Eric Besson, ministre de l’Immigration a déclaré, ce week-end sur i-Télé, que le gouvernement était prêt à héberger les jeunes Afghans sans-abri campant sur les berges du canal Saint Martin, à Paris, et à leur « offrir une formation et une éducation ». Pourquoi cette soudaine bonté ?
D’abord parce que la législation française prévoit que les mineurs étrangers isolés ne peuvent pas être expulsés. Même si le gouvernement ne fait pas grand chose pour que cette loi soit appliquée, Eric Besson s’est montré, une fois n’est pas coutume, généreux dans les studios de télévision après y avoir été contraint par le monde associatif.
Il aura fallu en effet que les associations Emmaüs et Les Enfants de Don Quichotte se mobilisent ce week-end pour obtenir qu’une soixantaine de jeunes Afghans en errance soient hébergés provisoirement par une entreprise privée… Il y avait urgence : certains, à peine plus de quinze ans, particulièrement touchés par le grand froid de ces jours derniers, mal nourris et vêtus parfois de guenilles voyaient leur vie en danger. Battage médiatique aidant, Besson a donc joué au bon samaritain.
Au quotidien le ministre semble pourtant plus motivé et plus efficace pour renvoyer les Afghans dans leur pays en guerre. Ce qui risque d’ailleurs d’arriver aux jeunes à qui il offre formation et éducation dès lors que ceux-ci seront majeurs. J’avais déjà interpelé Eric Besson, au Sénat, sur cette question des mineurs étrangers isolés, en soulignant que c’est lorsque ces jeunes atteignent leur majorité qu’ils ne sont plus protégés, qu’ils ont tendance à disparaître et, pour certains, à sombrer dans la criminalité. Pourtant, après suivi un cursus scolaire en France durant quelques années, ils parlent français et ont acquis des compétences. Autant, sinon plus, que quiconque ils réunissent les conditions pour être naturalisés ou, au minimum, obtenir un permis de séjour. Or, à moins qu’il ne soit champion de boxe, la naturalisation du jeune étranger isolé, même pourvu d’une formation, reste l’exception.
Il ne m’avait pas franchement répondu. Etonnant, non ?