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Le transfert d’une partie des archives diplomatiques de Nantes : une prise de risques humains, financiers et sociaux dont le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure.

Le projet de transfert d’une partie des archives diplomatiques du Centre des Archives Diplomatiques de Nantes (CADN) vers le centre de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) laisse suffisamment de questions en suspens pour que mon collègue Richard Yung et moi-même, inquiets de ce projet de démantèlement du centre et de ses conséquences, demandions une réponse du ministre des Affaires étrangères et européennes.

Il nous apparait en effet que cette démarche comporte des risques dont pâtirait lourdement le CADN, des risques pour son prestige, son réseau d’influence, pour sa sécurité, mais aussi des risques financiers et humains sur lesquels nous appelons l’attention du ministre, afin la richesse et le potentiel du Centre soit préservé.

Ce centre de Nantes conserve tous les documents du Quai d’Orsay provenant de ses postes à l’étranger, mais aussi des trésors historiques séculaires qui seraient décentralisés sur le site de la Courneuve, vidant ainsi du cœur même de sa substance le CADN, au risque de le transformer en une sorte de service d’archives administratives.

Outre que cette démarche va à l’encontre de la politique de décentralisation de ces dernières années, elle compromet et menace la renommée de ce Centre et le travail important mené depuis des années par ses agents, le conseil général de Loire-Atlantique et la ville de Nantes. Ce travail de mise en valeur a conduit à des échanges fructueux menés avec les milieux universitaires du Grand Ouest (à l’origine notamment du développement du pôle d’histoire des relations internationales de l’université de Nantes) et à la venue de chercheurs du monde entier qui ont fait la réputation du Centre. Ce réseau d’échanges et de coopération qui s’est tissé durant des années met en péril, c’est le risque humain, l’équipe nantaise en charge des archives, dont la compétence et l’esprit de coopération ont su mettre en œuvre un savoir-faire et une conception de traitement de l’archive, parfois innovante, telle la norme ISAD (G).

Outre les risques pour la sécurité des archives, risques liés notamment aux conditions de déménagement et à la manipulation, les conséquences financières induites par ce transport vers le centre de La Courneuve de kilomètres d’archives installées dans l’entrepôt d’Orvault, à proximité de Nantes, à seule fin d’économiser la location de ce site, posent la question de la bonne gestion de ce projet. Une solution nantaise (l’acquisition de deux bâtiments jouxtant le CADN (anciens magasin de fourniture et imprimerie) apparait un bien meilleur compromis, susceptible de satisfaire tous les acteurs concernés.

Nous insistons pour finir sur la nécessité d’un projet à long terme qui assure la pérennité et l’unité du Centre des Archives Diplomatiques de Nantes alors que la solution actuellement envisagée, celle de son démantèlement vers La Courneuve, pourrait trouver bientôt sa limite, puisque les capacités de stockage de ce dernier site arriveraient à saturation dans les prochaines années.

C’est en ces termes que nous avons appelé l’attention du ministre le 8 septembre dernier, en soulignant les conséquences de ce projet pour la consultation de ces archives historiques ainsi que les risques financiers, sociaux et humains d’un déménagement vers la Courneuve.

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