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Schizophrénie d’Etat

jAu moment où l’Autorité des marchés financiers (AMF) met en cause 21 hauts responsables ou actionnaires importants d’EADS dans une affaire de délit d’initiés, Rachida Dati installe une commission qui doit réfléchir à la dépénalisation du droit des affaires !

La juxtaposition de ces deux informations est remarquable : hasard du calendrier ou pas, elle révèle un milieu d’affaires peu scrupuleux et un monde politique désormais aux ordres du dit milieu. Reprenant les arguments de Nicolas Sarkozy devant l’Université du MEDEF et au Tribunal de commerce de Paris, Rachida Dati veut supprimer « un risque pénal excessif (qui) entrave l’activité économique ». « Il est un frein à son développement. C’est un risque diffus et difficile à cerner, qui paralyse l’initiative économique, au lieu simplement de l’encadrer pour éviter les dérives ».

Je doute que les salariés d’EADS et d’Airbus apprécient la manœuvre car pour eux et pour les sous-traitants, les difficultés du groupe industriel se traduisent par le plan POWER 8, c’est-à-dire un plan d’économie entraînant la fermeture ou la vente de sites industriels et des licenciements, 10.000 emplois supprimés en 4 ans dans toute l’Europe. En regard, chacun se souvient du départ de Noël Forgeard, dirigeant tenu comme l’un des responsables de la crise, lesté d’un parachute de 8,4 millions d’euros. Coquettes indemnités qui s’ajoutent aux 2,5 millions d’euros de plus-values engrangées lorsqu’il avait vendu des actions quelques semaines avant la plongée en Bourse d’Airbus.

Dépénaliser le droit des affaires c’est encore une fois faire un cadeau à des personnes non seulement déjà favorisées mais qui, a priori, ne le méritent pas puisque certaines d’entre elles transgressent la loi et d’autres sont dépourvues de toute éthique dans la gestion de leurs affaires. Ceci, tout en n’hésitant pas à sacrifier sans vergogne leurs salariés si besoin …

Dans ces conditions la démarche initiée par Rachida Dati est mal venue et ne facilitera pas le rétablissement d’un climat de confiance. N’oublions pas qu’aux Etats-Unis, la justice pénale a eu un rôle déterminant pour redonner confiance aux marchés après les retentissantes faillites des sociétés Enron et WorldCom.

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