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Une menace voilée ?

cniAprès les éphèbes, après l’héritier voici que l’on nous ressort l’identité nationale. Quand ce ne sont pas les médias qui nous montrent du doigt ce qu’ils estiment être l’essentiel de l’actualité, c’est le pouvoir qui nous indique ce que nous devons penser. Trop c’est trop ! Je refuse de me voir exposée à longueur de journée aux logorrhées sans fin des « observateurs avertis » de l’intelligentsia médiatique ou politique sur des sujets auxquels ne devraient être consacrées que quelques minutes de notre réflexion.

En écoutant dimanche soir Eric Besson nous resservir de la main droite la menace de la burqa qui serait, selon lui, « contraire aux valeurs de l’ identité nationale », tandis que sa main gauche nous invitait à reprendre en chœur la Marseillaise, je me disais que nous ne nous en sortirions jamais si nous n’étions pas capables de réagir à ces provocations sans faire le jeu de ceux qui les initient. La ficelle est un peu grosse mais, une fois encore, le but est atteint : la diversion médiatique – à la veille des régionales – a réussi. Plus on agite l’épouvantail de l’immigration en parlant de la burqa et de l’identité nationale, moins on débat du reste qui est pourtant le principal.

Ce qui me met le plus en colère c’est qu’en agissant ainsi le pouvoir, aidé des médias manipulés ou complices, confisque ma parole citoyenne. Soit il m’impose un débat qui n’a pas lieu d’être, soit il souhaite en engager un sur son terrain, en des termes faussés.

Quels sont en effet les moyens d’expression des citoyens face au rouleau compresseur représenté par le pouvoir relayé par les médias ? Aucun. Même les réseaux sociaux sur internet, qui pourraient constituer une amorce de contre pouvoir audible, se contentent la plupart du temps de faire caisse de résonnance aux battages médiatiques existants, quand ils ne sont pas eux-mêmes à l’origine du « buzz ». La parole des citoyens confisquée, l’opposition atone, il est alors facile de se croire tout permis. La tentation de l’autoritarisme, du népotisme et de la ploutocratie est alors grande, les inhibitions tombent et au final la presse internationale titre « Quelque chose de pourri dans le royaume de France ». Comment en est-on arrivé là ?

D’autre part que répondre aux apprentis sorciers qui, à la veille de chaque élection, jouent avec le feu communautariste en stigmatisant une France qui serait trop différente de celle de leurs vœux ?

D’abord que le piège de ce grand débat national sur l’identité nationale – qu’ils souhaitent en fait circonscrire à la burqa – risque de se refermer sur eux. Le moment auquel il est amené , les termes dans lesquels il est posé (curieux amalgame de burqa, de Marseillaise et d’identité nationale), la fonction et la personnalité de celui qui relance cette idée (sans doute pour plaire au souverain), tout cela décrédibilise l’idée que la vérité et la sagesse puissent sortir d’un tel cirque.

Ensuite je voudrais demander à ces messieurs tourmentés par leur identité nationale (et par la tenue de leur femme) s’ils trouvent normal qu’en France il n’y ait que 18,2 % de femmes dans le parlement (alors qu’elles sont près de 50 % en Suède), que 76 % des employés et seulement 30 % des chefs d’entreprise soient des femmes, dans un pays où elles représentent plus de 50 % de la population ?

A cela il faudrait ajouter les chiffres relatifs aux élus issus de l’immigration non européenne : ils représentent 6,68% de l’ensemble des élus municipaux. Combien de maire de grandes villes ? Cela explique peut-être certains replis identitaires. Tous les partis politiques sont responsables …

Ça lui fait une jolie carte d’identité nationale à la France de 2009, non ?

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