élèves cette année. L’Alliance propose un programme d’apprentissage du français pour enfants de 5 jusqu’à 12 ans. Ensuite existe un programme pour les 12-17 ans.

L’idée est d’ouvrir des cours à l’extérieur notamment à la casa Victor Hugo destinés surtout pour les adultes travaillant dans le tourisme.

Tout un travail est accompli pour lier le pédagogique et le culturel. L’Alliance propose donc  des lectures de texte avec un programme pédagogique en amont qui permet d’étudier le texte, accompagnées  de musique live et d’un verre de vin et si possible l’auteur est invité.

Un chorégraphe et un danseur cubain mais résidant en France vont faire une performance à l’Alliance.

L’Alliance travaille en bonne entente avec l’ambassade, elles ont donc pas mal de projets en commun. Le modèle économique de l’Alliance est très difficile car c’est l’une des plus pauvres, elle ne pourrait pas survivre sans l’aide de l’ambassade. Le prix des cours est fixé par l’État cubain, ils sont très bas donc l’autofinancement est très compliqué, l’équilibre des comptes est difficile à atteindre.

Une autre difficulté rencontrée par l’Alliance est le vieillissement du corps professoral. Comme on ne peut pas augmenter le prix des cours les enseignants gagnent très peu d’argent. Ils gagnent entre 0,5 et 3 dollars de l’heure. Beaucoup complètent leurs revenus en servant de guide aux touristes

Tout un travail se fait pour améliorer la visibilité de l’Alliance française mais comme aucune publicité n’est possible à Cuba, ils ont fait une plaquette sur les cours, publié un catalogue sur le festival du cinéma français et tourné un spot publicitaire diffusé avant les films de ce festival. Ils ont créé une page facebook, un compte twitter et instagram même si des difficultés d’accès à internet sont à déplorer, les réseaux sociaux sont très suivis.

L’Alliance publie également un bulletin mensuel « La Bohème » qui devrait être mis en ligne par la suite.

Des partenariats avec des universités doivent être signés. Deux projets vont bénéficier d’un FSPI, l’un sur le français et l’autre sur la formation professionnelle

Pour ce qui concerne le français : il n’est plus enseigné dans les écoles depuis les années 70, supplanté par le russe mais il est encore enseigné dans certaines universités, parfois sans professeur, seulement avec des livres.

Le français est également enseigné dans des écoles spécialisées pour adultes dans le secteur du tourisme par exemple. Les départements de Français vivotent d’où l’idée de les redynamiser, par la venue de formateurs à l’occasion du colloque des professeurs de français, par l’envoi de professeurs du supérieur et 40 assistants de FLE (français langue étrangère), alors que l’accès aux écoles et universités est très restreint pour les étrangers

Le projet sur la formation professionnelle quant à lui se fera en coopération avec l’IUT de Bayonne.

En réponse à ma question sur l’impact de l’augmentation des frais d’inscription dans les Universités en France, le Délégué général me répond qu’il est encore difficile à évaluer. Les Cubains qui vont en France n’y passent pas une année complète mais plutôt quelques mois et donc ne sont pas inscrits. Les Cubains ne pourront pas payer 2700€ mais pour l’instant la mesure ne concerne pas ceux qui suivent des programmes d’échanges.

Dans le budget ambassade, une part a été réservée pour compenser des exemptions de frais d’étudiants. Le nombre d’étudiants qui part en France n’est pas élevé à Cuba et, par ailleurs, certains qui partent sont en doctorat et ne tombent pas sous le coup de la mesure.

Des mesures d’économie sont mises en place à l’Alliance. Il a été mis fin à 10 contrats et la possibilité de supprimer d’autres postes à l’avenir est envisagée. Toutes les dépenses sont désormais vérifiées par le directeur ce qui permet de vérifier les postes de dépenses.

De nouvelles sources de revenus sont envisagées : la location de ce bel espace reste à développer mais pour pouvoir louer, il faut que les gens connaissent le lieu et qu’il soit attractif. Sur la terrasse un projet de pergola et de bar est en cours de réalisation : le projet architectural vient d’être validé et les travaux ont commencé.

 

La visite est suivie d’un déjeuner de travail.

L’après-midi sera consacré à une visite du Cenesex (centre national d’éducation sexuelle). Nous sommes accompagnés par M. Jean-Marc Ville, conseiller consulaire et MM. Eric Chaux et Eric Amblard.

Nous sommes accueillis par M. Manuel Vazquez Seijido qui nous présentera les activités du Cenesex, la situation des femmes  et des populations LGBT. Le Cenesex a été créé il y a une trentaine d’années par Mariela Castro qui viendra d’ailleurs nous saluer, fille de Raul Castro. Il s’agit d’une initiative de la société civile et plus particulièrement de la Fédération des femmes pour traiter des thématiques autour des droits des femmes avec la volonté d’aborder la question de l’éducation sexuelle. La sexualité est considérée dans sa globalité, pas seulement dans sa dimension sanitaire mais aussi sociale et comme vecteur de droits humains. Les sujets traités se sont étendus à la violence contre les femmes et à la violence de genre (ce qui inclut les personnes transgenres). La fonction première du Cenesex est de contribuer à l’éducation sexuelle et éviter toutes les discriminations.

Ils font un gros travail de recherche car c’est le fondement de leur travail. Ils sont considérés comme un centre d’études intégré dans l’université de la Havane.

Ils proposent un programme de formation élaboré par eux : de master, de doctorat, d’activistes dans différents domaines, pas seulement dans le domaine de la sexualité : ils travaillent sur la  société, le développement communautaire. Ils proposent un service d’orientation juridique pour les personnes victimes de violences, ils organisent aussi des journées thématiques qui peuvent s’étendre sur des périodes assez longues : de février à juin par exemple.  Ils travaillent également sur l’information, la communication et organisent des campagnes.

Ils possèdent leur propre maison d’édition pour publier la plupart des résultats de leurs recherches.

Ils organisent des espaces de débats en faisant venir des gens du monde entier pour  échanger   sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Il est très difficile pour les femmes de déposer une plainte pour viol ou pour violences. La formation de la police est une tâche du Cenesex et elle est essentielle avec l’aide du PNUD (programme des nations unies pour le développement).

Le thème des violences de genre est désormais dans la Constitution. Le code de la famille va être révisé avec soumission à un referendum. Une des questions est la reconnaissance du mariage de personnes de même sexe. Les débats dans la société sont très vifs, les églises y étant opposées mais la Constitution reconnaît déjà les unions de fait et mentionne non plus la famille mais les familles. La population considère que les homosexuels doivent disposer des mêmes droits que les autres.

Après cette riche visite nous rentrons à notre hôtel. La journée se terminera par un très sympathique dîner chez Jean-Marc Ville et son épousedîner auquel participeront également sa suppléante Rachel Paz accompagnée de son mari Raul Paz auteur-compositeur, interprète bien connu des amateurs de musique cubaine.

 

Mardi 2 avril

Nous nous nous rendons avec M. Patrice Paoli, son épouse Annie, M.Michel Oldenbourg, chef du service économique et M. Stive Zepi, vice consul à San José de Las Lajas pour visiter la rhumerie Havana Club International.

La célèbre marque de rhum fait partie du groupe Pernod Ricard. Nous visitons la distillerie et sommes conduits à travers les différentes étapes de la fabrication du rhum. La visite se termine par une dégustation menée selon les règles de l’art.

Nous retournons à La Havane pour un déjeuner autour des thèmes économiques auquel participera M. Paoli, M. Eric Amblard, M. Michel Oldenburg, M. Calogero Sciandra, directeur de l’Agence de l’AFD à Cuba.

La situation économique de Cuba est inquiétante du fait de l’effondrement de l’économie vénézuélienne : Petrocaribe lui permettait de se fournir en pétrole en versant 30% tout de suite et le paiement du solde était espacé sur plusieurs décennies. Par ailleurs, la coopération médicale rapporte à Cuba 5 milliards de dollars contre l’envoi de 30000 médecins.

Aujourd’hui l’économie cubaine végète. Le seul moyen pour répondre au problème de liquidités serait   d’investir sur les marchés financiers internationaux mais ils sont bridés donc le seul moyen aujourd’hui est de réduire les importations. Ils importent pour 10 milliards de dollars dont 2 pour la nourriture, ce qui représente 80 % de la consommation dans le pays. 3 milliards sont consacrés à l’importation de pétrole, il ne reste donc que 5 milliards pour financer infrastructures et investissements productifs.

Les investissements directs étrangers (IDE) sont complexes et la dualité monétaire rend les comptes illisibles. Par ailleurs, les investisseurs étrangers ne peuvent pas employer qui ils veulent :  ils doivent passer par une Agence d’emploi (les étrangers payent mensuellement 700 $ à l’Agence et le salarié touche 30$).

On parle de réunification monétaire depuis 25 ans mais ce n’est pas vraiment d’actualité : les coût financier et humain seraient trop importants. On considère que 2/3 des entreprises cubaines sont déficitaires et l’état les subventionne pour les préserver alors même qu’il doit aussi absorber le choc de l’effondrement du Venezuela.

La politique actuelle des États-Unis n’arrange pas la situation :  sanctions et menaces de sanctions américaines créent un climat anxiogène et donc les investisseurs ne viennent pas. Actuellement même les hôteliers s’inquiètent car eux-mêmes souffrent de la pénurie.

Cuba doit, en outre faire face à d’autres problèmes comme la fracture sociale qui est de plus en plus visible ou encore les pertes agricoles. 60 à 70% de la production agricole est perdu notamment du fait des pannes (par conséquent la collecte de lait se fait en calèche). Et par ailleurs la vente ne peut se faire que dans une zone de 10km autour de la ferme et une partie de la production revient à l’État.

L’AFD est présente à Cuba depuis 2016. Elle soutient des projets dans le secteur agricole, la modernisation de la filière de l’élevage bovin et dans la réhabilitation et la modernisation des réseaux d’eau et d’assainissement endommagés par l’ouragan Irma. Elle a permis un partenariat entre la SNCF et l’Union ferroviaire de Cuba et a financé l’équipement de centres d’analyses et de soins rattachés au Ministère de la santé.

Aucune banque française n’est présente à Cuba depuis que BNP Paribas et Société Générale se sont retirés (la dernière en 2014) parce qu’il est impossible de faire des transactions en dollars.

Les comptes de résidents Français sont fermés par les banques quand elles voient des transactions cubaines. Les retraités ont aussi des problèmes pour percevoir leurs pensions : sauf s’ils ont un compte à la Banque postale, en effet celle-ci n’a pas d’intérêts aux États-Unis.

Tous les alliés de Cuba se trouvent dans une situation compliquée : Nicaragua Venezuela, Algérie, où ils envoient aussi des médecins contre du pétrole, ce qui accentue encore les problèmes de Cuba.

Quelques compatriotes m’attendent pour la permanence que je tiens dans les locaux la section consulaire avec Jean-Marc Ville. Des problèmes propres à Cuba tels la question de la fermeture des comptes en banque, les transferts bancaires, le versement des retraites, et les paiements vers la France (impôts, CFE), mais aussi la question récurrente des certificats de vie sont évoquées.

Stive Zépi me fait part de la difficulté particulière que représente la fin des prérogatives notariales dans un pays comme Cuba.

Il est temps de rentrer à l’hôtel pour boucler les valises.

M. Paoli a prévu un dîner à la résidence avant de reprendre l’avion pour Paris. C’est un moment fort de convivialité et d’échanges et je garderai un souvenir particulier de ce déplacement à Cuba.

 

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