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Sans papiers et sans aide médicale : la réforme de l’aide médicale d’Etat est injuste, dangereuse et inefficace

desirsdavenir86.org-(c)Vidberg
Encore une fois, les foudres de Nicolas Sarkozy se sont abattues sur les plus faibles. Après les mal-logés, les Roms, les Français « pas assez français » car d’origine étrangère, c’est au tour des malades – peut-être « pas assez malades » car en situation irrégulière ? – d’être dans la ligne de mire du gouvernement.

Flatter les bas instincts de son électorat n’a visiblement pas de prix puisque le gouvernement a décidé de partir en croisade contre l’Aide médicale d’Etat (AME), c’est-à-dire l’unique accès à la santé de personnes sans papiers, vivant avec moins de 634 euros par mois et souvent atteintes de maladies graves. Dans le cadre de la mission santé du projet de loi de finances pour 2011, les députés UMP ont ainsi adopté le 1er Décembre des amendements visant notamment à instaurer un droit d’entrée de 30 euros pour les personnes en situation irrégulière souhaitant, sous conditions de ressources, bénéficier d’une aide médicale gratuite. Prétextant vouloir « responsabiliser » les bénéficiaires de l’AME, le gouvernement n’hésite cependant pas à réclamer à ces derniers une somme qui – il faut le rappeler – ne représente pas moins de 8% de leurs revenus !

Moralement très contestable, cette réforme l’est aussi pour des raisons d’ordre sanitaire et financier. En dissuadant de nombreux malades de se faire soigner, elle accroitra sensiblement les risques d’exposition et de contamination de l’ensemble de la population à des maladies graves et parfois contagieuses. Le récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF) démontre que l’instauration d’un prix d’entrée au dispositif de l’AME entrainera un retard de prise en charge des malades et, à terme, des surcoûts pour notre système de santé qui devra alors faire face à des pathologies déjà fortement avancées et donc plus onéreuses. Censée permettre d’économiser 6 millions d’euros, la réforme de l’AME devrait en réalité nous en faire perdre bien plus puisque les inspecteurs estiment que si 10% des malades retardent leur prise en charge, les dépenses de soin augmenteront de vingt millions d’euros !

Prenant l’exact contre-pied des recommandations de cet important rapport de l’IGF et de l’IGAS daté de novembre 2010 (et passé sous silence jusqu’au vote définitif de la loi de finances fin décembre 2010 où il a été rendu public) – le gouvernement impose une réforme injuste pour la population visée, dangereuse pour la santé publique et inefficace pour les finances de l’Etat. Il n’en est malheureusement pas à son coup d’essai puisque le projet de loi « Immigration, Intégration, Nationalité » prévoit quant à lui de restreindre fortement le droit de séjour des étrangers gravement malades, les rejetant alors dans la clandestinité malgré plusieurs années de présence sur le territoire français et amplifiant mécaniquement la pression qui pèse sur l’aide médicale d’Etat.

Le Parti Socialiste, en commun avec les associations de lutte contre le SIDA, les associations de défense des étrangers et les associations de médecins, ne peut que condamner cette nouvelle folie gouvernementale… et déplorer ce que nous sommes tous de plus en plus contraints de qualifier de « xénophobie d’Etat » !

Image de Martin Vidberg

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